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Déclaration sur les Défenseurs des Droits Humains, l’inconnue dans la maison des Citoyens du Monde

In Being a World Citizen, Human Rights, International Justice, NGOs, Spirituality, The Search for Peace, Track II, United Nations, War Crimes, Women's Rights, World Law on January 10, 2024 at 7:00 AM

Par Bernard J. Henry

Voilà un mois tout juste, le 10 décembre dernier, la Déclaration universelle des Droits de l’Homme (DUDH) avait soixante-quinze ans. Pour le mouvement Citoyen du Monde, son adoption au Palais de Chaillot à Paris, qui accueillait cette année-là l’Assemblée générale de l’ONU, va de pair avec la venue de Garry Davis en France pour y renoncer à sa nationalité américaine puis tenter de venir camper sur le «territoire international» de l’ONU et, enfin, interrompre l’Assemblée générale avec Robert Sarrazac pour y exiger un gouvernement mondial et une assemblée des peuples. A l’autre bout du monde se créait la Société californienne des Citoyens du Monde d’où sortirait, en 1974, l’Association of World Citizens (AWC).

Un anniversaire, donc, mais pas une fête. Le pogrom antisémite du Hamas le 7 octobre dernier en Israël, la riposte entièrement démesurée du même Israël contre la population civile tout entière à Gaza, la répression toujours plus forte du régime de Vladimir Poutine en Russie à laquelle s’ajoute une campagne militaire déchaînée contre les civils dans son invasion de l’Ukraine, ainsi que les succès politiques en Europe, en Argentine et ailleurs de l’extrême droite, offrent à la vénérable doyenne du droit international des Droits Humains le bien triste cadeau de son oubli, du moins lorsqu’il s’agit de gouverner.

La veille, toutefois, avait déjà eu lieu un autre anniversaire, hélas passé inaperçu, celui d’une «proche parente» de la DUDH. Étaient-ce les soixante-quinze ans de la Convention pour la Prévention et la Répression du Crime de Génocide, adoptée le 9 décembre 1948 dans les mêmes murs du Palais de Chaillot ? C’est vrai aussi. Aînée d’un jour de la DUDH, la Convention a le mérite d’avoir su faire parler d’elle, jusqu’à aujourd’hui où, au milieu des accusations croissantes de «génocide» portées par la société civile palestinienne et internationale contre Israël au sujet de Gaza, d’aucuns se voient bien l’invoquer pour incriminer l’État hébreu devant les juridictions internationales. La «proche parente» dont l’anniversaire, qu’elle partage avec la Convention, a été oublié ou presque est autrement plus jeune, tout aussi essentielle à la société civile internationale que méconnue du grand public.

Née le 9 décembre 1998, soit un demi-siècle après la DUDH, à l’Assemblée générale des Nations Unies alors installée déjà de longue date en ses locaux attitrés de New York, elle porte un nom d’état-civil barbare : «Déclaration sur le droit et la responsabilité des individus, groupes et organes de la société de promouvoir et protéger les droits de l’homme et les libertés fondamentales universellement reconnus». Mais pour l’ONU elle-même, pour les juristes internationaux et pour les gens auxquels elle se destine, ces gens qui font partie de son nom même, elle s’appelle la Déclaration sur les Défenseurs des Droits de l’Homme (DDDH).

«Mieux vaut allumer une petite chandelle que maudire les ténèbres», affirme un proverbe chinois. Justement, en Chine, pour nombre de DDH persécutés, emprisonnés, parfois torturés par le pouvoir, qu’il s’agisse de Han, l’ethnie majoritaire à laquelle le monde résume souvent trop vite la population chinoise, ou de peuples envahis et occupés par la Chine comme les Tibétains ou les Ouïghours, la DUDH reste souvent cette dernière chandelle avant les ténèbres du désespoir sous les coups de la répression. En Chine d’où vient le proverbe, oui, «et, dans le monde, c’est partout pareil», comme le chantait Daniel Balavoine qui avait tant défendu les Droits Humains dans les textes de ses chansons.

Si la DUDH est une petite chandelle, alors, avec la DDDH, on en a deux et n’est-ce pas mieux encore ? Si, bien sûr. Et pourtant, la DDDH reste méconnue, dans l’ombre là où son illustre aînée demeure un phare même dans la pire nuit de tempête. C’est dommage. Tellement dommage, car, serait-elle tant soit peu mieux connue, la DDDH changerait bien des choses. Pour notre mouvement Citoyen du Monde, elle incarne notamment ce pour quoi les générations successives de nos militants se sont battues depuis Garry Davis – l’être humain, l’individu, libre de ses choix et responsable du bien commun au niveau du monde et de l’humanité.

La DDDH, inconnue parce qu’impuissante ?

Connaître mieux la DDDH commence par savoir déjà ce qu’elle est précisément. Une «déclaration» donc, adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU en tant que résolution, tout comme la DUDH en son temps. Donc, un appel de pure portée symbolique et morale, et non une convention, un traité que signent et/ou ratifient des États qui, dans la théorie, rendent ainsi ses dispositions pour lui contraignantes, ces dispositions que l’État Partie s’engage à respecter et mettre en œuvre en vertu de sa propre loi. Toujours dans la théorie, la DDDH créerait donc moins d’obligations pour les États, donc moins de droits pour le citoyen, que, par exemple, la Convention européenne de Sauvegarde des Droits de l’Homme et des Libertés fondamentales (CEDH).

Pas si vite.

En Droits Humains, un texte écrit, autrement dit un instrument de «droit positif», n’a jamais suffi à créer un droit qui soit respecté dans les actes. Même les deux Pactes internationaux issus de la DUDH, relatifs pour l’un aux droits économiques, sociaux et culturels et, pour l’autre, aux droits civils et politiques, bien qu’étant des traités contraignants pour les États qui les ratifient, sont loin d’avoir jamais garanti le respect ou la mise en œuvre des droits qu’ils consacrent. A plus forte raison, de simples déclarations devraient être encore moins bien considérées et la DUDH n’aurait jamais dû être plus qu’un vœu pieux. Comment a-t-il pu en être autrement ?

Si le droit international est parfois décrié comme manquant de muscle, il faut en revanche lui reconnaître qu’il ne manque pas de tête. En l’absence de toute police ou force militaire spécialement chargée de faire respecter le droit international face aux violations les plus graves – sachant qu’un système international, centré sur la volonté politique des États, la rendrait de toute façon peu manœuvrable et que, quand bien même, sitôt cette force activée, d’aucuns auraient tôt fait de crier à la tyrannie ! – le droit international tire sa force, particulièrement en ce qui concerne les Droits Humains, de la coutume, celle qui voit les États se conformer, par leur seule volonté politique, à des règles auxquelles ils estiment devoir obéir car elles ont à leurs yeux une valeur contraignante.

Voilà pourquoi la DUDH n’est pas restée lettre morte, étant devenue tout au contraire la clé de voûte de tout le système juridique international en la matière. La DDDH, qui en est tout à la fois la cadette, l’héritière et la complémentaire, incarne ces mêmes règles de droit international qui n’ont pas au départ de caractère contraignant mais en revêtent un car les États le lui reconnaissent de leur propre initiative. La manière même dont elle a été adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU le prouve, la DDDH étant devenue réalité non par un vote, comme l’avait fait la DUDH en 1948, mais par consensus, à savoir qu’il était tout simplement demandé aux États qui s’y opposaient de le faire savoir et aucun ne s’y est risqué. Par conviction profonde, magique de l’instant, de devoir respecter strictement ses dispositions ? Certainement beaucoup moins que par peur d’apparaître comme un État qui nie ouvertement toute importance aux DDH. C’est qu’un État, puissance souveraine ou pas, ça tient à son image …

Là où la DUDH avait été «élue» par l’Assemblée générale comme s’il s’était agi d’un parlement national, la DDDH a été «acceptée» selon une procédure quant à elle typique du droit international. Pour autant, sa nature est bien moins celle d’un instrument international que d’un texte de caractère mondial, car elle est née dans un monde lassé des nations toutes-puissantes et brûlant du désir de devenir un monde d’êtres humains.

La volonté du peuple du monde

Non, la DDDH n’est pas juste un cadeau d’anniversaire à une DUDH ayant atteint l’âge respectable de cinquante ans – respectable pour un texte de droit international, ses aïeux les traités de la Société des Nations pouvant la jalouser du fond de leurs tombes dans l’histoire du droit d’avoir eu autant de temps pour grandir. Elle est une enfant de son temps, une enfant de ces années 1990 où un monde sorti de la Guerre Froide découvrait que les atrocités de la Seconde Guerre Mondiale n’étaient pas si profondément enfouies dans l’histoire qu’il l’avait cru.

Un premier «réveil» avait eu lieu lors de la Conférence de Vienne en 1993, conférence sur les Droits Humains où le système en place jusqu’alors était apparu dans toute son inefficacité devant la purification ethnique en ex-Yougoslavie, cependant que la Somalie livrée au chaos et à la famine voyait l’opération internationale censée la secourir se transformer en une violente opération militaire contre le chef de l’une des factions de la guerre civile sur place.

Après la création du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie le 25 mai, une première depuis les Tribunaux militaires internationaux de Nuremberg et de Tokyo, un pas important avait été franchi avec la création du poste de Haut Commissaire des Nations Unies pour les Droits Humains. Le choix du premier titulaire avait toutefois déçu, en la personne de l’ancien Ministre équatorien des Affaires Étrangères José Ayala Lasso, accusé d’avoir été jadis un acteur de la dictature militaire dans son pays.

Mais même ce faux départ ne pouvait étouffer une réalité criante, celle de la volonté du peuple du monde par-delà les langues, les religions, les cultures et les frontières politiques, celle de l’exigence d’institutions internationales qui défendent les droits de chaque être humain, ces droits nécrosés pendant tout un demi-siècle et qui, la Guerre Froide terminée, revenaient enfin à leurs titulaires et s’affirmaient même comme une criante urgence.

C’était encore sans compter sur les deux années à venir, avec le génocide du Rwanda et les massacres des forces serbes de Bosnie-Herzégovine à Srebrenica et Žepa. Dans le premier cas, un second Tribunal pénal international ad hoc allait être créé par l’ONU et, avec lui, l’idée ressurgissait du fond de son après-guerre d’un tribunal pénal international permanent et universel, évoquée après les procès de Nuremberg et Tokyo mais gelée elle aussi par cinquante ans de Guerre Froide.

Le Général Ratko Mladić (g.) et le Président de la Republika Srpska, Radovan Karadžić, qui furent inculpés par le TPIY pour le massacre de Srebrenica en juillet 1995. (C) TPIY

C’est pourtant non sans mal que le 17 juillet 1998, à l’issue de la Conférence diplomatique de Rome, fut adopté le Statut de la Cour pénale internationale (CPI) sous réserve de sa ratification par soixante États, survenue en 2002. L’idée d’une juridiction internationale forte des Droits Humains avait plié sous le poids des réticences des gouvernements, notamment ceux des Etats-Unis et de France sur fond d’accusations d’abus commis par les troupes américaines en Somalie et françaises au Rwanda, ainsi qu’en Bosnie-Herzégovine où les Casques bleus français s’étaient vus accusés de partialité au profit de la Republika Srpska, la république serbe sécessionniste de Radovan Karadžić. A Rome même, les Etats-Unis s’étaient contentés de signer le Statut de la Cour pénale internationale sans le ratifier – signature ensuite retirée par l’Administration Bush – et la France, bien que devenue État Partie, ne s’était pas privée de dire tout le mal que lui inspirait l’idée du jugement de ses soldats par une juridiction non nationale.

L’idée restait toutefois la même : après la fin d’un demi-siècle de Guerre Froide avec, à la clé, la menace permanente d’une destruction nucléaire totale du monde, l’humanité n’accordait plus de crédit aux États pour leurs abus en matière de Droits Humains, et de ces institutions internationales censées incarner un nouvel ordre basé sur des règles universelles contraignantes, elle exigeait d’obliger les responsables de tels abus à payer cash.

Lamberto Dini, Président du Conseil de la République italienne, signe le Statut de la CPI lors de la Conférence diplomatique de Rome. (C) Nations Unies

Avec cette évolution juridique et judiciaire de taille, un principe se voyait consacré qui venait s’inscrire en faux contre l’idée traditionnelle du droit international depuis le temps même de la Société des Nations, le principe qui faisait de l’État le seul sujet possible dudit droit international : désormais passible de poursuites pénales devant des juridictions internationales, l’individu devenait lui aussi sujet de droit international, quoique de la pire des manières et au pire titre qui soit. Il manquait une reconnaissance de l’individu qui lui soit favorable et positive dans son esprit. Cinq mois plus tard, elle était là.

Défendre les droits sans plus avoir à choisir un camp

Même avec l’adoption de la DUDH, dont Garry Davis avait déclaré de manière bien optimiste qu’elle constituait la reconnaissance politique de l’individu sur le plan mondial, le principe de l’État comme seul sujet possible de droit international n’était pas remis en question, car la Déclaration, simple résolution de l’Assemblée générale, ne créait aucune obligation envers les États. Plus encore, les États étant les destinataires des droits dont l’individu se voyait ainsi fait titulaire, la DUDH subordonnait précisément ces droits au bon vouloir des États. Les Pactes internationaux qui en ont découlé n’ont fait que renforcer encore ce principe, même les États les plus déterminés à les respecter ayant eu la possibilité de les ratifier en émettant des réserves, autrement dit, de les ratifier «à la carte» en omettant certaines de leurs dispositions qui, peut-être, ne les arrangeaient pas.

Comment, dès lors, penser que la DDDH, elle aussi simple résolution de l’Assemblée générale et que ne vient compléter pour l’heure aucun pacte international, apporterait une reconnaissance plus réelle, a fortiori plus importante, de l’individu au niveau mondial ? Tout simplement en sortant du seul champ du droit positif pour intégrer celui de l’histoire de la notion même de DDH.

Sous la Guerre Froide, qu’était-ce donc qu’un DDH ? Bien sûr, une personne qui s’employait à la défense des droits énoncés dans la DUDH, définition première du terme. Mais dans ce contexte d’affrontement entre deux blocs par pays interposés, l’une ou l’autre des deux grandes puissances tentant d’installer ici ou là un régime allié et, pour éviter qu’il cesse un jour de l’être, dictatorial – l’un des deux grands n’ayant parfois fait qu’y remplacer l’autre, comme l’URSS à Cuba et au Nicaragua où avaient été délogés des tyrans alliés de Washington – un DDH était plus souvent perçu comme quelqu’un qui, dans un État tyrannique, défendait les droits en s’adossant au modèle proposé par celle des grandes puissances dont la tyrannie locale ne dépendait pas.

A l’Est, l’image d’Alexandre Soljenitsyne, auteur du légendaire Archipel du Goulag et exilé aux Etats-Unis où il habitait le Vermont, et à l’Ouest, celle du Chilien Pablo Neruda, homme politique communiste et surtout poète de renom, mort douze jours après le coup d’État du 11 septembre 1973 qui ouvrit la voie à la dictature militaire du Général Augusto Pinochet, officiellement d’un cancer de la prostate mais, selon d’autres sources persistantes, empoisonné par la dictature pro-américaine, trônaient dans les imaginaires des partisans d’un camp ou de l’autre, pour lesquels défendre les Droits Humains voulait dire au premier plan fustiger le camp adverse. Les critiques «internes» dans chaque camp se faisaient autrement plus rares, comme lorsque dans la France des années 1980, le Parti communiste se refusait à toute condamnation du tyran roumain Nicolae Ceausescu sur la même base que celle de la dictature de Pinochet au Chili ou quand le Front National, parti emblématique de l’extrême droite professant un anticommunisme reaganien, refusait de condamner l’apartheid en Afrique du Sud et appelait au contraire à ne pas «juger la RSA [acronyme de Republic of South Africa] selon des critères occidentaux». En ce qui concerne ce second parti, l’incohérence était telle qu’on le voyait prendre fait et cause pour les Juifs d’URSS empêchés par Moscou de rejoindre Israël alors même qu’en France, il qualifiait la Shoah de «point de détail» de l’histoire de la Seconde Guerre Mondiale …

Quoi qu’il en soit, lorsque les DDH se voyaient persécutés et qu’il fallait agir auprès de leurs gouvernements nationaux afin de les aider, il n’existait aucun texte international qui permît de mettre en avant la légitimité de leur travail, notamment pas pour les différencier de militants politiques plus classiques. De là à laisser entendre que la défense des Droits Humains était une simple option politique, pas plus défendable que celle choisie par le gouvernement qui décidait ainsi de réprimer ses DDH, il n’y avait qu’un pas, souvent très vite franchi.

En 1991, lorsque l’URSS a disparu et la Guerre Froide avec, cette iconographie du DDH défendant les victimes de l’un des deux systèmes au nom des valeurs défendues par l’autre avait fait long feu. Dès 1988, dans un monde où le Mur de Berlin était toujours debout, l’assassinat au Brésil du militant syndical et écologiste Francisco Alves Mendes Filho, dit Chico Mendes, avait mis en lumière la réalité du droit à l’environnement, non pas seulement contre les États mais aussi contre les entreprises multinationales tentées de le sacrifier pour le profit. Quatre ans plus tard, en 1992, l’an zéro de l’après-Guerre Froide, le Prix Nobel de la Paix remis à la militante guatémaltèque Rigoberta Menchú inaugurait l’image nouvelle du DDH, défendant des droits concrets, dans des contextes concrets, pour des populations concrètes, un DDH au sens réellement international du terme, traitant des questions pouvant exister partout dans le monde, un DDH avec lequel la grille de lecture jusqu’alors en vigueur perdait tout son sens. Il n’en fallait pas davantage pour que la Conférence de Vienne ne puisse que constater, l’année suivante, en 1993, que les mécanismes interétatiques de défense des Droits Humains nés sous la Guerre Froide avaient fait leur temps.

C’est dans ce contexte et au bout de ce processus d’évolution qu’a été adoptée fin 1998 la DDDH, consacrant l’individu non comme un acteur souverain et distinct des États comme le concevait Garry Davis, mais comme un acteur légitime du droit international et, à sa manière, des relations internationales qui échappaient désormais aux seules interactions entre les nations pour créer davantage un «espace mondial» selon la formule de Bertrand Badie, libéré du chantage permanent et systématique aux droits et libertés de la Guerre Froide et consacrant la défense des Droits Humains comme ce qui serait désormais le principe moteur de la vie politique mondiale. La Déclaration se montre à ce sujet sans ambiguïté puisqu’adoptée, dans les termes mêmes de son Préambule, en «[c]onsidérant les liens qui existent entre la paix et la sécurité internationales, d’une part, et la jouissance des droits de l’homme et des libertés fondamentales, d’autre part, et consciente du fait que l’absence de paix et de sécurité internationales n’excuse pas le non-respect de ces droits et libertés».

La préséance donnée à l’être humain sur l’État et, par voie de conséquence, à l’intérieur du système international lui-même est énoncée on ne peut plus clairement dans les deux premiers articles :

«Article premier

Chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de promouvoir la protection et la réalisation des droits de l’homme et des libertés fondamentales aux niveaux national et international.

Article 2

1. Chaque État a, au premier chef, la responsabilité et le devoir de protéger, promouvoir et rendre effectifs tous les droits de l’homme et toutes les libertés fondamentales, notamment en adoptant les mesures nécessaires pour instaurer les conditions sociales, économiques, politique et autres ainsi que les garanties juridiques voulues pour que toutes les personnes relevant de sa juridiction puissent, individuellement ou en association avec d’autres, jouir en pratique de tous ces droits et de toutes ces libertés.

2. Chaque État adopte les mesures législatives, administratives et autres nécessaires pour assurer la garantie effective des droits et libertés visés par la présente Déclaration».

Sous la houlette d’Eleanor Roosevelt et René Cassin, la DUDH proclamait que l’ordre international d’après la Seconde Guerre Mondiale aurait au cœur de ses principes les Droits Humains. Cinquante ans plus tard, la DDDH venait proclamer à son tour que l’ordre international de l’après-Guerre Froide serait celui de la défense des droits des individus par les individus, non pas en dehors ou au mépris de l’État, mais en ayant droit à son soutien.

Si, un quart de siècle plus tard, le constat en la matière ne peut certes être que triste en ce qui concerne les résultats, pour ce qui est de l’urgence de la cause, il ne peut être qu’alarmant.

La WENA, une lumière qui s’éteint ?

En un quart de siècle, à travers le monde, les DDH se sont élevés et imposés comme une force politique internationale incontournable. Plusieurs Organisations Non-Gouvernementales (ONG) comme FrontLine Defenders et l’International Service for Human Rights (ISHR) consacrent toute leur action à les défendre. Qu’il s’agisse des droits civils et politiques mais aussi des droits sociaux, économiques, culturels, des droits des peuples autochtones et minorités ethniques, des droits liés à l’orientation sexuelle et l’identité de genre, des droits liés à la migration, à l’environnement, au développement, mais aussi des droits des femmes qui se trouvent systématiquement violés dès que tous ces types de violations apparaissent, les DDH sont actifs partout, sur tous les continents, que ce soit à un niveau local, au niveau national voire sur le plan international. Seulement, si la DDDH s’adressait au départ aux pays extérieurs à la WENA (Western Europe and North America, Europe occidentale et Amérique du Nord), une génération plus tard, la région considérée historiquement comme le berceau des Droits Humains peut se voir opposer à son tour la Déclaration tant il n’y est plus acquis d’être un DDH sans devoir en payer le prix.

C’est vrai ne serait-ce que pour un type précis de droits, ceux liés à la migration. Que ce soit aux Etats-Unis, tant sous Donald Trump qu’avec l’administration actuelle de Joe Biden, au Royaume-Uni sous les gouvernements conservateurs et l’impulsion notamment de la ministre Suella Braverman, ou encore en France avec l’adoption récente d’une «loi immigration» fortement empreinte des thèses de l’extrême droite pourtant vaincue à l’élection présidentielle de 2022 et dans l’opposition au Parlement, mais aussi de par les récents succès électoraux de l’extrême droite aux Pays-Bas ou en Suisse, le rejet des migrants et la xénophobie sous toutes ses formes n’ont cessé de progresser dans la WENA. Le rejet des migrants, et avec lui, celui de quiconque les aide à titre humanitaire ou les soutient face à la justice et aux pouvoirs publics. Ces DDH n’échappent plus à la pénalisation, comme ce fut le cas en France pour Martine Landry d’Amnesty International, Loan Torondel, Cédric Herrou et ceux que l’on a surnommés «les 7 de Briançon».

Aux droits des migrants s’ajouteront peut-être bientôt, dans cette WENA oublieuse de ses principes historiques, les droits des femmes. C’est ce que semble démontrer le cas de Vanessa Mendoza Cortés, psychologue et présidente d’une association féministe en Andorre, que le gouvernement de la petite principauté blottie entre France et Espagne a traînée en justice pour être allée s’exprimer sur les droits des femmes devant les Nations Unies – la nouvelle «mode» en matière de représailles contre les DDH étant en effet de pénaliser celles et ceux qui coopèrent avec les agences de l’ONU sur des thématiques locales ou nationales dans leur pays. L’intervention de l’AWC en sa faveur fut la première qui nous vit utiliser, dans l’une de nos interpellations écrites aux gouvernements nationaux en matière de Droits Humains, la langue catalane qui est officielle en Andorre !

Capture d’écran Amnesty International France

Pour Paulo Coelho, «Le monde change par votre exemple et non par votre opinion». Dans une WENA dont les gouvernements sont souvent prompts à donner des leçons en matière de Droits Humains au reste du monde, non dans une moindre mesure aux BRICS dont les membres, issus du Global South ou «Sud Mondial», s’en veulent les porte-parole dans une alternative économique – et politique – à l’hégémonie de la même WENA, un exemple aussi diamétralement opposé à l’opinion professée sera difficilement de nature à impressionner les gouvernements mis en cause, ou a fortiori à rassurer des DDH locaux regardant vers la WENA pour trouver encore inspiration et courage face aux coups portés par leurs gouvernants.

Dans leur essai de 2020 intitulé en anglais The Light that Failed, d’après un ouvrage de Rudyard Kipling intitulé en français La lumière qui s’éteint, Ivan Krastev et Stephen Holmes analysent l’échec de la WENA comme modèle pour les démocraties nouvelles issues de la fin de l’URSS et, a contrario, l’inspiration que d’aucuns dans les pays concernés, à commencer par Viktor Orban en Hongrie, ont fournie aux tenants du populisme en WENA comme Donald Trump. N’en déplaise à ces derniers, si l’on peut tenter de forcer le présent à singer le passé, aucun dictateur, aussi implacable soit-il, ne pourra jamais retourner la flèche du temps vers l’arrière, pas plus que ne le pourra jamais le vote le plus démocratique qui soit. L’an zéro de l’après-Guerre Froide, l’année 1992, est loin derrière nous, comme le sont 1993 et la Conférence de Vienne. Impossible de repartir à zéro sur la base d’un espoir failli. Mais rien n’empêche d’en créer un nouveau, qui soit cette fois pour le monde entier, WENA comprise. Et depuis vingt-cinq ans, un instrument du droit international des Droits Humains existe pour nous y aider. Il serait temps que l’on s’en rende compte et que l’on en fasse bon usage.

L’incarnation en droit international de la Citoyenneté Mondiale

Lorsque la DDDH a été adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU, dans ce qui est depuis 1952 sa résidence permanente sur l’East River à New York, l’histoire du mouvement Citoyen du Monde n’a pas retenu la présence de quiconque ayant tenté de camper devant les Nations Unies, ni d’une quelconque tentative d’interruption des débats pour lire une déclaration rédigée par un écrivain célèbre du moment. Tout s’est déroulé dans le calme le plus parfait, la procédure du consensus ayant même permis aux États les moins décidés, voire les plus réticents, de sauver tant soit peu la face. A vrai dire, la DDDH est même une œuvre anonyme, le temps des Roosevelt et des Cassin appartenant à l’histoire et les projets de résolutions étant désormais l’œuvre de professionnels spécialisés, qui sont et resteront donc, à la différence des légendaires promoteurs de la DUDH, des Inconnus dans la maison, pour reprendre le titre d’un ouvrage de Georges Simenon porté à l’écran en 1992 par Georges Lautner – dont ce fut la dernière réalisation – et où Jean-Paul Belmondo, jusqu’alors habitué aux films d’action et aux cascades, interprétait un rôle autrement moins exigeant sur le plan physique puisqu’il y incarnait un avocat.

«Inconnue dans la maison», celle des Citoyens du Monde, c’est ce qu’est la DDDH encore aujourd’hui. Elle qui, pourtant, incarne une forme de Citoyenneté Mondiale sans précédent dans l’histoire, celle d’une consécration de l’action civique individuelle en termes mondiaux, même à un pur niveau local, et de l’exigence de coopération signifiée aux autorités étatiques. Elle qui, à sa manière, incarne la Citoyenneté Mondiale telle que la conçoit l’AWC, «entièrement engagée» auprès des Nations Unies, selon les mots de feu notre Président-fondateur Douglas Mattern, et pour laquelle la Citoyenneté Mondiale se conçoit en plus de la citoyenneté nationale, non pas à la place, ce que rien ne prévoit non plus, du reste, au sein du système des Nations Unies. Elle qui, mieux connue et plus souvent revendiquée, ne pourrait que changer la vie publique pour le meilleur.

La DDDH ne crée pas d’immunité judiciaire ou diplomatique, elle n’est pas une charte de privilèges exonérant le citoyen de ses devoirs envers la communauté où il vit. Héritée du temps où le monde sortait d’une prise en otage permanente de son présent et de son avenir par deux pays le menaçant chacun d’un holocauste nucléaire, elle représente aujourd’hui la traduction en droit international public d’un droit devenu plus fondamental que jamais – celui de ne pas laisser aux seules autorités nationales la protection des droits de chaque personne et de prendre entre ses mains, pour elle-même et pour les autres, la défense de ces droits.

Invoquant lui aussi la Guerre Froide, alors qu’elle se profilait à l’horizon de l’automne 1948, ainsi que ce même droit de prendre sa vie et ses droits entre ses mains, Garry Davis était allé à l’ambassade américaine à Paris rendre sa nationalité et son passeport pour se déclarer Citoyen du Monde. Il s’attendait à être suivi de manière massive, mais si ses idées avaient en effet porté, les ambassades des divers États indépendants de la planète, autrement moins nombreux qu’aujourd’hui en ce temps-là, n’ont en revanche pas vu d’afflux de leurs citoyens venus leur rendre leurs passeports. Depuis un quart de siècle, la DDDH affirme que le civisme mondial n’implique aucune rupture avec l’État-nation et ne se définit pas par la seule possession d’une carte d’identité «mondiale» avec photo, mais par une prise de responsabilité altruiste et universaliste à la portée de toutes et tous.

En un mot, la Citoyenneté Mondiale existe déjà, non pas à titre symbolique mais en pur et vrai droit international. Et parce qu’elle la rend possible, la DDDH, l’inconnue dans la maison des Citoyens du Monde, mérite qu’on la connaisse plus. Et surtout mieux.

Bernard J. Henry est Officier des Relations Extérieures de l’Association of World Citizens.

Torture in Wartime: Growing Awareness—a Human Rights Council Focus

In Being a World Citizen, Conflict Resolution, Human Rights, Humanitarian Law, International Justice, NGOs, Solidarity, The Search for Peace, Track II, United Nations, War Crimes, Women's Rights, World Law on December 19, 2023 at 12:19 PM

The Association of World Citizens (AWC) first raised the issue of the use of sexual torture in time of violent conflicts in the United Nations (UN) Commission on Human Rights in March 2001, citing the judgement of the International Criminal Tribunal for the former Yugoslavia, which maintained that there can be no time limitations on bringing the accused to trial.

The AWC presentation highlighted sexual violence in the conflicts in what is today the Democratic Republic of Congo, formerly Zaire. Conflict related sexual violence refers to rape, sexual slavery, forced prostitution, forced abortion and other ways to humiliate. To the best of my knowledge, no person in Zaire/DRC was tried. Awareness building and enforcement measures develop slowly.

The UN Human Rights Council, the current incarnation of what was once the Commission on Human Rights, has developed a pattern of having Special Rapporteurs on specific topics or countries. The Special Rapporteur is not a UN or a national civil servant and is not paid, though work-related expenses are covered and UN Secretariat help is given. This independence, it is hoped, gives greater freedom to speak out. There has been a Special Rapporteur on Torture nearly from the start of Special Rapporteurs.

The current Special Rapporteur on Torture is Prof. Alice Jill Edwards, originally from Australia and now an academic research fellow in Geneva. She has worked in the past both for the UN and for Nongovernmental Organizations (NGOs). She has worked with rape victims in Bosnia-Herzegovina and has long argued that rape should qualify as a form of torture.

She was recently in Ukraine, a first mission in time of war. As she said,

“We are living in an era of war, and we have lost the art of mediation, compromise and acceptance of each other.”

While her findings have not yet been presented, she gave an overview of persons met and situations faced. She was concerned with the use of torture both by Russian military and by Ukrainian military and police. From her interviews in Ukraine, she holds that it is Russian state policy to use torture for military ends – whether to obtain intelligence, to humiliate and debase the enemy, and to keep the community in a state of fear.

The Ukrainian military and police are also willing to use torture on Russian prisoners of war as well as on alleged collaborators – Ukrainians who would have helped the Russian forces in different ways or who had administered areas that came under Russian control.

There are also NGO representatives who are collecting information, but many victims of torture have been traumatized and recalling accurately specific events is often difficult.

It is difficult to know what the state of justice will be once the armed conflict ends. In many cases, there is a reluctance to bring perpetrators to trial in order not to “open fresh wounds”. It is a vital issue that we must follow closely.

Prof. René Wadlow is President of the Association of World Citizens.

Nobel Peace Prize honors “Woman, Life, Liberty” and human rights endeavors

In Being a World Citizen, Current Events, Democracy, Human Rights, Middle East & North Africa, Solidarity, United Nations, Women's Rights, World Law on December 13, 2023 at 12:40 PM

By René Wadlow

On the traditional date of December 10, the Nobel Prize for Peace was awarded to the Iranian woman human rights activist Narges Mohammadi. She is in Evin Prison in Iran, called by some “The University of Evin” for the large number of intellectuals held there. Thus, the award was received by her twin children Ali and Kiana who live in exile in Paris with their father Taghi Rahmani, also a human rights activist.

Narges Mohammadi was put in prison for her human rights writings in 2016 and liberated in 2020, only to be put back in prison in November 2021 where living conditions are very difficult and her health has weakened.

In honoring Narges Mohammadi, the Nobel Committee was honoring the many women (and some men) who have taken to the streets and the school yards to protest the death at the hands of the “morality police” of Mahsa Amini with the battle cry of “Woman, Life, Liberty.”

Source: CBS News

The protests began on September 3, 2022 at the announcement of the death of 22-year-old Mahsa Amini in police custody, having been arrested by the “morality police” for having some of her hair beyond the hijab (veil). She was an ethnic Kurd. The protests began in the Kurdish areas but soon spread to all ethnic groups and to many parts of the country.

Women have been a central focus of the social policy of the Iranian Islamic government. Even before coming to power in 1979, Ayatollah Khomeini from his exile in France had said that the overly great liberty of women was a chief obstacle to his policies. Repressive policies against women with compulsory veiling laws were quickly put into place once in power.

Unlike what happened in Afghanistan because of the Taliban, women have not been barred from higher education. It is estimated that some 65 per cent of university students are women. Many women play important roles within society but must keep a low profile, dress according to the dress code, and be under the control of a man at least when visible in public.

However, things are changing. Increasingly, the symbolic themes of the protests are shifting from a focus on the restrictions on women to the nature of the clerical regime itself. The conservative president Ebrahim Raissi is called into question. As Narges Mohammadi has said, “Can you hear the first sounds of the walls which are cracking? Soon you will hear the walls falling into dust by the strength and determination of the Iranians.”

Prof. René Wadlow is President of the Association of World Citizens.

Women as Peacebuilders

In Being a World Citizen, Conflict Resolution, Human Rights, NGOs, Solidarity, The Search for Peace, Track II, United Nations, Women's Rights on October 31, 2023 at 8:00 AM

By René Wadlow

October 31 is the anniversary of the United Nations (UN) Security Council Resolution 1325 which calls for “the full and equal participation of women in conflict prevention, peace processes, and peacebuilding, thus creating opportunities for women to become fully involved in governance and leadership.” This historic Security Council Resolution 1325 of October 31, 2000 provides a mandate to incorporate gender perspectives in all areas of peace support.

Since 2000, there have been no radical changes in UN or governmental practices as a result of Resolution 1325, but the goal has been articulated and accepted.

As UN Secretary-General Antonio Guterres wrote in his 2023 Report on Women, Peace, and Security, “Despite our best efforts, women represented just sixteen percent of negotiators or delegates in the peace processes led, or co-led, by the United Nations.” Women were almost completely missing from peace processes in situations monitored by the UN Security Council such as Ethiopia, Sudan, Libya, and Myanmar.

There has been a growing awareness that women are not just victims in violent armed conflicts and wars – “collateral damage” – but are chosen targets. Recent conflicts have served to bring rape and other sexual atrocities as deliberate tools of war to the forefront of international attention. Such violations must be properly documented; the perpetrators brought to justice; and victims provided with redress.

However, women should not only be seen as victims of war. They are often significantly involved in taking initiatives to promote peace. Some writers have stressed the essential link between women, motherhood, and nonviolence, arguing that those in mothering work have distinct motives for rejecting war which run in tandem with their ability to resolve conflicts nonviolently. Others reject this position of a gender bias toward peace and stress rather that the same continuum of nonviolence to violence is found among women as among men.

In practice, it is never all women nor all men who are involved in peacemaking efforts. Sometimes, it is only a few persons, especially at the start of peacemaking efforts. The basic question is how best to use the talents, energies, and networks of both women and men for efforts at conflict resolution.

October 31 can serve as a day of rededication to inclusive processes for peacebuilding.

Prof. René Wadlow is the Association of World Citizens.

Agressions contre les femmes : Pas de châteaux en Espagne !

In Being a World Citizen, Current Events, Europe, Human Rights, Latin America, Middle East & North Africa, Solidarity, United Nations, Women's Rights, World Law on September 18, 2023 at 7:00 AM

Par Bernard J. Henry

«Bâtir des châteaux en Espagne», que signifie cette expression devenue quelque peu désuète en français ? Elle désigne une personne qui se crée des rêves et des projets chimériques, qu’il ne lui sera jamais possible d’atteindre. L’expression remonterait au seizième siècle, se référant au manque de châteaux dans la péninsule ibérique où, après la Reconquista de 1492, ceux-ci avaient été détruits afin que les Maures, l’ennemi musulman chassé et rêvant de revanche comme le met en scène Corneille dans Le Cid, ne puisse en cas d’invasion les prendre et en faire des places fortes. Depuis lors, «bâtir des châteaux en Espagne» désigne ce qu’il est absurde d’envisager et ne peut exister.

Si l’Espagne est le lieu, au théâtre, des exploits du jeune Don Rodrigue, avant même Corneille et depuis l’Espagne même puisque Guillén de Castro avait écrit avant lui Les Enfances du Cid (Las Mocedades del Cid), elle est aussi celui, en littérature, de l’épopée de deux autres seigneurs, deux «Don», aux ambitions bien opposées.

En ce même dix-septième siècle, Tirso de Molina écrivait El Burlador de Sevilla y convidado de piedra, L’Abuseur de Séville et le convive de pierre, première évocation de Don Juan, séducteur sans scrupule, qui se vit par la suite transposé sur scène par Molière dans Dom Juan ou le festin de pierre puis à l’opéra par Mozart dans Don Giovanni.

C’est aussi l’époque où Miguel de Cervantes rédige son El ingenioso hidalgo don Quijote de la Mancha, L’Ingénieux Don Quichotte de la Mancha, où un hidalgo de basse noblesse se décrète chevalier du Moyen Age et décide de parcourir l’Espagne pour faire justice – fût-ce au prix de l’absurde et du ridicule, comme lorsqu’il décide de s’attaquer à des moulins à vent qu’il prend pour des géants.

En 1965, les Américains Dale Wasserman, Joe Darion et Mitch Leigh créèrent à partir du même personnage une comédie musicale intitulée Man of La Mancha (L’homme de la Mancha). Cervantes lui-même y est mis en scène et Don Quichotte, voulu par son auteur initial comme la satire d’une société espagnole par trop rigide et passéiste, devient un homme noble de naissance mais aussi d’esprit, porté par une «quête» qui le pousse à rechercher «l’inaccessible étoile». Portée à l’écran en 1972 par Arthur Hiller puis adaptée en français par Jacques Brel, la comédie musicale deviendra surtout connue pour sa chanson-phare La Quête, que reprendront ensuite sur scène plusieurs chanteurs français illustres comme Julien Clerc et Johnny Hallyday. «Tenter, sans force et sans armure, D’atteindre l’inaccessible étoile», je mentirais en disant que je n’y trouve pas une certaine inspiration, voire une inspiration certaine, certains jours de regard courbé – là et, à vrai dire, dans tout le reste de la chanson.

Hélas, depuis plusieurs semaines, les Cid et les Don Quichotte semblent avoir perdu le chemin de Madrid, là où les Don Juan, non pas les losers de la séduction chantés avec dérision par Claude Nougaro mais les vrais, ceux qui jouent des femmes comme d’objets et se voient engloutis par l’enfer – ou, du moins, prennent une sérieuse option sur un aller simple là-bas le jour venu de quitter ce monde, donnent le sentiment amer de retenir désormais toute l’attention de l’Espagne, et avec elle de toute la terre, pour des forfaits autrement plus graves que la séduction impertinente et égoïste d’un grand d’Espagne qui se rêvait aussi pourfendeur de Dieu lui-même.

Luis Rubiales soutenu par Woody Allen : «Il ne l’a pas violée»

Qui dit Coupe du Monde de Football disait jadis compétition, tous les quatre ans, entre des équipes d’hommes. C’était oublier que, depuis 1991, la Fédération internationale de Football Association (FIFA) organise aussi, tous les quatre ans, une Coupe du Monde Féminine de Football, créée en 1970 et donc «officielle» depuis plus de trente ans. Là où les éditions précédentes s’étaient tenues sans susciter grand intérêt chez les médias internationaux, l’édition 2023 a brisé les codes et mis le football féminin pour de bon sur la carte du sport mondial.

Le 20 août, à l’issue du match remporté par l’Espagne, Luis Rubiales, Président de la Royale Fédération espagnole de Football (FREF), vient féliciter l’attaquante Jenni Hermoso mais, sans demander la permission ni y être invité, lui agrippe l’entrejambes et l’embrasse sur les lèvres. La footballeuse confirme n’avoir jamais donné son consentement, ce qui fait du baiser forcé de Luis Rubiales une agression sexuelle.

Après les Américaines victorieuses en 2019, là où leurs homologues masculins ne rencontrent guère de succès lors des rencontres internationales, ce sont les Espagnoles qui ont remporté la Coupe cette année, en vainquant les Anglaises qui jouaient, sinon à domicile, du moins à l’intérieur du Commonwealth puisque l’organisation de la Coupe avait été confiée conjointement à l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Mais tout juste derrière l’exploit sportif des Espagnoles se cachait une fin autrement plus dramatique de cette épopée sportive, une fin inadmissible en elle-même, plus encore en cette année 2023 où le film Barbie, érigé en conte philosophique pour les droits des femmes, a bouleversé le monde.

Aussitôt mis en cause, Luis Rubiales balaie toute accusation, se posant en victime de ce qu’il présente comme «un faux féminisme», alors que le monde entier l’a vu et que Jenni Hermoso confirme qu’elle n’était pas consentante. Le 26 août, la RFEF suspend Rubiales de la présidence, qu’il refuse cependant de quitter. En fin de compte, le 10 septembre, Rubiales annonce bel et bien sa démission, à l’issue d’une carrière de dirigeant de la RFEF déjà émaillée de scandales.

Il part non sans avoir reçu, pour son agression sexuelle contre Jenni Hermoso, le soutien de Woody Allen, le célèbre acteur-réalisateur américain lui-même accusé d’abus sexuels sur sa fille adoptive Dylan et qui vient donc affirmer des gestes de Rubiales sur Jenni Hermoso qu’il «ne l’a pas violée». Comme le dit l’expression américaine, With friends like these, who needs enemies?, Avec des amis pareils, on n’a plus besoin d’ennemis !

Isa Balado : «Tu as vraiment besoin de me toucher le cul ?»

A peine l’Espagne et le monde sortaient-ils du scandale Rubiales qu’un nouveau drame se produisait, une fois encore en public et en direct à la télévision. Et le lieu ne pouvait être plus annonciateur puisque l’agression s’est produite à Madrid, Place … Tirso de Molina.

Le 12 septembre, lors de l’émission En Boca de Todos (Tout le Monde en Parle) de la chaîne espagnole Cuatro, la journaliste Isa Balado s’exprimait en extérieur face caméra. Arrivant par derrière, un homme lui a demandé pour quelle chaîne elle travaillait – mais non sans lui avoir, devant la caméra, touché les fesses.

Le présentateur de l’émission a demandé à Isa Balado de confirmer le geste abject de l’importun, ce qu’Isa Balado n’a pu que faire, embarrassée. Après qu’elle a fait remarquer son forfait au coupable, qui l’a nié, elle a ajouté que même lui demander pour quelle chaîne elle travaille n’autorisait pas un tel abus gestuel. «¿De verdad me tienes que tocar el culo?», «Tu as vraiment besoin de me toucher le cul ?» a lancé Isa Balado à son agresseur. Après avoir tenté cette fois de toucher les cheveux d’Isa Balado, qui a tourné la tête pour esquiver le geste, il a fini par s’en aller.

Le scandale fut immédiat, avec des réactions y compris au niveau du Gouvernement, et après un appel de Cuatro à la Police nationale espagnole, l’auteur des attouchements fut rapidement arrêté. Mais rien n’était pourtant réglé.

Malgré le flagrant délit, filmé en direct, le Tribunal de Première Instance N° 54 de Madrid rejeta les réquisitions du parquet qui exigeait l’interdiction pour l’agresseur de communiquer avec sa victime et de s’approcher à moins de trois cents mètres d’elle. Pour le président du tribunal, l’accusé «ne connaissait pas la victime jusqu’au moment des faits», bien qu’il reste à expliquer en quoi ce serait une excuse, et l’agression contre Isa Balado ne constituait pas «une situation de risque, d’urgence, de violence ou d’intimidation contre la journaliste», toute femme dans la rue devant donc selon lui se sentir en sécurité lorsqu’un inconnu vient toucher son corps sans permission ni demande de sa part.

L’affaire ayant été transmise à une autre juridiction pour compétence, les réquisitions du parquet peuvent toutefois encore être acceptées et mises en application. Il n’en demeure pas moins que, même en ce cas, le premier juge saisi aura bel et bien refusé d’agir contre l’auteur d’une agression sexuelle devant des millions de téléspectateurs …  Avec tout ce que cela dit d’une société, Amnesty International elle-même qualifiant l’acte de «violation des Droits Humains«, là où un juge nommé par l’Etat et payé par le contribuable pense qu’une femme peut être la Barbie d’un homme non parce qu’elle lui fait comprendre qu’elle a des droits égaux aux siens mais parce qu’il pourrait la toucher tant qu’il le veut, où il le veut, quand il le veut, voire la déshabiller et l’abandonner à son dénuement s’il en trouve une autre plus divertissante.

(C) Amnesty International

Agressées en Espagne pour avoir défendu les prisonnières politiques du Nicaragua

Ces deux affaires ayant eu lieu en Espagne, du moins entre des sujets espagnols, doivent-elles amener à conclure que le pays serait spécialement sexiste ? Deux malfaisants ne représenteront jamais tout un peuple, et bien que l’Espagne reste une société patriarcale comme toutes les sociétés du bassin méditerranéen où cohabitent les cultures chrétienne, juive et musulmane, les réactions fortes du Gouvernement espagnol démontrent que l’impunité en la matière y est révolue.

Le malheur, c’est que le Royaume d’Espagne est une nation de la WENA (Western Europe and North America ; Europe occidentale et Amérique du Nord) qui donne des leçons au monde entier sur les droits des femmes, et si ni l’Espagne entière ni, a fortiori, ses gouvernants ne sont ici en faute, leur attitude ayant justement été la bonne, il suffit de trois Espagnols, dont l’un agissant tout de même comme juge, pour donner le pire des exemples en Espagne même et partout ailleurs au monde.

Et le mauvais exemple a frappé au moins une fois déjà, les victimes en étant des ressortissantes du Nicaragua où Daniel Ortega et Rosario Murillo imposent désormais leur règne sans partage. Le pire, c’est que leurs agresseurs n’étaient pas des agents de l’Etat en uniforme, main sur la matraque ou prêts à tirer sur des femmes désarmées et prises pour cible sans les avoir provoqués, quelque part dans une ruelle sombre de Managua ou à l’abri du silence d’un village reculé. Il s’agissait de civils, eux aussi désarmés, et l’agression ne s’est pas produite au Nicaragua mais … En Espagne.

Le 24 août, lors du concert d’un chanteur péruvien dans une txosna, auberge traditionnelle accueillant des spectacles, au Pays Basque espagnol, un groupe de femmes nicaraguayennes avaient déployé le drapeau de leur pays accompagné de l’inscription Libertad a las presas políticas, Liberté pour les prisonnières politiques. Soudainement, un homme s’est approché d’elles, les invectivant sur l’inscription qu’elles brandissaient, et sitôt qu’elles ont répliqué qu’elles avaient le droit d’être là, l’homme s’est mis à pousser l’une d’elles avec violence. Une barrière humaine s’est aussitôt formée pour défendre les féministes nicaraguayennes, et après leur avoir crié qu’elles «ne connaissaient pas le passé du Nicaragua», rien de moins, l’homme a été contraint de s’en aller.

Se croyant délivrées de leur agresseur, les féministes n’étaient pourtant pas pour autant à l’abri. Peu après, un autre homme, qui s’est présenté comme membre d’Askapeña, organisation indépendantiste basque se réclamant de l’internationalisme marxiste, est venu les prendre à partie en exigeant qu’elles s’en aillent immédiatement. S’étant prévalues là encore de leur droit d’être présentes à la txosna en tant qu’espace de liberté, les féministes nicaraguayennes se sont entendu rétorquer par l’homme qu’il insistait pour qu’elles s’en aillent au nom de la «solidarité internationaliste», ajoutant que brandir leur drapeau en revendiquant la libération des prisonnières politiques était «une honte» et qu’elles n’avaient «aucune idée de ce qu’est la politique». Devant leur insistance, l’homme est monté sur la scène, interrompant le concert. Au micro, il a désigné les féministes à toute la salle, leur enjoignant de «s’attendre aux conséquences de leurs actes» puis les filmant avant de déployer sur la scène un drapeau du Frente Sandinista de Liberación Nacional, Front sandiniste de Libération nationale, le parti de facto unique de Daniel Ortega et Rosario Murillo au Nicaragua.

Il a fallu que les membres de deux organisations, basque et péruvienne, apportent leur secours aux féministes afin d’éviter un lynchage au nom de la «solidarité internationaliste», apparemment celle des dictateurs, des oppresseurs et, surtout, des hommes lâches qui s’en prennent aux femmes tels des loups en meute.

C’était le 24 août – donc après le baiser forcé et les attouchements sexuels de Luis Rubiales contre Jenni Hermoso, qui avaient d’ores et déjà fait le tour du monde et, sans que l’on puisse en douter, allaient ensuite inspirer l’agresseur d’Isa Balado. Pas d’abus sexuels cette fois-ci, dira-t-on ? Certes. Mais l’idée que les femmes sont inférieures et doivent se conformer aux volontés des hommes, même lorsqu’il s’agit d’idéaux politiques se réclamant du progressisme et qui devraient donc en toute logique inclure le féminisme, était bien présente dans toute son horreur. Dans cette Espagne de Don Juan piétinant sans remord l’amour des femmes envers lui, c’est plutôt ici à Tomás de Torquemada que l’on pense, le moine dominicain qui fut le maître d’œuvre de l’Inquisition au quinzième siècle. Si les dogmes changent, le dogmatisme reste, le bûcher se muant en imprécation verbale et les victimes, jadis les Juifs et les Musulmans, en devenant les femmes.

En Iran, les femmes en danger si l’Occident ignore le sexisme

Plus que jamais, la pression doit être maintenue sur les gouvernements du monde qui ignoreraient, voire nieraient, les droits des femmes. Bien entendu sur l’Afghanistan des Talibans et leur apartheid de genre, mais aussi sur le voisin et ancien ennemi des Talibans, la République islamique d’Iran, où résonnait voilà un an le slogan kurde Jin, Jiyan, Azadî, Femme, Vie, Liberté, devenu depuis mondial, après le meurtre par la police des mœurs islamique de la jeune entraîneuse de natation et aspirante-médecin Mahsa Jina Amini, par ailleurs membre des minorités kurde et sunnite du pays. Si le régime des mollahs se maintient depuis à Téhéran, le mouvement populaire de septembre 2022 l’a considérablement affaibli et il le sait, tentant de maintenir une apparence de contrôle sur les esprits mais ne trompant plus personne.

Une autre jeune femme issue d’une minorité ethnique, Elaheh Ejbari, âgée de vingt-deux ans, a récemment attiré l’attention en subissant des tortures qui ont manqué de faire d’elle une nouvelle Mahsa Amini. Elaheh Ejbari, qui est baloutche, avait fui son Sistan-Baloutchistan d’origine aux traditions patriarcales archaïques pour Téhéran où elle avait manifesté après le meurtre de Mahsa Amini. Elle y gagnait sa vie en dispensant des cours particuliers de langues.

Le 5 décembre dernier, revenant d’un cours, elle est enlevée par des inconnus qui la jettent dans une camionnette. L’insultant sur sa peau mate et son origine baloutche, ils l’accusent d’être à la solde de groupes d’opposition à l’étranger puis, après l’avoir frappée, ils lui coupent les cheveux de force, lui arrachent ses vêtements et en viennent – eux aussi – aux attouchements sexuels, lui disant tout leur mépris de la lutte des femmes d’Iran depuis un an.

«Tu aimes ça. Tu dis ‘Femme, vie, liberté’, tu veux te retrouver toute nue, c’est ça ton slogan ? Alors c’est que tu aimes ça. Tu devrais nous remercier.»

Après quatre jours de séquestration, où ils lui répétaient qu’ils ne la tueraient pas mais la renverraient au Baloutchistan pour que ses oncles s’en chargent, ils jettent Elaheh Ejbari en pleine rue. Elle retrouve ses amies, bien sûr inquiètes depuis quatre jours, et leur raconte son calvaire. Sa vie désormais détruite, ses élèves de cours de langues se désistant les uns après les autres et le propriétaire de son logement l’expulsant – peut-être, selon elle, par suite de pressions – elle finit par s’exiler en Turquie où elle vit aujourd’hui.

Difficile – ou hypocrite – de ne pas voir un lien entre les ravisseurs d’Elaheh Ejbari et les autorités iraniennes, qui se savent par trop scrutées désormais pour encore tenter par elles-mêmes au grand jour de tels actes de répression. Le seul langage des lâches alors même qu’ils violaient Elaheh Ejbari suffit à s’en convaincre, l’idée que les femmes sont soit soumises aux diktats masculins, en premier lieu vestimentaires, soit «toutes nues» et génératrices de tentations malsaines pour de pauvres petits hommes fragiles incapables de contrôler des pulsions animales en eux naturelles, constituant un moyen de blocage mental traditionnel du discours islamiste, et la République islamique d’Iran, bien que friande de liens avec l’extrême droite occidentale, islamophobe par excellence, n’en étant pas moins le premier régime islamiste du monde depuis la révolution de 1979.

Naturellement, quatre sujets du Royaume d’Espagne qui ne sont jamais allés en Iran ne peuvent être responsables de ce qui est arrivé à Elaheh Ejbari – et qui s’est produit de toute manière avant les faits qui les ont rendus tristement célèbres. Mais demain, si les dirigeants des pays de la WENA venaient à faiblir face au sexisme devant leurs propres peuples, ces quatre individus et ces mêmes dirigeants pourraient porter leur part de responsabilité dans les violences commises contre d’autres Elaheh Ejbari, Téhéran ne rêvant sans doute pas mieux que l’indifférence de l’Occident lorsqu’il retire toute liberté, voire toute vie, à une femme.

«Le trop de confiance attire le danger»

Même des gouvernements de bonne volonté dans la WENA ne sauront imposer l’idée que les droits des femmes ne sont pas et ne seront jamais solubles dans le discours politique, même lorsqu’il entend se parer de l’absolu de la religion, sans une fermeté exemplaire contre qui, dans la WENA même, se comporte en sens contraire, fût-ce avec le soutien malvenu d’un artiste connu – lui-même mis en cause pour des faits semblables – voire d’un juge.

Ces dernières semaines, l’Espagne a été touchée plus que d’habitude par le problème, mais demain, n’importe quelle nation de la WENA peut l’être à son tour et la nocivité du mauvais exemple ne serait pas moindre s’il s’agissait, loin de la Méditerranée aux traditions patriarcales, de Nordiques scandinaves ou canadiens. La même responsabilité se poserait alors au gouvernement du pays touché d’affirmer clairement qu’il n’existe pas, d’un côté, ses propres bonnes intentions et, de l’autre, l’horreur sexiste de ses administrés dont il s’indigne mais sans plus. Tout comme les politiques européens ont dû apprendre que contrer l’extrême droite xénophobe n’était plus depuis longtemps une seule question de morale, les partis populistes devant être contrés et combattus y compris et d’abord sur le plan substantiel, ils doivent aujourd’hui comprendre que la lutte contre le sexisme ne se satisfait pas davantage du seul anathème.

Autrement, comment la WENA pourrait-elle continuer à convaincre le reste du monde de l’importance des droits des femmes, tels que les définit la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) loin d’être encore ratifiée aussi universellement que l’est, à titre d’exemple, la Convention internationale des Droits de l’Enfant ? Comment rappeler encore et toujours les dispositions de la Résolution 1325 (2000) du Conseil de Sécurité des Nations Unies consacrant le rôle crucial des femmes dans la paix et, justement, la sécurité ? Comment soutenir encore les femmes œuvrant à travers le monde à la démocratie, au développement, à la protection de l’environnement, à la santé, à l’éducation ainsi que dans tous les autres domaines de la société ? Sans oublier toutes celles qui s’illustrent dans le journalisme comme Isa Balado, dans le sport comme Jenni Hermoso, et dans tout ce qui fait d’une civilisation et d’un mode de vie ce qu’ils sont, avec le sort qu’ils réservent aux femmes comme ultime indice de leur humanité.

«Le trop de confiance attire le danger», écrivait Corneille dans Le Cid, où ces mots étaient ceux du roi d’Espagne Don Fernand face à ses conseillers minimisant la montée d’une flotte d’invasion maure vers Séville, invasion qui allait être mise en échec par le jeune Don Rodrigue devenant ainsi «Le Cid» d’après sid, «seigneur» en arabe. «Le trop de confiance», c’est bien souvent ce qui mène à bâtir des châteaux en Espagne, et les derniers événements dans le pays ou liés à ses citoyens viennent rappeler, de manière aussi tragique qu’opportune, que le combat contre le sexisme n’a rien d’une charge de Don Quichotte contre un moulin à vent et que, pour les auteurs d’agressions sexuelles, l’enfer où se voit englouti Don Juan en châtiment de ses provocations répétées, c’est sur cette terre qu’il doit se trouver, ou plutôt, qu’il faut le créer. Cet enfer, ce sera le monde qui leur fait si peur, celui où plus jamais aucune femme n’aura peur.

Bernard J. Henry est Officier des Relations Extérieures de l’Association of World Citizens.

Iran Repression Continues: NGO Action Needed

In Being a World Citizen, Current Events, Democracy, Fighting Racism, Human Rights, Middle East & North Africa, NGOs, Solidarity, Track II, United Nations, Women's Rights on August 22, 2023 at 5:23 PM

By René Wadlow

Repression of protests in Iran continues. A wave of protests swept across the country in the wake of the September 2022 death in custody of 22-year-old Mahsa Jina Animi, an ethnic Kurd and Sunni Muslim. It is estimated that the Iranian security forces have killed over 500 protesters and arrested some 20,000 persons of all ethnic and religious backgrounds.

In response to the State-led violence, on November 24, 2022, the United Nations (UN) Human Rights Council created the International Independent Fact-Finding Mission on the Islamic Republic of Iran with the chairmanship of Sera Hossain of Bangladesh.

Mahsa Amini

One aspect of the repression of protests is that religious leaders of the Sunni Muslim communities, especially in Iran’s Sistan and Baluchistan province and in the Kurdish provinces, are being increasingly targeted by the Islamic Republic’s authorities for arrest and imprisonment because of their peaceful criticism of the repression of protests. Iran is a majority Shia Muslim country, and Shiism is the official religion of the State.

Religious minorities include Sunni Muslims, Christians, Baha’is, Zoroastrians, Jews, and the Gonabadi Sufi community. Religious and ethnic identities in Iran often overlap. The Association of World Citizens (AWC) has repeatedly appealed to UN human rights bodies concerning the discrimination and repression of persons of the Baha’i faith.

Another aspect of the repression of protests has been the public hanging of some protesters. The AWC has repeatedly called upon governments for a moratorium on executions with a view of abolishing the death penalty – a penalty that extensive research has shown has little or no impact on the level of crime and too often opens doors to judicial errors and injustices.

The UN International Independent Fact-Finding Mission on the Islamic Republic of Iran has called on Nongovernmental Organizations for direct information. The broader community of NGOs needs to keep public attention focused on events in Iran.

Prof. René Wadlow is President of the Association of World Citizens.

Politics Beyond National Frontiers

In Being a World Citizen, Conflict Resolution, Cultural Bridges, Democracy, Environmental protection, Human Development, Human Rights, Humanitarian Law, International Justice, Migration, Modern slavery, NGOs, Nonviolence, Refugees, Religious Freedom, Social Rights, Solidarity, Sustainable Development, The Search for Peace, Track II, United Nations, Women's Rights, World Law on May 24, 2023 at 6:38 AM

By René Wadlow

In our current globalized world society, there is an increased role for politics without borders. Politics no longer stops at the water’s edge but must play an active role on the world stage. However, unlike politics at the national level which usually has a parliament at which the actors can recite their lines, the world has no world parliament as such. Thus, new and inventive ways must be found so that world public opinion can be heard and acted upon.

The United Nations (UN) General Assembly is the closest thing to a world parliament that we have today. However, all the official participants are diplomats appointed by their respective States – 195 member states. UN Secretariat members, the secretariat members of UN Specialized Agencies such as UNESCO and the ILO, are in the hallways or coffee shops to give advice. Secretariat members of the financial institutions such as the World Bank and the IMF are also there to give advice on costs and the limits of available funds. The representatives of Nongovernmental Organizations (NGO) in Consultative Status with the UN who can speak at sessions of the Economic and Social Council and the Human Rights Council cannot address the General Assembly directly. However, they are also in the coffee shops and may send documents to the UN missions of national governments.

(C) Jérôme Blum

Politics without borders requires finding ways to express views for action beyond the borders of individual countries. Today, most vital issues that touch the lives of many people go beyond the individual State: the consequences of climate change, the protection of biodiversity, the resolution of armed conflicts, the violations of human rights, and a more just world trade pattern. Thus we need to find ways of looking at the world with a global mind and an open heart. This perspective is an aim of world citizenship.

However, World Citizens are not yet so organized as to be able to impact political decisions at the UN and in enough individual States so as to have real influence. The policy papers and Appeals of the Association of World Citizens (AWC) are often read with interest by the government representatives to whom they are sent. However, the AWC is an NGO among many and does not have the number of staff as such international NGOs as Amnesty International, Human Rights Watch, and Greenpeace.

The First Officer and External Relations Officer, Bernard J. Henry, and the Legal and Mediation Officer, Attorney Noura Addad, representing the AWC at an OECD roundtable in March 2019 (C) Bernard J. Henry/AWC

We still need to find effective ways so that humanity can come together to solve global problems, that is, politics without borders. Prof. René Wadlow is President of the Association of World Citizens.

Yemen: Positive Action Still Needed

In Being a World Citizen, Conflict Resolution, Current Events, Humanitarian Law, Middle East & North Africa, NGOs, Spirituality, The Search for Peace, Track II, United Nations, War Crimes, Women's Rights, World Law, Yemen on April 16, 2023 at 9:07 AM

By René Wadlow

March 25 is the anniversary date of the start of 28 days on continued bombing of Yemen in 2015 by the Saudi-Arabia-led coalition (Bahrain, Egypt, Jordan, Kuwait, Morocco, Qatar, Sudan, United Arab Emirates helped by arms and “intelligence” from the USA and the UK). The aggression by the Saudi coalition turned what had been an internal struggle for power going on from the “Arab Spring” of 2011 into a war with regional dimensions which brought Iran into the picture. The role of Iran has been exaggerated both by the Iranian government itself and by those hostile to Iran. Nevertheless, the Iranian role is real.

Yemeni children play in the rubble of buildings destroyed in an air raid. (C) Peter Biro/European Union

Since the Association of World Citizens (AWC) had been following possible constitutional developments in Yemen after the 2011 change of government, a couple of days after the March 25, 2015 bombing, the AWC sent to governmental missions to the United Nations (UN) an AWC Appeal for four steps of conflict resolution and negotiations in good faith:

1) An immediate ceasefire ending all foreign military attacks;
2) Humanitarian assistance, especially important for hard-to-reach zones;
3) A broad national dialogue;
4) Through this dialogue, the establishment of an inclusive unity government open to constitutional changes to facilitate better the wide geographic- tribal structure of the State.

While the constitutional form of the State structures depends on the will of the people of Yemen (provided they can express themselves freely), the AWC proposes consideration of con-federal forms of government which maintain cooperation within a decentralized framework. In 2014, a committee appointed by the then President, Abdu Rabbu Mansur Hadi, had proposed a six-region federation as the political structure for Yemen.

Until 1990, Yemen was two separate States: The People’s Democratic of Yemen in the south with Aden as the capital, and the Yemen Arab Republic in the north with Sana’a as its capital. In 1990, the two united to become the Republic of Yemen. The people in the south hoped that the union would bring the economic development which had been promised. Since, even before the Saudi-led war began, there had been very little economic and social development in the south, there started to grow strong “separatist” attitudes in the south. People of all political persuasions hoped to develop prosperity by ending unification and creating what some have started calling “South Arabia” Today, these separatist attitudes are very strong, but there is no agreement on what areas are to be included in a new southern state, and the is no unified separatist political leadership.

Very quickly after March 25, 2015, many governments saw the dangers of the conflict and the possible regional destabilization. Thus, there were UN-sponsored negotiations held in Geneva in June 2015. The AWC worked with other nongovernmental organizations (NGO) so that women should be directly involved in such negotiations. However, women have not been added to any of the negotiations and are largely absent from any leadership role in the many political factions of the country. There have been UN mediators active in trying to get ceasefires and then negotiations. There have been some temporary ceasefires, but no progress on real negotiations.

Today, the war continues with the country’s fragmentation, continued internal fighting and impoverishment leading to a disastrous humanitarian crisis. There is a glimmer of possible conflict resolution efforts due to the recent mutual recognition of Saudi Arabia and Iran under the sponsorship of the People’s Republic of China. However, creating a national society of individuals willing to cooperate will not be easy. Regional divisions will not be easy to bridge. There have already been divisions within the Saudi-led Coalition. Thus, positive action is still needed. NGOs should seek to have their voices heard.

Prof. René Wadlow is President of the Association of World Citizens.

UN Highlights Rape as a War Weapon in Ukraine

In Being a World Citizen, Conflict Resolution, Current Events, Europe, Human Rights, Humanitarian Law, International Justice, NGOs, Solidarity, The former Soviet Union, The Search for Peace, UKRAINE, United Nations, War Crimes, Women's Rights, World Law on November 16, 2022 at 8:41 AM

By René Wadlow

Pramila Patten, the United Nations (UN) Human Rights Council Special Rapporteur on sexual violence in times of conflict reported mid-October 2022 that rape is increasingly used in the armed conflict in Ukraine as a weapon to humiliate and discourage the populations. There had been an earlier September 27 report to the High Commissioner for Human Rights setting out many of the same facts and calling for international action.

In the past, sexual violence had often been dismissed as acts of individual soldiers, rape being one of the spoils of war for whom rape of women was an entitlement. However, with the 2001 trials of war crimes in former Yugoslavia by the International Criminal Tribunal for ex-Yugoslavia, the first convictions of rape as a crime against humanity and violations of the laws or customs of war were handed down against Bosnian Serb soldiers. Bosnian Serb fighters were charged with mass rape and forced prostitution involving dozens of Muslim women and girls, some only 12 years old. The case had taken five years of investigations and more than 30 witnesses for the prosecution. The three soldiers being tried were given a sentence of 12 years imprisonment.

Since then, we have seen patterns of systematic rape become part of International Humanitarian Law, and since 2002 one of the crimes that can be prosecuted within the International Criminal Court. (1)

There have been reports of systematic rape in Ukraine since 2014 with the creation of the People’s Republics of Donetsk and Luhansk by both Ukrainian and separatist soldiers. However, little international attention was given to these reports. It is only with the invasion of Ukraine by Russian troops on February 24, 2022 that international attention has focused on reports of rape especially in areas that were for a time under the control of the Russian military or the militias of the two People’s Republics. (2)

Unfortunately, it would seem that the armed conflict in Ukraine will drag on. There are few signs of a willingness for a negotiated settlement. International Humanitarian Law moves slowly. Rape as a war weapon is used in other armed conflicts such as those in the Democratic Republic of Congo, Darfur, Sudan, and Syria. Strong nongovernmental pressure is needed to keep governmental and UN efforts going on.

Notes

1) For a good overview of both specific armed conflicts and the slow but steady international response, see Carol Rittner and John K. Roth (Eds), Rape: Weapon of War and Genocide (St. Paul, MN: Paragon House, 2012)

2) See Amnesty International “Ukraine 2021”: http://www.amnesty.org, Secretary-General’s Report, Organization for Security and Cooperation in Europe, http://www.osce.org

Prof. René Wadlow is President of the Association of World Citizens.

Women as Peacemakers

In Being a World Citizen, Conflict Resolution, Cultural Bridges, Human Rights, NGOs, Nonviolence, Solidarity, The Search for Peace, Track II, United Nations, Women's Rights, World Law on November 1, 2022 at 6:10 PM

By René Wadlow

Seeing with eyes that are gender aware, women tend to make connections between the oppression that is the ostensible cause of conflict (ethnic or national oppression) in the light of another cross-cutting one: that of gender regime. Feminist work tends to represent war as a continuum of violence from the bedroom to the battlefield, traversing our bodies and our sense of self. We glimpse this more readily because as women we have seen that ‘the home’ itself is not the haven it is cracked up to be. Why, if it is a refuge, do so many women have to escape it to “refuges”? And we recognize, with Virginia Woolf, that ‘the public and private worlds are inseparably connected: that the tyrannies and servilities of one are the tyrannies and servilities of the other.

Cynthia Cockburn, Negotiating Gender and National Identities

October 31 is the anniversary of the United Nations (UN) Security Council Resolution 1325 which calls for full and equal participation of women in conflict prevention, peace processes, and peacebuilding, thus creating opportunities for women to become fully involved in governance and leadership. This historic Security Council resolution 1325 of October 31, 2000 provides a mandate to incorporate gender perspectives in all areas of peace support. Its adoption is part of a process within the UN system through its World Conferences on Women in Mexico City (1975), in Copenhagen (1980), in Nairobi (1985), in Beijing (1995), and at a special session of the UN General Assembly to study progress five years after Beijing (2000).

Since 2000, there have been no radical changes as a result of Resolution 1325, but the goal has been articulated and accepted. Now women must learn to take hold of and generate political power if they are to gain an equal role in peace-making. They must be willing to try new avenues and new approaches as symbolized by the actions of Lysistrata.

Lysistrata, immortalized by Aristophanes, mobilized women on both sides of the Athenian-Spartan War for a sexual strike in order to force men to end hostilities and avert mutual annihilation. In this, Lysistrata and her co-strikers were forerunners of the American humanistic psychologist Abraham Maslow who proposed a hierarchy of needs: water, food, shelter, and sexual relations being the foundation (see Abraham Maslow, The Farther Reaches of Human Nature). Maslow is important for conflict resolution work because he stresses dealing directly with identifiable needs in ways that are clearly understood by all parties and with which they are willing to deal at the same time.

Addressing each person’s underlying needs means that one moves toward solutions that acknowledge and value those needs rather than denying them. To probe below the surface requires redirecting the energy towards asking “What are your real needs here? What interests need to be serviced in this situation?” The answers to such questions significantly alter the agenda and provide a real point of entry into the negotiation process.

It is always difficult to find a point of entry into a conflict. An entry point is a subject on which people are willing to discuss because they sense the importance of the subject and all sides feel that “the time is ripe” to deal with the issue. The art of conflict resolution is highly dependent on the ability to get to the right depth of understanding and intervention into the conflict. All conflicts have many layers. If one starts off too deeply, one can get bogged down in philosophical discussions about the meaning of life. However, one can also get thrown off track by focusing on too superficial an issue on which there is relatively quick agreement. When such relatively quick agreement is followed by blockage on more essential questions, there can be a feeling of betrayal.

Since Lysistrata, women, individually and in groups, have played a critical role in the struggle for justice and peace in all societies. However, when real negotiations begin, women are often relegated to the sidelines. However, a gender perspective on peace, disarmament, and conflict resolution entails a conscious and open process of examining how women and men participate in and are affected by conflict differently. It requires ensuring that the perspectives, experiences and needs of both women and men are addressed and met in peace-building activities. Today, conflicts reach everywhere. How do these conflicts affect people in the society — women and men, girls and boys, the elderly and the young, the rich and poor, the urban and the rural?

There has been a growing awareness that women and children are not just victims of violent conflict and wars −’collateral damage’ − but they are chosen targets. Conflicts such as those in Rwanda, the former Yugoslavia and the Democratic Republic of Congo have served to bring the issue of rape and other sexual atrocities as deliberate tools of war to the forefront of international attention. Such violations must be properly documented, the perpetrators brought to justice, and victims provided with criminal and civil redress.

I would stress three elements which seem to me to be the ‘gender’ contribution to conflict transformation efforts:

1) The first is in the domain of analysis, the contribution of the knowledge of gender relations as indicators of power. Uncovering gender differences in a given society will lead to an understanding of power relations in general in that society, and to the illumination of contradictions and injustices inherent in those relations.

2) The second contribution is to make us more fully aware of the role of women in specific conflict situations. Women should not only be seen as victims of war: they are often significantly involved in taking initiatives to promote peace. Some writers have stressed that there is an essential link between women, motherhood and non-violence, arguing that those engaged in mothering work have distinct motives for rejecting war which run in tandem with their ability to resolve conflicts non-violently. Others reject this position of a gender bias toward peace and stress rather that the same continuum of non-violence to violence is found among women as among men. In practice, it is never all women nor all men who are involved in peace-making efforts. Sometimes, it is only a few, especially at the start of peace-making efforts. The basic question is how best to use the talents, energies, and networks of both women and men for efforts at conflict resolution.

3) The third contribution of a gender approach with its emphasis on the social construction of roles is to draw our attention to a detailed analysis of the socialization process in a given society. Transforming gender relations requires an understanding of the socialization process of boys and girls, of the constraints and motivations which create gender relations. Thus, there is a need to look at patterns of socialization, potential incitements to violence in childhood training patterns, and socially-approved ways of dealing with violence.

The Association of World Citizens has stressed that it is important to have women directly involved in peace-making processes. The strategies women have adapted to get to the negotiating table are testimony to their ingenuity, patience, and determination. Solidarity and organization are crucial elements. The path may yet be long, but the direction is set.

Prof. René Wadlow is President of the Association of World Citizens.