In our current globalized world society, there is an increased role for politics without borders. Politics no longer stops at the water’s edge but must play an active role on the world stage. However, unlike politics at the national level which usually has a parliament at which the actors can recite their lines, the world has no world parliament as such. Thus, new and inventive ways must be found so that world public opinion can be heard and acted upon.
The United Nations (UN) General Assembly is the closest thing to a world parliament that we have today. However, all the official participants are diplomats appointed by their respective States – 195 member states. UN Secretariat members, the secretariat members of UN Specialized Agencies such as UNESCO and the ILO, are in the hallways or coffee shops to give advice. Secretariat members of the financial institutions such as the World Bank and the IMF are also there to give advice on costs and the limits of available funds. The representatives of Nongovernmental Organizations (NGO) in Consultative Status with the UN who can speak at sessions of the Economic and Social Council and the Human Rights Council cannot address the General Assembly directly. However, they are also in the coffee shops and may send documents to the UN missions of national governments.
(C) Jérôme Blum
Politics without borders requires finding ways to express views for action beyond the borders of individual countries. Today, most vital issues that touch the lives of many people go beyond the individual State: the consequences of climate change, the protection of biodiversity, the resolution of armed conflicts, the violations of human rights, and a more just world trade pattern. Thus we need to find ways of looking at the world with a global mind and an open heart. This perspective is an aim of world citizenship.
However, World Citizens are not yet so organized as to be able to impact political decisions at the UN and in enough individual States so as to have real influence. The policy papers and Appeals of the Association of World Citizens (AWC) are often read with interest by the government representatives to whom they are sent. However, the AWC is an NGO among many and does not have the number of staff as such international NGOs as Amnesty International, Human Rights Watch, and Greenpeace.
The First Officer and External Relations Officer, Bernard J. Henry, and the Legal and Mediation Officer, Attorney Noura Addad, representing the AWC at an OECD roundtable in March 2019 (C) Bernard J. Henry/AWC
We still need to find effective ways so that humanity can come together to solve global problems, that is, politics without borders. Prof. René Wadlow is President of the Association of World Citizens.
Dans un premier temps, il nous semble important de faire un rappel de l’état des lieux environnemental dans lequel se trouvent la terre et ses ressources, en considérant les interactions entre l’humanité et les écosystèmes qui y vivent.
Selon le Rapport Planète Vivante de WWF (2020), les activités humaines ont amené à une diminution de 68% des populations mondiales de mammifères, d’oiseaux, de poissons, de reptiles et d’amphibiens en 50 ans.
En Europe, par exemple, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) indique la disparition de 36 espèces entre 2015 et aujourd’hui, et plus de 11% sont menacées d’extinctions (dont 58% d’arbres endémiques et 40% de poissons d’eau douce).
En Afrique, ce sont 700 millions d’hectares de terres (soit plus de dix fois la surface de la France), qui ont été dégradées par la pression humaine, et ce en lien avec la désertification et le surpâturage (source : la Banque mondiale, 2016). Cette situation crée un cercle vicieux, qui amène à une urgence alimentaire, laquelle nécessite à son tour une exploitation excessive des arbres et une sur-utilisation des engrais et pesticides[1].
Au niveau mondial, le stock de poissons a reculé de 50% entre 1970 et 2010, les côtes africaines étant les plus pillées au monde, notamment par la Chine[2]. Il se pourrait que les stocks halieutiques exploités par les êtres humains déclinent jusqu’à disparaître en 2048, si l’on en croit les prévisions d’Isabelle Autissier, présidente de WWF-France (jusqu’en janvier 2021).
Quant aux villes, si elles n’occupent que 3% de la surface continentale mondiale[3], elles concentrent 55% de la population mondiale et consomment plus des deux tiers de la demande énergétique mondiale (source : Rapport de situation 2019 sur les énergies renouvelables dans les villes de l’ONU). Elles sont, par ailleurs, particulièrement vulnérables aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles du fait, entre autres, de leur forte concentration humaine, tout en étant en partie les causes de ces aléas climatiques[4].
L’histoire de l’humanité est en train de se jouer, en notre défaveur à tous ; il n’y a pas de région, de pays ou de continent épargnés. Il y a une réelle urgence à s’en préoccuper, car si nous n’agissons pas, c’est notre propre espèce que nous mettons en péril.
Une des premières conséquences de ces désordres environnementaux est d’obliger, inexorablement, des populations à se déplacer.
Bien que l’histoire de l’humanité soit faite de migrations, ces dernières se multiplient fortement, depuis quelques années. Auparavant, c’était les guerres, les violences, maintenant, ce sont aussi les aléas climatiques qui poussent les êtres humains à quitter la terre qui les a vus grandir et qui leur a permis de construire leurs identifications fondamentales.
Nous savons que, d’une manière générale, toute migration, à laquelle s’ajoute celle due à l’environnement, provoque des perturbations socioculturelles énormes, autant pour ceux qui la subissent que pour ceux qui l’accueillent. Elle engendre des souffrances humaines indicibles qui questionnent et violentent notre humanité.
Lequel d’entre nous n’a pas encore, en mémoire, ces images insoutenables des migrants noyés gisants sur les plages, en particulier sur les deux rives de la Méditerranée ?
Parmi ces migrants, combien sont des réfugiés climatiques ? Nous n’avons pas encore assez d’études qui nous renseignent avec précision sur cette question, mais il est avéré qu’ils sont de plus en plus nombreux.
Pourtant, force est de constater que le sujet des réfugiés climatiques est le parent pauvre de la politique actuelle, le lien entre migration et réchauffement climatique faisant l’objet d’un silence assourdissant de la part de nos politiques. Pour autant, en 2013, un rapport du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) fait état de 22 millions de personnes ayant été déplacées en raison de catastrophes naturelles, ce qui est trois fois plus élevé que le nombre des personnes fuyant un conflit.
Mais qui sont ces migrants, ces réfugiés de l’environnement ? Ce sont des personnes « qui sont forcées de quitter leur lieu de vie temporairement ou de façon permanente à cause d’une rupture environnementale (d’origine naturelle ou humaine) qui a mis en péril leur existence ou sérieusement affecté leurs conditions de vie »[5].
Alors comment sont catégorisés ces « réfugiés climatiques », appelés aussi « déplacés » ou « éco-migrants » ? Ils sont, d’emblée, intégrés aux seules catégories existantes: celles des « réfugiés économiques » ou des « réfugiés de la misère ». En effet, ils n’ont pas de statut juridique, car ils ne remplissent pas les critères de la Convention de Genève signée en 1951.
Cette dernière n’accorde l’assurance d’une protection aux réfugiés que dans certains cas, à savoir, « des situations de persécutions liées à la race, à la religion, à la nationalité, aux opinions politiques, ou à l’appartenance à certains groupes sociaux » (UNHCR).
De ce fait, les pays d’accueil, connus pour leur qualité de vie et leur sécurité, et vers lesquels se dirigent naturellement ces éco-migrants, ne disposent d’aucun budget pour recevoir ces derniers.
Selon le Rapport mondial sur le déplacement interne (2020) de l’ONG Internal Displacement Monitoring Center (IDMC), chaque année, plus de 20 millions de personnes qui sont déplacées, le sont pour cause de catastrophes naturelles, dont 86% de nature hydrométéorologique.
Alors, quels sont les changements environnementaux qui provoquent de tels flux migratoires ?
L’Ined (Institut national d’études démographiques) fait état de 3 phénomènes[6] principaux :
1) L’intensité accrue des catastrophes naturelles.
En effet, entre 1995 et 2015, plus de 600.000 personnes sont décédées du fait de ces catastrophes météorologiques. Plus de 4 milliards de personnes ont en été blessées, ou sont tombées dans une forte précarité à la suite de ces catastrophes. (Source : rapport du Bureau des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophes)
2) La hausse du niveau des mers.
Elle risque de rendre inhabitables certaines zones basses à forte densité de population.
C’est le cas de nombreuses régions du Bangladesh[7], par exemple. Ce pays, tout comme l’Inde, a vu s’accroître ses problèmes socio-économiques et politiques en raison notamment du déplacement des Rohingyas, forcés de fuir le Myanmar.
3) La raréfaction des ressources hydriques, aussi appelée stress hydrique.
Elle engendre sécheresse et désertification. C’est notamment le cas des États du Sahel, où les modèles climatiques prédisent une aggravation de la sécheresse dans les années à venir. Cette situation a déjà été à l’origine de déplacements majeurs de populations et d’une perte importante du bétail dans cette région d’Afrique. Le bétail, rappelons-le, constitue la principale source de production agricole[8].
Par ailleurs, et depuis quelques années, on assiste à une augmentation des inondations meurtrières notamment en Afrique de l’Ouest. Ces évènements sont dus à différents phénomènes tels que le changement de l’usage des terres, la réduction des jachères, ou encore la déforestation et l’urbanisation. Tout ceci rend les sols incapables d’absorber les eaux diluviennes notamment dans la zone du Sahel[9].
Ainsi, en 2018, ce sont 250.000 Afghans qui ont dû fuir leurs villages en raison des fortes chaleurs, induisant une vulnérabilité extrême de cette population, déjà exposée aux conflits armés.
Selon un rapport du Conseil norvégien pour les réfugiés, « en 2013, les catastrophes naturelles ont fait presque trois fois plus de déplacés que les guerres » (INED) et 85% d’entre eux sontdes pays en développement.
Pour une grande partie de ces populations, c’est l’exode vers l’Occident, et particulièrement l’Europe, qui est le plus tentant et le plus tenté, dans l’espoir de vivre dignement, ou tout au moins de survivre …
Comment dès lors permettre à ces populations de vivre dans leurs territoires, d’y travailler et d’en utiliser les ressources ?
Certaines bonnes pratiques locales, simples d’accès, notamment pour les populations autochtones pourraient aider à lutter contre ces problématiques environnementales. Quelques-unes commencent d’ores et déjà à émerger et devraient faire, nous l’espérons, effet « boule de neige ».
À titre d’exemple, citons le mouvement de la ceinture verte au Kenya (Green Belt Movement) qui a été lancé par la biologiste Wangari Maathai et qui encourage les femmes à planter des arbres, ce qui leur permet, à terme, d’améliorer leur niveau de vie.
En Mongolie, toute une muraille verte a également vu le jour, pour résister à l’avancée du désert de Gobi.
Au Burkina Faso, des paysans construisent des cuvettes en demi-lunes qui permettent de concentrer les précipitations et réduire le ruissellement[10].
Au Rajasthan, pour récupérer l’eau des moussons, recharger les nappes phréatiques et réalimenter les rivières, les paysans ont remis au goût du jour le « johad », une technique agricole ancestrale, qui consiste à collecter les eaux de pluie pendant la saison des moussons et les utiliser en les faisant filtrer dans le sous sol pendant la saison sèche[11].
Wangari Maathai
On peut aussi évoquer la transformation de la villa « ASSIE GAYE » au Sénégal en 2009-2010, qui s’est faite grâce à l’utilisation de matériaux locaux, comme la terre crue argileuse. Elle est alimentée en énergies renouvelables, grâce à un générateur éolien, un générateur photovoltaïque et un collecteur thermique. Ce qui en fait une maison durable, à la fois sur le plan écologique et économique[12].
Enfin, nous devons rappeler qu’il est indispensable pour l’humanité de relever le défi majeur de ces problématiques environnementales et humaines qui s’offrent à elle. Il nous faut intégrer tous les possibles en matière de changement climatique annoncés par les rapports du Groupe GIEC, dans le but d’y répondre.
Il serait ainsi plus urgent d’attribuer certains budgets étatiques à la prise en charge des réfugiés climatiques, plutôt que d’augmenter, par exemple, ceux inhérents à la défense et à l’armement.
Par ailleurs, la lutte contre le fléau de l’évasion fiscale pourrait, éventuellement, profiter à ces mêmes réfugiés et ainsi limiter la pression sur les pays d’origine ou encore sur les pays accueillant ces migrants.
Pour clôturer mon propos, j’emprunte un peu de sa sagesse à Wangari Maathai qui précise qu’« Aujourd’hui, nous affrontons un défi qui exige un renouvellement de notre mode de pensée, pour que l’humanité cesse de menacer le système qui assure sa propre survie. Nous sommes appelés à aider la terre à guérir ses blessures et, à guérir les nôtres – en fait, à embrasser la totalité de la création dans toute sa diversité, sa beauté et ses merveilles. »[13]
Nadia Belaala est architecte et ingénieure sociale, anciennement Officier du Développement durable de l’Association of World Citizens.
[5] Cournil, C. (2010). Les “réfugiés environnementaux” : enjeux et questionnements autour d’une catégorie émergente. Migrations Société, 2(2), 67-79. https://doi.org/10.3917/migra.128.0067
[7] Kholiquzzaman Ahmad, Q. (2006). Changement climatique, inondations et gestion des crues : le cas du Bangladesh. Hérodote, 2(2), 73-94. https://doi.org/10.3917/her.121.0073
Deux ans déjà, deux ans d’une guerre mondiale qui semble interminable, une Troisième Guerre Mondiale non entre deux ou plusieurs alliances d’Etats souverains, ou contre un envahisseur extraterrestre comme dans certains films ou séries de science-fiction, mais contre un virus – un coronavirus, le SARS-CoV-2 responsable de la COronaVIrus Disease of 2019ou Covid-19. Après la souche originelle dite de Wuhan, le monde a découvert les variants, d’abord affublés de gentilés (anglais, sud-africain, indien) puis renommés selon l’alphabet grec : Alpha, Beta, Delta … Et maintenant Omicron.
La lutte progresse mais la pandémie sait contre-attaquer, comme avec Omicron. Hélas, l’inégalité vaccinale entre pays et régions du monde, couplée aux décisions scientifiquement absurdes de certains gouvernements, se fait pour le virus une alliée inespérée.
L’histoire nous l’enseigne, lorsqu’une crise mondiale éclate et se prolonge, ce n’est pas après qu’elle a pris fin qu’il faut envisager l’avenir, mais pendant même qu’elle se produit, et faire de ses projets son but réel de guerre. L’histoire nous l’enseigne, oui, et l’an prochain verra le quatre-vingtième anniversaire des Nations Unies, non pas de l’organisation internationale créée en 1945 à San Francisco – également berceau de l’Association of World Citizens (AWC) – mais de l’alliance militaire des pays combattant l’Allemagne nazie, l’Italie fasciste et le Japon. Une alliance militaire qui avait retenu les leçons de l’échec de la Société des Nations et compris, à l’avenant, qu’un combat armé ne vaut rien s’il n’est porteur d’un projet politique pour un monde en paix, donc, un monde plus uni.
Un monde plus uni … Que certains partis politiques ici ou là le veuillent ou non, c’est ce que produira inéluctablement cette pandémie, après une épreuve dont aucun continent sur terre n’aura été épargné. Et même si cela dérange ces partis xénophobes de divers pays et continents, là encore, ce monde ne pourra plus regarder de la même manière le sujet dont ils ont fait leur fonds de commerce pendant le demi-siècle écoulé – la migration.
La forteresse WENA
Si c’est littéralement le monde entier qui est touché, tout comme par la Covid-19, par le virus de la xénophobie qu’aucun vaccin ne vient enrayer, le centre mondial de l’épidémie est bien la WENA (Western Europe and North America, Europe occidentale et Amérique du Nord). Depuis le début du siècle, avec des entrées au gouvernement en Autriche et en Italie notamment, ainsi qu’une présence au second tour de l’élection présidentielle en France et un résultat électoral sans précédent aux Pays-Bas, l’extrême droite xénophobe n’a cessé de croître en WENA, jusqu’à fusionner au Canada avec la droite traditionnelle incarnée par le Parti conservateur. Mais, après des reflux ici et là, l’année 2015 est venue lui ouvrir grand les portes jusqu’alors closes du pouvoir.
Après ce que d’aucuns appelaient la «crise migratoire» de l’été, lorsque migrants et réfugiés avaient eu l’impudence de venir déranger la baignade et la bronzette des Européens en accostant sur la rive sud de la Méditerranée, un exode vite réduit par certains à une attaque envers l’Occident de Daesh, le soi-disant «État islamique en Irak et en Syrie» qui avait déjà en janvier fait couler le sang à Paris, la Grande-Bretagne suivit sans mal l’année suivante un UKIP déchaîné contre des hordes d’envahisseurs vers le vote du Brexit. A des milliers de kilomètres de là, loin des rivages du désespoir, un Donald Trump donné perdant d’avance remporta contre toute attente la Maison Blanche en évoquant, entre autres, un mur géant le long de la frontière mexicaine censé bloquer toute immigration clandestine. En 2017, bien que largement vaincue en fin de compte, l’extrême droite française atteignit une nouvelle fois les marches de l’Élysée. En 2018, les électeurs italiens consacrèrent Matteo Salvini. Il ne suffisait plus d’une «forteresse Europe», le temps était venu d’une «forteresse WENA», à bâtir du plus ironiquement sur des plans fournis par Moscou, où le pouvoir inspire et parfois finance les partis d’extrême droite comme de gauche radicale, antagonistes mais unanimes pour saper la démocratie libérale.
Ile de Lesbos (Grèce), 11 octobre 2015 (C) Antonio Masiello
Ils savent ce qui leur fait peur, les tenants de la forteresse WENA. Ils le désignent par deux mots – le grand remplacement, celui d’une population européenne blanche et chrétienne qui n’existe que dans leur imaginaire par des hordes d’Arabes et d’Africains musulmans. Leur imaginaire où trône Le Camp des Saints, roman publié en 1973 par Jean Raspail et qui, en écho à l’antisémitisme délirant des Turner Diaries adulés par les suprémacistes blancs des Etats-Unis, décrit la chute de l’Occident blanc devant une invasion venue des pays du Sud. Loin d’avoir été oublié avec le temps, Le Camp des Saints inspire encore aujourd’hui l’extrême droite française ainsi que des proches de Donald Trump.
Personne au sud ne prône un «grand remplacement», concept qui n’existe donc qu’en WENA. Et pour cause, il ne pouvait venir d’ailleurs. S’il est une région au monde dont les pays ont, dans le passé, débarqué de force sur des rivages lointains, usé de la force pour imposer leur présence puis, in fine, leurs institutions, leur religion et leur culture, ce sont bien ceux de la WENA à travers le colonialisme, imités plus tard, tragique ironie, par l’URSS «anticolonialiste» sous couvert de soutien idéologique et pour les pires effets, dont deux en Afghanistan ayant pour noms les Talibans et Al-Qaïda.
Il n’y a qu’eux qui y pensent, eux pour qui la relation avec l’autre n’est que haine ou mépris, et pour certains, violence et guerre où l’on ne peut être que vainqueur ou vaincu. Dans leur immense majorité, celles et ceux qui, au sud, veulent gagner la WENA y recherchent tout au contraire son mode de vie, ses opportunités de travail et de construction d’une vie nouvelle, ses libertés que leur refusent les gouvernements de leurs pays d’origine, se servant la plupart du temps de la culture traditionnelle locale comme d’un alibi et nourrissant ainsi les fantasmes des xénophobes en WENA, trop contents de prendre en tenaille des migrants et réfugiés déjà pourchassés par leurs propres gouvernants.
Nigel Farage, chef du parti UKIP, agitant le spectre de la migration pour amener les Britanniques à voter pour le Brexit en 2016 (C) @epkaufm (Twitter), licensed under Public Domain
La WENA a peur. Elle a peur de tous ces gens qui voient en elle un exemple pour leurs propres dirigeants, peur de toutes ces victimes qui l’appellent à agir pour leur permettre de vivre en paix chez eux ou, si elle s’y refuse, à les admettre au moins sur son territoire. Elle a peur aussi de ses propres enfants, ceux dont les parents sont eux-mêmes venus d’ailleurs ou dont les ancêtres plus lointains y ont été amenés de force, notamment comme esclaves. Elle a peur des Black Lives Matter et autres mouvements exigeant la justice pour qui, né ou élevé dans la WENA, s’y voit rejeté car porteur de cet ailleurs qui la tétanise.
Ses dirigeants ont peur, et ceux qui voudraient l’être aussi. Délogé de la présidence américaine, Donald Trump ne désarme pas. En France, terre de l’adoption de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme en 1948, l’extrême droite se dédouble en deux partis rivalisant de peur et de haine d’autrui, tandis que le parti héritier de celui du Général de Gaulle parle arrêt de l’immigration et sortie de la Cour européenne des Droits de l’Homme, même la gauche se laissant tenter par la facilité xénophobe en s’en prenant par exemple aux transferts d’argent de travailleurs migrants vers leurs familles au pays.
Mise à mal par l’exemple russe de la démocratie illibérale de pure façade et celui de l’autoritarisme de marché donné par la Chine, la WENA n’est plus, elle le sait, maîtresse du monde. Devenir la forteresse WENA ne résoudra pourtant, pour elle, aucun problème. Fantasmer n’est pas empêcher les difficultés, encore moins les surmonter mais bien les rendre hors de contrôle. A travers le monde entier, migration et recherche d’asile génèrent des drames sans lien avec les peurs irraisonnées des opinions occidentales. La WENA peut bien rêver d’isolement, mais tout comme ceux que crée la Covid-19, les drames de la migration ont aboli les frontières et uni le monde – pour le pire.
Le monde uni en fait refuse de l’être en droit
Déjà tourmentée par ses cauchemars de « grand remplacement » et les capitulations de ses démocrates supposés devant les vrais populistes, la WENA tente l’impossible en s’obstinant à séparer strictement les migrants, en quête d’une vie meilleure, et les réfugiés, qui fuient une persécution potentiellement mortelle. Il est pourtant de moins en moins possible de chercher une vie meilleure sans fuir aussi une certaine forme d’oppression, même en filigrane, là où un réfugié peut certes avoir dû laisser derrière lui une vie confortable mais à laquelle a mis fin une soudaine et brutale menace. Et le mouvement des demandeurs d’asile s’exerce toujours bien davantage vers la WENA qu’à partir d’elle … Mais qui érige la peur en système s’en soucie bien peu. Tant pis pour les tragédies qui en sortent et tant pis pour le mauvais exemple ainsi envoyé au reste du monde, qui ne le reçoit que trop clairement.
Toute cette année, l’AWC n’a pu que le constater en intervenant sur des situations où les frontières des Etats ne s’ouvrent que pour laisser entrer l’oppression venue d’ailleurs. Entre la Pologne, Etat membre de l’Union européenne (UE), et le Belarus sous la tyrannie d’Aleksandr Loukachenko, des migrants et réfugiés venus du Moyen-Orient sont bloqués hors du monde, utilisés par Minsk tels des pions contre l’UE et refoulés par Varsovie qui craint un afflux si elle laisse entrer un petit groupe de personnes. A l’intérieur de l’UE même, le Danemark où l’extrême droite inquiète un gouvernement social-démocrate restreint encore ses lois sur l’asile et ordonne aux réfugiés de Syrie de rentrer chez eux, comme si la fin des combats actifs dans certaines régions du pays rendait plus sûr, et meilleur, le régime tyrannique de Bachar el-Assad. Et c’est à toute l’UE que se pose, comme au monde entier, la question de l’accueil des réfugiés d’Afghanistan depuis le retour au pouvoir le 15 août dernier de la milice islamiste des Talibans, dont la première cible est depuis un quart de siècle toujours la même – les femmes, premières à devoir fuir et premières à chercher asile.
Manifestation de soutien aux réfugiés à Berlin le 31 août 2014 (C) Montecruz Foto
Cherchant toujours plus à fermer ses frontières à qui veut y entrer, la WENA n’a en revanche aucun état d’âme à les ouvrir grand pour en faire sortir l’inspiration du refus de l’autre. Et ça marche.
En Amérique latine où se produit la deuxième plus grave crise de demandeurs d’asile au monde, celle du Venezuela où quiconque le peut fuit la dictature de Nicolas Maduro soutenue par Moscou, le Pérou qui accueille le plus grand nombre d’exilés vénézuéliens refuse aux enfants son statut de «Migration Humanitaire», plongeant donc des mineurs déjà déracinés dans une invivable inexistence officielle. En Égypte, où déjà sévit une répression intense, des réfugiés de conflits africains comme celui de l’Érythrée se voient, en dépit de l’évidence même, déboutés de leurs demandes d’asile et placés dans l’expectative d’un rapatriement forcé à tout moment. En Russie, une réfugiée d’Ouzbékistan privée d’un jour à l’autre de son statut après avoir dénoncé les manquements de Moscou à ses obligations en la matière a fini sa course en détention dans un aéroport, «hors du monde», comme emmurée «dans la prison des frontières», selon la Complainte du Partisan, l’autre chant de la Résistance française pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Qu’attendre d’autre d’un monde qui s’entête à ne pas comprendre que, bien que composé d’États souverains, il est désormais uni dans l’épreuve et doit donc le devenir aussi pour la vaincre ? Un monde uni de fait qui refuse de l’être de droit, ce n’est pas nouveau dans l’histoire et on en sait les conséquences. En 1914, c’est un monde où l’Europe faisait la loi mais où une forme de mondialisation, économique et technologique, existait déjà qui est entré en guerre, car sa politique était restée peu ou prou celle du Congrès de Vienne, là où les nations ayant vaincu l’Empire français de Napoléon Ier avaient décidé entre elles du sort des autres. Pour certains la Grande Guerre, pour d’autres «la der des der», le conflit mondial sorti d’un ordre international périmé allait certes engendrer la première organisation politique internationale de l’histoire, la Société des Nations, mais cette dernière allait s’avérer elle aussi en retard sur son temps, incapable d’arrêter les ambitions italiennes en Éthiopie puis celles plus dévastatrices et meurtrières encore d’Adolf Hitler et du Troisième Reich allemand. Ce n’est qu’en combattant le fléau d’un temps en son temps, en créant contre Hitler une alliance militaire prenant le nom de Nations Unies, que le monde libre allait réussir à vaincre le Reich génocidaire et créer une nouvelle organisation, celle que nous connaissons encore aujourd’hui – l’Organisation des Nations Unies.
Voir le passé avec l’œil du présent, l’historien le dira, il faut se l’interdire. Mais l’inverse n’est pas plus souhaitable, et de 1914, l’historien pourra le dire encore. Que conclure alors d’un monde qui, en proie à une pandémie qui a déchiré les frontières, s’y enferme comme en des murailles et se le voit enseigner par la région même qui, depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, symbolisait la liberté ?
(C) U.S. National Archives & DVDs
Qu’on le veuille ou non
Un monde sans frontières est aussi peu probable qu’un «grand remplacement» en WENA, peu probable et, pour nous, une fausse bonne idée. L’AWC défend depuis le départ une Citoyenneté Mondiale accessible à toutes et tous, acceptable par toutes et tous, fondée sur un principe simple mais qui semble si difficile à accepter : étant toutes et tous natifs et habitants de la planète Terre, il est du devoir de chacun(e) de la protéger ainsi que son peuple, notre peuple, l’humanité, et accepter cet état d’esprit est entrer dans une Citoyenneté Mondiale qui s’exerce en supplément de la citoyenneté nationale, non à la place, d’autant qu’il n’existe au niveau planétaire aucune structure reconnue par les États qui permette une telle substitution. Même la citoyenneté de l’UE n’est acquise que par la citoyenneté nationale de l’un de ses États membres, se vouloir citoyen(ne) de l’Union de manière directe et exclusive étant impossible.
Pour autant, et l’histoire ne va pas dans une direction autre, qu’est-ce qui oblige les frontières à s’ériger en remparts, a fortiori contre un ennemi inexistant et chimérique ? Au nom de quoi les États souverains devraient-ils être des citadelles ? Et surtout, comment exercer dans de telles conditions la moindre Citoyenneté Mondiale alors que le sort de toute la planète et toute l’humanité nous le commande ? C’est ce que l’AWC a toujours défendu et, aujourd’hui, ce que l’on pouvait refuser comme n’étant qu’un simple axiome de notre part est devenu, plus que jamais, un fait prouvé. Même si un autre enseignement de la Covid-19 est, hélas, que les faits prouvés peuvent n’être plus probants.
Négateurs du virus, promoteurs de thérapies inefficaces, d’aucuns auront rejeté l’évidence nue face au SARS-CoV-2. Chefs d’État ou de gouvernement, qu’ils se nomment Trump, Johnson ou Bolsonaro, ils auront tous fini par rencontrer ce virus qu’ils niaient ou minimisaient, finissant ainsi par prouver au contraire son existence et le besoin absolu de s’en protéger. D’autres poursuivent aujourd’hui le travail de sape de ces derniers, parfois en y laissant leur vie. Les faits prouvés peuvent n’être plus probants, mais Lénine le savait, «les faits sont têtus».
Ces politiques migratoires et ces injustices qui nous ont amenés à intervenir, nous ne les avons pas inventées. L’AWC n’a pas le temps, encore moins le goût, de fabriquer des problèmes, trop occupée qu’elle est à tenter de résoudre ceux dont elle vient à avoir connaissance. Une vision des frontières, de l’étranger et de la migration qui n’est plus adaptée à son temps, c’est un problème, majeur, que nous ne résoudrons jamais seuls et qui demande une implication littéralement universelle. D’autant qu’il n’est pas sans rencontrer l’autre problème majeur du moment, le coronavirus. Si ce n’est par la coupable méfiance vis-à-vis de traitements venus de l’extérieur et/ou par la tout aussi coupable négligence alimentant l’inégalité vaccinale entre nations, plusieurs fois dénoncée de concert par l’Organisation mondiale de la Santé et le Fonds monétaire international, comment expliquer l’apparition des variants Delta puis Omicron respectivement en Inde puis en Afrique du Sud ? On empêchera des êtres humains de quitter leur pays, on les empêchera d’entrer dans celui qu’ils espèrent atteindre, mais des gardes-frontières n’arrêtent pas un virus. Les frontières non plus, et voir en elles une solution soit à la migration tant redoutée soit à la Covid-19, c’est rendre impossible tant une migration ordonnée et humaine que la fin de la pandémie.
Un seul monde, ce n’est plus un slogan, c’est maintenant un fait. Que la WENA vous nomme un migrant si vous y venez ou si vous allez et venez en dehors d’elle (le terme «réfugié» n’ayant plus rien d’automatique, même devant un danger avéré), ou un expatrié si vous en venez et la quittez, vous serez toujours soumis aux lois nationales sur la migration et c’est là, partout, un domaine régalien, privilège absolu de l’État. Mais si ces lois sont adoptées et/ou appliquées les yeux grands fermés à la marche du monde, votre sort ne regardera bientôt plus seulement votre État de provenance et/ou d’arrivée. Pas plus que votre nationalité ne fera quelque différence si vous êtes positif à la Covid-19, où que vous soyez. Les deux questions seront mondiales.
Le droit absolu à la migration, sans demander l’avis de l’État d’arrivée, n’existera probablement jamais. Pour autant, le droit à la migration, celui d’être accueilli dignement, d’être ainsi traité même si l’on doit ensuite repartir et, certes, de n’être en aucun cas traité en migrant lorsque l’on est demandeur d’asile, peut et doit être un droit absolu, pour d’élémentaires raisons d’humanité dont même une catastrophe planétaire claire et présente n’autorise pas l’oubli.
Qu’on le veuille ou non, il n’existe plus qu’un seul monde. S’il prend au sérieux les malades de la Covid-19, alors il n’a pas d’excuse pour ne pas prendre au sérieux les migrants. Au moment où la deuxième année de la pandémie s’achève, s’il est déjà temps de prendre une bonne résolution, alors, que ce soit celle d’y parvenir enfin. Et immuniser les consciences contre nos coupables indifférences.
Bernard J. Henry est Officier des Relations Extérieures de l’Association of World Citizens.
Was Libya ever a part of the 2011 Arab Spring? If the term defines solely the ouster of a dictator who had been there for decades, yes, it was. After 41 years of autocratic rule, Colonel Muammar Gaddafi was irreversibly overthrown. If the Arab Spring also means the transformation of nonviolent protests into all-out armed conflict, then again, Libya qualifies as a people’s revolution, following the path successfully taken by Tunisia, that ended up as a civil war between the Jamahiriya, ruled from Tripoli by Gaddafi, and the Qatar-backed National Transitional Council based in Benghazi. Ultimately, if it means frustration at the outcome of the fight, then Libya was indeed a part of the 2011 Arab Spring, remembering how unbearably long it took the rival factions there to create a Government of National Unity, after years of competition between two, sometimes three, would-be national leaders.
Another way that Libya – tragically – qualifies as part of the 2011 Arab Spring is the ever-growing phenomenon of harraga. In Algerian Arabic, harrag means “the one who burns something”, and in Algeria where French is an unofficial second language, overlooking a red light while driving a car is “brûler un feu rouge”, literally “burning a red light”. When harrag thus refers to anyone breaching a legal restriction, its plural harraga has come to mean “those who burn the border” – migrants who leave the country without permission, either from their home government or the authorities of the country they are traveling to, in both cases risking their very lives.
One reason the West reacted sometimes coolly to the end of decades-long dictatorships in North Africa was that, while in power, Ben Ali, Gaddafi, and Mubarak enforced strict regulations on migration to the northern bank of the Mediterranean, keeping their respective peoples away from both personal freedom and European border posts altogether. The fall of each of the three regimes meant the end of a controlled emigration that used to suit European needs nicely, and ten years later, one of the three countries stands out as the most graphic and tragic embodiment of the harraga phenomenon – Libya.
Yet Libyans do not make up the bulk of those vowing to reach Europe at any cost. Those vowing to reach Europe from Libya are migrants and refugees from other countries in Africa, with some foreign residents who had lived in Libya for many years but are now feeling insecure and want to move on abroad. Others still, coming from Niger, Chad, Sudan, Egypt, and Tunisia, do want to settle down in Libya. But for those whose destination is Europe, when failure does not come by drowning into the Mediterranean, it means a fate some would deem even worse.
Inhumanity in the name of the European Union
According to a report from the United Nations High Commissioner for Refugees (UNHCR), North Africa is now offering three routes for migration to Europe – the Western Route from Morocco into Spain, the Eastern Route from Turkey into Greece, and the Central Route from Libya into Italy. Unsurprisingly, the Central Route is the most active, preferred by many refugees and migrants. They come from West, East, and Central Africa, some of them fleeing extreme poverty back home and the others running from war and persecution. Although Europe has the oldest and best-functioning human rights court in the world, nostalgic as it is of its unenviable dictator friends in North Africa, it will not lift a finger to help these people yearning for the freedom and dignity that Europeans enjoy them every day.
In a newly released report entitled ‘No One Will Look for You’: Forcibly Returned from Sea to Abusive Detention in Libya, Amnesty International explains how “men, women and children intercepted while crossing the Mediterranean Sea and forcibly returned to detention centers in Libya” get subjected to an array of human rights violations in detention centers, such as “torture and other ill-treatment, cruel and inhuman detention conditions, extortion and forced labor” as well as “invasive, humiliating and violent strip-searches”, when not rape.
The organization sheds light on the role played since 2020 by the Libyan Government’s Directorate for Combating Illegal Migration (DCIM) in sexual abuses against women.
But, in the words of Amnesty’s Deputy Director for the Middle East and North Africa, Diana Eltahawy, “The report also highlights the ongoing complicity of European states that have shamefully continued to enable and assist Libyan coastguards in capturing people at sea and forcibly returning them to the hellscape of detention in Libya, despite knowing full well the horrors they will endure.” Consequently, Amnesty urges “European states to suspend cooperation on migration and border control with Libya”.
Blocking unauthorized migration from North Africa to Europe was one thing, when many in Western countries deemed Arab peoples unable to sustain democracy, thus supporting dictators who both reined in their constituents at home and deterred them from seeking a better life, let alone freedom, abroad. Ten years later, as a stifled democracy proves unable to protect Tunisia from a deadly wave of Covid-19 and Egypt appears locked in an absolute monarchy in all but name, Libya has set a course on the abandonment of all standards of human decency, not just in the treatment of prisoners but in knowingly punishing people just for seeking a new life on the other side of the Mediterranean.
The European ideal betrayed
It is no secret that European leaders, however progressive and opposed to extreme right populists they claim to be, have long renounced any form of firmness toward these. No more dismissing the far right by comparing it to pre-World War II fascist movements; its trademark xenophobic rhetoric has now become trendy. Leaders who once blasted the extreme right can now be heard calling for tighter border controls, making life harder for those immigrants who do get admitted, and demoting asylum from an internationally recognized right to a temporary commodity granted at the pleasure of the state.
Denmark, once hailed as a model Scandinavian social democracy with a liberal line of thought, is now considering sending Syrian refugees back to their war-torn homeland and “outsourcing” other asylum-seekers to Rwanda, a distant central African country with no geographical, historical, or other ties to Denmark whatsoever. In Britain, Home Secretary Priti Patel has proposed a host of nonsensical, dangerous measures to keep undocumented migrants and asylum seekers from reaching the country, such as the creation of an offshore processing center in … Rwanda. Not the finest tributes to the scores of Rwandans trying to flee the ongoing genocide back in 1994 one might think of.
Once conservative, moderate, liberal, or progressive democrats, the leaders of Europe have now joined the extreme right if only in its crusade to spread an insane fear of millions of Arab and African Muslim migrants taking over Europe, replacing the European Convention on Human Rights with the Sharia, imposing the Islamic veil on all women, and flogging to death anyone who swallows a drop of alcohol. So much for the European dream of Konrad Adenauer and Winston Churchill, Frenchmen Jean Monnet and Robert Schuman, and Italians Alcide de Gasperi and Altiero Spinelli – the latter’s name being part also of the history of the World Citizen and World Federalist movements.
As the motto of the European Union (EU) shifts from “United in Diversity” to “Freedom within, Fortress without”, Libya stands out as the most graphic, horrendous illustration of EU duplicity in championing human values at home, especially when opposing a Donald Trump in the USA or brutal leaders in China and Nicaragua, while condoning the total loss of humanity in North Africa where Libyan government agents keep its borders safe from – imagined – hordes of invaders poised to feast on Europe’s riches and force an Al-Qaida- or ISIS-like reactionary vision of Islam on all Europeans. That too is a sign, possibly the most important one, that when it comes to migration, European leaders are now being guided by the extreme right’s ideology, pretending to use facts but being really based on fantasy.
Europe must continue to stand for hope
It is no fantasy that people are dying at sea while trying to reach Europe. It is no fantasy that others, also trying to reach Europe through the Mediterranean, are getting caught by the Libyan authorities and forcibly brought back to the country. It is no fantasy that, held in detention centers even though they have no crime to answer for, people are ill-treated, beaten, raped, all but killed, just because they tried to get to Europe. It is no fantasy that as many blatant violations of the European Convention on Human Rights are being committed while the EU, at best, turns a blind eye and, at worst, lends its support.
Regional integration as Europe has known it since World War II, including EU expansion after the end of the Warsaw Pact, cannot be allowed to result in such barbarity. Setting such a bad example will only be detrimental to the ongoing experiments toward regional integration in other parts of the world, obviously starting with Africa. Ultimately, the very idea of World Citizenship will be endangered too, should some raise the possibility of supranational integration, and accordingly global governance of any kind, leading to such brutal, inhuman conducts of that nature with literally nowhere to run.
Europe as we know it was born among the ruins of World War II. Neither its regional institutions nor its national governments, let alone its governmental partners overseas, can possibly let it drown on the shores of Libya, where its leaders from Rome up to Copenhagen are making the EU lose all honor, letting down both those in Libya hoping for a better future and their own citizens at home by nurturing them in fear when they should be taught pride, courage, and solidarity, both toward one another and with others in distress at the doorsteps of the Union.
Bernard J. Henry is the External Relations Officer of the Association of World Citizens.
In an earlier article on the armed conflict in Ethiopia “Storm Clouds Gather Over Ethiopia” I agreed with other observers of the situation that one knows when an armed conflict starts but not when it ends. There is always a real danger that violence spreads to other parts of the country and that neighboring States get involved. Now both dangers have taken form in Ethiopia.
Ethiopia is a federal republic structured on the basis of 10 states or provinces. The provinces have the name of the major ethnic group within that province. However, no province is populated exclusively by one ethnic group. Through history and economic development people have moved to areas beyond their original “homeland”. However, people from a “foreign” ethnic group can be made to feel as “second class citizens”, and there may be violence used against them in times of tensions.
A neighborhood in Tigray
Thus, in the far west of Ethiopia, there is a small province called Benishangul-Gumuz, named after two ethnic groups, the Berta and the Gamuz. However, there are three other ethnic groups which also consider the area as their “homeland”. The area has good farmland and is a major producer of vegetables. Thus, Amhara farmers from the larger neighboring Amhara province have progressively settled in Benishangul-Gumuz. Tensions over land use has grown between the Amhara farmers and the dominant Gumuz. At the same time that the federal government forces were moving into the Tigray province, Gumuz militias attacked the Amhara settlers. The federal government sent in troops to restore order, but troops can not deal with the basic issues of ethnic-based tensions and disputes over land ownership which is often collective rather than individual. Thus, the tensions and violence in Tigray and Benishangul-Gumuz provinces may spread to other provinces as well.
In addition to the dangers of violence spreading to other provinces, there is a real danger that neighboring Sudan will get involved. The Ethiopian federal government’s military action within Tigray province has caused an exodus of some 50,000 persons across the frontier into Sudan. A smaller number have crossed the frontier into South Sudan.
Abdallah Hamdok
The Sudanese government in far-away Khartoum has been preoccupied with restructuring itself after the 30 years of governance by Omar al-Bashir came to an end in April 2019. However, the entry of a large number of refugees from Tigray must have pushed some in the Sudanese government to look at maps to see where all this trouble was going on. They saw that part of the trouble was near the Al-Fashaga triangle, a small area but of rich farmland largely farmed by Ethiopian farmers. However, Al-Fashaga is within the territory of Sudan, set by the British-Egyptian condominium in 1902 and 1907.
The Ethiopian settlers in Al-Fashaga had created self-protection militias without a relation to the Ethiopian central army. However, with the the current Ethiopian army near Al-Fashaga, the Sudanese government is rushing tanks and troops to the area. The acting Prime Minister of Sudan, Abdallah Hamdok, has publicly reaffirmed Sudanese ownership of the area. While it is difficult to have accurate reporting from Al-Fashaga, some nongovernmental organizations working with refugees in Sudan near the frontier have warned of possible fighting and increased tensions. There are real possibilities of the storm clouds getting darker.
What are, if any, the lessons to be learned from the COVID-19 crisis? As far as we, World Citizens, are concerned, the most important one is undoubtedly this: As we have been saying since the early days of our movement, global problems require global solutions.
Beyond the appearance of a mere self-serving statement, this traditional World Citizen slogan finds a new meaning today. Never has it been so visible and proven that national sovereignty can be not only a hurdle to solving global problems, but a full-scale peril to the whole world when abused. While many European nations were quick to react to the virus as a major health crisis right from early 2020, others led by nationalists, namely the USA, the UK and Brazil, adamantly refused to take any action, dismissing the virus as harmless if not non-existent. Just like an individual who is not aware of being sick can pass the disease on others while behaving without precaution, a country that does not act wisely can contribute dramatically to spreading the disease throughout the world. And that is what happened.
No use beating about the bush – that kind of behavior is a violation of human rights, starting with the right to life and the right to health. Even though COVID-19 is first and foremost a medical issue, it also has implications in terms of human rights. There comes a question which has been with us since the beginning of the century: In the absence of a global institution, such as a global police service, in charge of overseeing respect for human rights worldwide, what about the people devoting their lives to performing this duty of public service, these private citizens whom we call Human Rights Defenders (HRDs)? Before COVID-19 ever appeared, many of them were already in danger. While vaccines and medicines are being developed to counter COVID-19, there does not seem to be a cure in sight for the perils HRDs face every day.
Legal, legitimate, but unrecognized
HRDs, people defending human rights, have existed from the early days of human civilization in one form or another. Since 1948 and the adoption of the Universal Declaration of Human Rights (UDHR), followed by a number of treaties and similar declarations, it has obviously been viewed as more legitimate and legal to promote and protect rights which were now internationally recognized. The UDHR itself has made history by evolving from a non-binding resolution of the United Nations (UN) General Assembly to an instrument of customary international law, toward which states feel obligated through, as international law puts it, opinio juris. But in a postwar Westphalian world where only states had international legal personality, the people defending the rights enshrined in the UDHR, in other words HRDs, long remained deprived of formal recognition.
It all changed in 1998, when the UN General Assembly celebrated the half-century of existence of the UDHR by presenting it with a companion text, officially called Resolution 53/144 of December 9, 1998 but better known as the Declaration on the Right and Responsibility of Individuals, Groups and Organs of Society to Promote and Protect Universally Recognized Human Rights and Fundamental Freedoms – in short, the Declaration on Human Rights Defenders (DHRD).
Like the UDHR, the DHRD was born “soft law”. But the resemblance stops there. In twenty-two years of existence, the DHRD has been nowhere near accepted by states under opinio juris. Accepting international human rights is one thing, but endorsing the creation, if only morally speaking, of an international category of people authorized to go against the state to promote the same rights, well, that continues to be more than the nation-state can live with. Everywhere in the world, HRDs feel the pain of that denial of recognition.
Human rights under attack means defenders in danger
Traditionally, human rights in the Western sense of the word mean freedom of opinion and expression. These rights continue to be curtailed in too many countries, beyond geographical, cultural, religious, or even political differences. Inevitably, that goes for HRDs defending these rights too. The two “least democratic” countries sitting as Permanent Members on the UN Security Council, Russia and China, also stand out as world leaders in political repression.
During the Cold War, the Eastern bloc would put forward economic and social rights as a counterpoint to the said Western notion. Even though human rights were “reunified” over thirty years ago, economic and social rights remain taboo in various parts of the world. In Thailand and Nicaragua, health workers have been punished for demanding better equipment to treat COVID-19 patients. In the Philippines, city residents who pushed for more adequate shelter in times of lockdown were similarly repressed by their government.
Cultural rights, often alongside indigenous rights, can truly be described as disturbing all forms of governments in countries which used to be colonies of Western powers, from Latin America, most recently in Honduras and Paraguay, to Asia with such examples as Malaysia and Indonesia. In such countries, being an HRD trying to advance the rights of indigenous groups all but equates trying to tear the whole nation apart.
Everywhere in the world, such typical 21st-century pressing issues as LGBT rights and, more than ever since the #MeToo scandal, women’s rights may be popular causes, but taking them up almost systematically means trouble, be it in North African countries like Egypt and Tunisia or in the European nations of Poland and Andorra.
Last but not least, even though one might think the wide consensus on the issue opens doors for action, defending environmental rights is proving no easy task. From Madagascar to Belarus, trying to get your government to live up to its responsibilities is bound to create a most unsafe environment for you.
For those who need and manage to flee, being abroad does not even mean being safe anymore. China has been found to be heavily spying on activists from the Uyghur minority living in foreign countries, and last month the AWC had to send an appeal to the authorities of Canada regarding a Pakistani HRD from the Baloch minority group who was found dead in Toronto, after the local police service said the death was not a criminal act but a fellow Baloch HRD and refugee there expressed serious doubts.
When the DHRD should be providing greater relief and comfort for the performance of human rights work, HRDs continue to be denied any character of public service, leading to acute stigmatization, intimidation, and ultimately repression. As many signs that the nation-state is losing its nerves in trying to defend a Westphalian national sovereignty that COVID-19 has now largely proved is out of date.
Shattering national borders – and human rights, too
One form of human rights abuse that has become particularly salient since the late 2000s, further fueled by Brexit in 2016 and the now-ending Trump presidency since 2017, is the systematic persecution of refugees and migrants – and, more preoccupying still, of those nationals in the countries of arrival trying to lend a hand to the newcomers. In France, President Emmanuel Macron was thought to have been spared from the influence of populist parties backed by Vladimir Putin’s Russia; yet several activists have been prosecuted on these sole grounds, such as Martine Landry of Amnesty International France and Cédric Herrou, both from the Nice area near the Italian border. Eventually, both were cleared by the judiciary. In the USA, migrants’ rights activist Scott Warren was similarly prosecuted – and similarly acquitted. But in both countries and others still, the problem remains unsolved.
No wonder this is happening at all. Even those governments least favorable to the brand of xenophobia “exported” by Moscow since the last decade have become unfathomably sensitive to the issue of migration and asylum, as they too feel threatened by the outside world and flaunt their borders as ramparts, shielding them from some barbaric conduct with which they confuse different customs and religions, thus adopting the very same attitude as those populists they claim to be fighting. That leaves citizens trying to help refugees and migrants singled out as traitors and criminals.
The mass arrival of migrants and refugees from Africa and the Middle East in the summer of 2015 proved that Europe and, for this purpose, the rest of the world were wrong to assume that crises in other, distant parts of the world could never hit home too violently. In this case, the crisis bore a name – ISIS, the “Islamic State in Iraq and the Sham (the Levant)”. The Iraqi-born terrorist group had conquered a wide swath of land the previous year, seizing territory from both Iraq and Syria along the border, and established on it a “caliphate” that drew scores of individuals from many parts of the world, especially Europe and North Africa. The previous summer had seen its militias persecute the millennia-old Christian minority of Iraq and other religious groups such as the Yezidis. A year before the UN dared called it genocide, the AWC did.
When the Taliban’s “Islamic Emirate” of the late 1990s in Afghanistan had been recognized by three countries, no one recognized the “Islamic State”, let alone the caliphate. Obviously, recognizing the “caliphate” would have been both a violation of international law and an insult to all of ISIS’s victims back home and abroad. Nonetheless, as the French-American scholar Scott Atran and the specialist Website e-ir.info noted, the “ISIS crisis” proved that the traditional notion of the nation-state was now being violently rejected – violently, and ISIS leaders knew full well how to make good use of it, cleverly rendering their barbaric ways appealing to Westerners and North Africans frustrated at the lack of social and political change back in their home countries.
Questioning the nation-state in such an insane, murderous manner can only be diametrically opposed to the mindset of a World Citizen. Stopping borders from serving as ramparts against foreigners irrationally viewed as enemies, bringing the people of the world together regardless of political nationality, none of this can ever be compatible with the creation of yet another nation-state, albeit de facto, to terrorist ends at home and abroad. Even though the massive afflux of migrants and refugees was certainly no phenomenon the best-prepared state in the world could have successfully dealt with overnight, European nations failed at it miserably. In suspecting and rejecting foreigners for fear of terrorism, they only made it easier to commit terrorist attacks on their soil and endanger their own population, including the Muslim population which automatically becomes a scapegoat every time a jihadi terrorist attack is carried out. Nobody’s human rights were well-served and everybody’s human rights ended up as losers.
Globalizing solidarity with HRDs
There you have it. The harder states, European and others, strive to defend their borders as sacred, God-given privileges, the harder human rights and their defenders get hit and everybody loses.
Consequently, returning to the comparison with COVID-19, a true World Citizen perspective toward protecting HRDs must put forward what has been absent throughout the pandemic, in terms of both public health and patient care – globalization. Not the unfair, inhumane economic globalization we have known since the 1990s, for that one too is responsible for what has happened over the past twelve months. A World Citizen can only seek a globalization of solidarity, bearing in mind that, as French President Emmanuel Macron once put it, “the virus does not have a passport” and travels freely through all human beings who accept, or get forced, to become its living vehicles.
The very same principle should apply to human rights and their defenders. The UDHR is by name universal, as are all human rights. Therefore, why wouldn’t the defense of the same rights be universal by nature? If terrorism can be let to shun national borders in its war on the whole world, then why can’t brave, devoted HRDs enjoy the recognition they deserve, in every country, on every continent, and from every type of government? Why in the world would a terrorist get greater attention than a citizen dedicating their life to championing the dignity of all fellow human beings? If this divided world of ours could possibly find some sort of unity in support of health workers fighting COVID-19, then why not around HRDs, too?
World leaders can no longer look away from the issue. Uniting around one global problem means endorsing the principle of global solutions for everything else. If there is to be a different future for the world, a better future, then trusting and respecting HRDs, supporting and helping them, and ultimately joining their ranks are as many keys that will unlock a brand new era of shared true dignity.
Bernard J. Henry is the External Relations Officer of the Association of World Citizens.
Recent events have highlighted the need for a dynamic and enlightened policy toward migrants and refugees. The refugee camp in Moria, on Lesbos Island, Greece, which burned to the ground on September 9, 2020, hosted over 13,000 refugees and migrants, most from Afghanistan with others from Pakistan, Iraq, Syria and an increasing number from West Africa. Among them were thousands of defenseless women and children, victims of war, violence and later from xenophobia, islamophobia and racism. Prior to the fire, the refugees were already living in poor conditions, in small tents on wet ground without clean drinking water or medical care.
Since the fire, most of the refugees in Moria, including newborn babies, have been sleeping in the streets while xenophobic locals harass them and armed policemen, known for their far-right sympathies, threaten them.
A second drama of refugees and migrants is being acted out in the French Department of Pas-de-Calais, as refugees try to reach England before December 31, 2020, when the United Kingdom leaves the European Union, thus ending the existing accords on refugees and migrants. Many have paid large sums of money for the possibility to reach England, often in unsafe makeshift boats.
The Association of World Citizens, along with other humanitarian organizations, has worked actively for world law concerning migrants and refugees – policies which need to be strengthened and, above all, applied respecting the dignity of each person: https://awcungeneva.com/2020/06/20/world-refugee-day/
June 20 is the United Nations (UN)-designated World Refugee Day marking the signing in 1951 of the Convention on Refugees. The condition of refugees and migrants has become a “hot” political issue in many countries, and the policies of many governments have been very inadequate to meet the challenges. The UN-led World Humanitarian Summit held in Istanbul, Turkey on May, 23-24, 2016 called for efforts to prevent and resolve conflicts by “courageous leadership, acting early, investing in stability, and ensuring broad participation by affected people and other stakeholders.”
If there were more courageous political leadership, we might not have the scope and intensity of the problems that we now face. Care for refugees is the area in which there is the closest cooperation between nongovernmental organizations (NGOs) and the UN system. As one historian of the work of the United Nations High Commissioner for Refugees (UNHCR) has written “No element has been more vital to the successful conduct of the programs of the UNHCR than the close partnership between UNHCR and the non-governmental organizations.”
The 1956 flow of refugees from Hungary was the first emergency operation of the UNHCR. The UNHCR turned to the International Committee of the Red Cross and the League of Red Cross Societies which had experience and the finances to deal with such a large and unexpected refugee departures and re-settlements. Since 1956, the UNHCR has increased the number of NGOs, both international and national, with which it works given the growing needs of refugees and the increasing work with internally displaced persons who were not originally part of the UNHCR mandate.
Hungarian refugees outside a building at Charleston Air Force Base in 1956.
Along with emergency responses − tents, water, medical facilities − there are longer-range refugee needs, especially facilitating integration into host societies. It is the integration of refugees and migrants which has become a contentious political issue. Less attention has been given to the concept of “investing in stability”. One example:
The European Union (EU), despite having pursued in words the design of a Euro-Mediterranean Community, in fact did not create the conditions to approach its achievement. The Euro-Mediterranean partnership, launched in 1995 in order to create a free trade zone and promote cooperation in various fields, has failed in its purpose. The EU did not promote a plan for the development of the countries of North Africa and the Middle East and did nothing to support the democratic currents of the Arab Spring. Today, the immigration crisis from the Middle East and North Africa has been dealt with almost exclusively as a security problem.
The difficulties encountered in the reception of refugees do not lie primarily in the number of refugees but in the speed with which they have arrived in Western Europe. These difficulties are the result of the lack of serious reception planning and weak migration policies. The war in Syria has gone on for five years. Turkey, Lebanon, and Jordan, not countries known for their planning skills, have given shelter to nearly four million persons, mostly from the Syrian armed conflicts. That refugees would want to move further is hardly a surprise. That the refugees from war would be joined by “economic” and “climate” refugees is also not a surprise. The lack of adequate planning has led to short-term “conflict management” approaches. Fortunately, NGOs and often spontaneous help have facilitated integration, but the number of refugees and the lack of planning also impacts NGOs.
Women and children among Syrian refugees striking at the platform of Budapest Keleti railway station in 2015.
Thus, there is a need on the part of both governments and NGOs to look at short-term emergency humanitarian measures and at longer-range migration patterns, especially at potential climate modification impact. World Refugee Day can be a time to consider how best to create a humanist, cosmopolitan society.
Prof. René Wadlow is President of the Association of World Citizens.
Dans la Libye où rien ne semble pouvoir éteindre les braises de la guerre civile, l’appel à un cessez-le-feu et à la poursuite des négociations lancé le 6 juin par le Président égyptien Abdel Fattah al-Sissi en présence du Général Khalifa Haftar a vécu.
Le Général Khalifa Haftar
Le 4, les troupes du Gouvernement d’accord national (GAN) du Premier Ministre Fayez al-Sarraj, reconnu par l’ONU, reprenaient la ville. Une défaite majeure pour Haftar, longtemps vu comme l’homme fort du pays mais dont les revirements sur les accords conclus et le refus d’en adopter de nouveaux ont mené à sa remise en question, y compris par l’Egypte et la Russie qui lui préféreraient, pour représenter la Cyrénaïque qui recouvre le tiers oriental de la Libye, Aguila Saleh, le Président du Parlement hostile au GAN.
Le 9, les chefs de la diplomatie français, italien et allemand, accompagnés du Haut Représentant de l’Union européenne, appelaient ensemble à reprendre les pourparlers et la recherche d’un cessez-le-feu, prenant en compte les discussions du Caire et demandant dans un communiqué conjoint «instamment, toutes les parties libyennes et internationales à faire cesser de manière effective et immédiate toutes les opérations militaires et à s’engager de façon constructive dans les négociations en format 5+5, sur la base du projet d’accord du 23 février».
Néanmoins, la course à l’influence menée par les diplomaties russe et turque menace d’emblée toute recherche de la paix sur ce seul fondement. Comment, dès lors, envisager une paix prochaine et durable dans la Libye qui, depuis 2011 et la fin du régime Kadhafi, n’a plus d’État que le nom ?
Un Etat qui n’a jamais su s’inventer
Avec le retournement de la situation militaire, les espoirs sont ouverts pour des négociations plus fructueuses et, plus encore, afin d’envisager des formes nouvelles et stables de gouvernement.
Le Premier Ministre Fayez al-Sarraj
De longue date, l’Association of World Citizens (AWC) appelle à la création en Libye de structures gouvernementales nouvelles qui prennent en compte la nature géographique du pays, particulièrement en ce qui concerne la nature tribale de la population.
Après la fin de la colonisation italienne en 1952, la Libye fortement marquée par les combats de la Seconde Guerre Mondiale n’a jamais su se trouver en tant qu’entité étatique, ni la monarchie du roi Idriss Ier, ni la République arabe libyenne proclamée en 1969 par Mouammar Kadhafi et encore moins la Jamahiriya, néologisme signifiant «l’État des masses» et désignant une forme d’Etat minimaliste mise en place en 1977 n’étant parvenues à cimenter le pays.
Depuis la fin du régime Kadhafi en 2011, deux provinces de Libye démontrent cet échec par deux exemples extrêmes.
Un conte de deux Libye – sans grandes espérances
A la frontière sud derrière le Sahara, le Fezzan et ses oasis abritent plus de deux cent mille personnes. La terre de l’ordre soufiste du roi Idriss n’inquiétait guère Tripoli du temps de Kadhafi, qui n’y voyait guère un foyer de contestation. Mais après 2011, le Fezzan s’est trouvé livré au trafic de drogue, d’armes et même d’êtres humains. Il a fallu que ce soit l’ancienne puissance coloniale, l’Italie, qui attire l’attention sur l’anarchie gangrénant le Fezzan – et pour cause, nombre de migrants africains qui gagnent le pays passaient par cet enfer.
Ibrahim Jadran
A l’est, le Cyrénaïque adossé à l’Egypte a vu se développer dans l’ère post-Kadhafi le règne d’un chef de milice, Ibrahim Jadran. Emprisonné en 2005 avec ses quatre frères pour avoir tenté de fomenter une rébellion armée contre le «guide de la révolution» Kadhafi, il sort avec eux de prison à la faveur de la révolution de 2011. Accédant l’année suivante à la hiérarchie des Gardes de Défense du Pétrole protégeant les infrastructures pétrolières du pays, il se prononce pour un fédéralisme aussi décentralisateur que possible en Libye. L’année suivante, il instaure le Bureau politique de Cyrénaïque et proclame l’autonomie de la province, défiant Tripoli et tentant sans succès de vendre à son seul profit du pétrole à l’étranger. En juin 2018, il fuit la débâcle de sa Force d’autodéfense de la Cyrénaïque, un temps forte de 17 500 hommes devant les troupes de Haftar. Le 12 septembre, le Conseil de Sécurité de l’ONU adopte des sanctions individuelles contre Jadran pour ses attaques armées contre les forces du général.
Si les deux provinces offrent ce que Charles Dickens, auteur d’Un conte de deux cités, aurait pu appeler un «conte de deux Libye», il n’existe dans l’une et l’autre aucune place pour Les grandes espérances, autre roman de Dickens, tant le chaos qui mène au banditisme généralisé et l’aventure personnelle d’un seigneur de la guerre se voulant magnat du pétrole sont deux exemples de ce que l’avenir de la Libye ne doit pas être.
La Libye comme l’Europe, «Unie dans la diversité»
L’histoire l’a quelque peu oublié, mais l’Etat libyen de 1952 se nommait le Royaume-Uni de Libye, à l’image de la Grande-Bretagne. Pour autant, tenter d’unir autour d’une figure monarchique un pays aux identités locales, voire «micro-locales» selon l’expression du chercheur français Patrick Haimzadeh, à ce point enracinées et prononcées relevait de l’utopie, sans une forme de gouvernement à l’image, par exemple, du Royaume-Uni contemporain avec un Parlement en Ecosse, une Assemblée du Pays de Galles et une autre en Irlande du Nord en plus du Gouvernement britannique à Londres.
L’histoire n’était pas prête, sans doute. Elle ne le sera pas davantage si, au cas où le Brexit tournerait mal, les nations composant le Royaume-Uni venaient à se découvrir plus diverses qu’elles ne sont unies et l’une ou plusieurs d’entre elles plébiscitaient leur indépendance.
Aujourd’hui, le seul salut de la Libye réside dans une structure gouvernementale faisant d’elle un pays qui soit à l’image de la devise de l’Union européenne, «Unie dans la diversité». Désunis, les Britanniques ne se tueraient pas. Les Libyens, oui, depuis près de dix ans. Ce qui leur manque, ce n’est pas un homme pour les diriger. C’est de pouvoir se diriger eux-mêmes, être eux-mêmes et apprendre à se ressembler dans la différence.
Bernard J. Henry est Officier des Relations Extérieures de l’Association of World Citizens.
L’une des leçons majeures de la crise de la COVID-19 restera que, malgré ses errements dans les premiers temps de la pandémie, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) aura agi comme un révélateur de la mentalité des Etats envers cette menace planétaire sans précédent depuis la Seconde Guerre Mondiale. L’enseignement en est clair, autant qu’il est inquiétant : là où, partout dans le monde, le virus frappe sans faire de distinction, certains dirigeants nationaux le croient néanmoins perméable à leurs choix politiques.
Là où Emmanuel Macron, Président de la République française, déclarait à son peuple en instaurant le confinement «Nous sommes en guerre» et son Ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran faisait sien le mot d’ordre de l’OMS, «Testez, testez, testez», le Premier Ministre britannique Boris Johnson risquait le pari de l’immunité collective, pari perdu qui faillit lui coûter sa propre vie.
Et toujours sur le continent américain, un pays se distingue plus encore – le Nicaragua, où le pouvoir nie tout bonnement l’épidémie et invite, si ce n’est oblige, la population à enfreindre toutes les préconisations internationales.
Le Président du Nicaragua défend la COVID-19 comme un «signal de Dieu»
Daniel Ortega, l’ancien chef sandiniste du temps de la Guerre Froide, évincé du pouvoir aux urnes en 1990 puis qui y est revenu par la même voie en 2006 et s’y est fait réélire en 2011 avec, pour candidate à la Vice-présidence, nulle autre que son épouse Rosario Murillo, tenait déjà son pays d’une main de fer depuis le 18 avril 2018 et sa répression des protestations populaires contre un projet avorté de réforme des retraites et de la sécurité sociale défavorable aux plus précaires. Des professionnels de tous corps de métier, parmi lesquels un nombre important de soignants, avaient été licenciés. Des militants de l’opposition avaient été emprisonnés. Le Costa Rica voisin connaissait un afflux par dizaines de milliers de Nicaraguayens fuyant la dictature de fait surnommée «Orteguillo» en contraction des noms de Daniel Ortega et Rosario Murillo.
Dans de telles conditions, il n’aurait pas paru saugrenu de voir le pouvoir nicaraguayen prendre prétexte de la COVID-19 pour imposer des restrictions impitoyables, par exemple un confinement sur le modèle philippin avec menace de tirer à balles réelles sur les contrevenants. Contre toute attente, Managua a choisi l’extrême inverse, celui du déni total de la pandémie.
Capture d’écran France 2, 2018
Après avoir obligé la population à marcher en masse, dans la promiscuité, sous la bannière du Front Sandiniste de Libération Nationale (FSLN) au pouvoir pour célébrer «l’amour et la paix en temps de coronavirus», Ortega a disparu des écrans à partir du 12 mars, à tel point que d’aucuns le supposaient contaminé lui-même. Le 15 avril, il est réapparu sur les antennes de la télévision nicaraguayenne, qualifiant la COVID-19 de «signal de Dieu» et excluant toute mesure sanitaire nationale contre elle.
Le résultat en est dramatique. Au 23 mai, l’Observatoire citoyen du Nicaragua annonçait plus de 2 600 cas dans le pays, où s’enracine à présent la pratique des inhumations nocturnes des victimes de l’épidémie niée par le pouvoir. Le danger est devenu tel que les Etats voisins d’Amérique centrale, Guatemala, El Salvador et Costa Rica, craignent désormais de voir s’embraser toute la région par la faute de Managua.
Malgré tout, la population respecte les consignes internationales, la campagne «Quédate en casa», «Reste à la maison», lancée pour inciter au confinement, s’attirant les foudres d’un Ortega qui insiste pour ne rien faire. Quant au personnel médical, il est au mieux livré à lui-même et au pire réprimé.
Les soignants du Nicaragua livrés à eux-mêmes – et surtout au danger
Depuis avril 2018, au Nicaragua, les médecins sont des ennemis d’Etat. Ces médecins qui ont soigné les manifestants blessés dans la répression des mouvements populaires et qui l’ont payé en nombre de leur emploi. Face à la COVID-19, les derniers remparts d’une population poussée à l’infection par le régime sont devenus pour lui rien moins que des traîtres.
Fulgencio Baez, onco-hématologue hospitalier, confiait à l’association SOS Nicaragua France dans sa Newsletter de mai : «Nous savons que nous sommes dans la partie de la montée exponentielle de la contagion, avec la contagion communautaire. Il y a plusieurs morts, sans connaître le nombre exact. Ce que nous entendons quotidiennement et ce que nous voyons concernant les personnes décédées sont des foyers à Chinandega, Managua, Masaya et Matagalpa».
Déjà faible auparavant, poursuivait le médecin, le système de santé nicaraguayen n’avait aucune chance contre la pandémie. Privés de tout appui gouvernemental, notamment de toute statistique puisque les quelques tests disponibles restent le monopole de l’Etat, les soignants sont débordés et bien sûr menacés eux-mêmes d’infection à tout moment.
L’ennemi devant eux avec la pandémie, mais aussi derrière eux en la personne de leur propre Président, les soignants du Nicaragua n’ont pas seulement la santé, et la vie, de leurs seuls compatriotes mais aussi des peuples de toute l’Amérique centrale.
Seul moyen de leur permettre de vaincre : les aider directement, en passant outre leur gouvernement. C’est ce qu’a entrepris SOS Nicaragua France, à travers une campagne de dons sur son espace HelloAsso.
L’Association of World Citizens défend l’action citoyenne en plus de celle de l’Etat, voire à la place et, s’il le faut, contre l’Etat. Ici, à la place suffit déjà bien, la société civile devant assumer seule et sans aide, envers son peuple et les pays voisins, la responsabilité que l’Etat ne reconnaît pas. Seule et sans aide, sauf si le peuple du monde vient à son secours.
Bernard J. Henry est Officier des Relations Extérieures de l’Association of World Citizens.