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Peyman Farahavar, poète de la liberté en Iran : «Le poète a dit la vérité, il doit être exécuté»

In Being a World Citizen, Cultural Bridges, Current Events, Human Rights, Literature, Middle East & North Africa, Poetry, Religious Freedom, Solidarity, Spirituality on October 19, 2025 at 7:00 AM

Par Bernard J. Henry

«Le poète a dit la vérité, il doit être exécuté».

C’est ce que chantait Guy Béart en 1968, alors que la révolte politique grondait en France et ailleurs. Au départ inspiré pour sa chanson La vérité par l’une des premières anecdotes sur le dopage dans le cyclisme, Béart a élargi sa chanson à l’assassinat de John F. Kennedy, à la répression des écrivains en URSS et même au calvaire de Jésus-Christ, rendant hommage aux victimes du refus de la liberté d’expression et, in fine, se mettant lui-même en scène en tant que victime potentielle des «murmures» et des «tomates mûres» de son public qu’il voyait déjà, à son tour, l’exécuter ! Heureusement non, pas plus qu’après Les couleurs du temps l’année passée, chanson qui est pour moi un hymne personnel.

Aujourd’hui hélas, les autorités de l’Iran, où l’assassinat de la jeune Masha Jina Amini par les Gardiens de la Révolutions (Pasdaran) en septembre 2022 a fait naître des revendications de liberté sous le slogan «Femme, Vie, Liberté» qui, même réprimées, ne se sont jamais tues, semblent avoir pris ce refrain de Guy Béart au pied de la lettre puisqu’elles entendent précisément exécuter un poète, Peyman Farahavar.

De la part de la théocratie chiite de Téhéran, rivale par excellence de celle sunnite d’Arabie saoudite qui est aussi pour elle une solide concurrente en termes de violations des Droits Humains, rien de bien surprenant, certes. Qui croit tirer son pouvoir politique de la parole divine n’admet aucune œuvre de l’esprit humain. Pourtant, Peyman Farahavar a bien d’autres raisons, en fait toutes les raisons, de déplaire au régime des mollahs.

(C) Iran Human Rights

Trop croyant pour devenir théocrate

Quand une idéologie de libération fonde un système politique qui, lui-même, évolue ou plutôt dégénère en dictature, il y a toujours des gens qui, même soutenant le système, s’accrochent aux idéaux et aux principes de la libération rêvée en croyant les pérenniser par leur adhésion à l’institution. Certains resteront fidèles au système quoi qu’il arrive, persuadés de pouvoir le changer de l’intérieur par leur seule intégrité – et bien souvent voués à rester déçus –, tandis que d’autres, poussés au bout du dégoût, le quitteront s’ils le peuvent. Dans la défunte Tchécoslovaquie, un Alexander Dubček rêvant d’un «communisme à visage humain» avait tôt fait d’irriter les tenants moscovites d’un communisme répressif, puis de voir s’abattre sur son Printemps de Prague, en plein cœur de l’été, l’hiver des chars.

Promis à un avenir de mollah réprimant lui aussi son peuple, au nom d’un chiisme vidé de sa substance pour devenir l’instrument pérenne du totalitarisme, Peyman Farahavar s’y est refusé. Aux yeux du pouvoir de Téhéran, première faute.

A trente-sept ans, Peyman Farahavar, également prénommé Amin, originaire de la province de Gilan bordée par la Mer Caspienne et voisine de l’Azerbaïdjan, n’a pas toujours été le primeur de rue et père de famille comme tant d’autres qu’il est aujourd’hui. Comme le révèle IranWire, il était au départ séminariste. Comme son gouvernement, il avait fait de la religion et du culte des martyrs de la révolution islamique les piliers de sa vie. A la ville, il portait les robes des dignitaires chiites que la République islamique érige en aristocratie. A cette différence près que Peyman Farahavar, religieux dans l’âme, ne voyait pas le chiisme comme un instrument d’oppression.

Ecœuré par la manière dont les autorités de Téhéran avaient transformé la religion et la mémoire de la révolution en un «business», il s’était défroqué et avait abandonné sa vie cléricale pour devenir vendeur de rue, primeur spécialiste des fruits, travaillant chaque jour avec son frère pour gagner sa vie et nourrir son petit garçon de dix ans.

Il fustigeait désormais sans concession ces autorités qu’il en était venu à détester, s’opposant farouchement à l’oppression du peuple qu’il reprochait à ces gens auxquels son parcours le vouait au départ à ressembler. La robe des mollahs était devenue pour lui symbole de cette oppression. Pour lui, plus question de la porter encore, et l’enlever voulait dire rejeter non pas la religion, mais le régime qui se faisait oppresseur en son nom.

Devenu voix des sans-voix, Peyman Farahavar criblait sur ses réseaux sociaux «la supériorité autoproclamée du clergé chiite en Iran», ainsi que l’exploitation par le gouvernement «du sang et de la religion des martyrs». Il s’était indigné publiquement du sort de la jeune Mardak Maryaneh, jeune fille de seize ans qui, arrêtée et détenue, s’était suicidée après sa libération.

La prison, Peyman Farahavar allait la découvrir lui-même en mai 2022, avant que l’Iran ne résonne du slogan «Femme, Vie, Liberté». Arrêté une nouvelle fois le 18 août 2024 à Racht, capitale du Gilan, Peyman Farahavar fut détenu vingt-six jours au secret avant d’être transféré à la Section de sécurité de la Prison de Lakan, toujours à Racht. Avant même sa condamnation à mort, il allait bientôt être arraché violemment au monde des vivants.

Une poésie belle et forte à mourir

Dans des prisons iraniennes dont la réputation de barbarie n’est plus à faire, encore moins à ignorer, Peyman Farahavar n’avait aucune chance d’échapper au sort le plus barbare, dont les autorités, pénitentiaires et autres, comptaient sur le fait qu’il demeure aussi le sort le plus ignoré. Par bonheur, pari perdu.

Les sources d’IranWire évoquent des tortures si extrêmes qu’un jour, Peyman Farahavar en a perdu connaissance pendant vingt-quatre heures, mais aussi des saignements gastro-intestinaux persistants, des dérèglements lymphatiques provoquant des furoncles douloureux sur tout le corps, et pas le moindre traitement médical qu’il se voit constamment refuser. Au-delà du corps, l’esprit et le cœur souffrent aussi, de l’absence d’un fils auquel il n’est jamais permis de voir son père, ce qui serait voulu, poursuit IranWire, par une ex-belle-famille vindicative adossée aux Gardiens de la Révolution.

A bien y réfléchir, pourquoi les autorités ménageraient-elles Peyman Farahavar alors que, tout au contraire, elles s’acharnent sur lui pour des aveux ? A coups de «graves tortures psychologiques et physiques», elles exigent qu’il avoue. Avouer ? Mais quoi, au juste ? Qu’il aurait, comme l’en accusent les autorités, déclenché un incendie volontaire sur un chantier ? En pareil cas, Peyman Farahavar n’aurait pas été autant interrogé sur ses écrits, littérale obsession de ses geôliers.

«Le crayon sera sa clé, les feuilles son issue», chantait la regrettée Teri Moise dans Les poèmes de Michelle, son hommage aux enfants travailleurs en un temps où l’on n’en parlait encore que peu. Les Gardiens de la Révolution islamique, redoutables miliciens théocrates de Téhéran, ont bien compris que c’est aussi le cas de Peyman Farahavar, insupportablement libre même dans sa cellule, puisqu’ils se sont employés à détruire ses carnets de notes où figuraient ses poèmes, même lisibles de ses seuls codétenus, car c’était apparemment déjà trop.

Vivant de peu, suivi par seulement quelques centaines de personnes sur Instagram, Peyman Farahavar n’en a pas moins fait suffisamment peur à l’Etat, comme le relève IranWire, pour se retrouver frappé d’une peine de mort. Ces fameux Gardiens de la Révolution, il leur avait fait un sort dans un poème que l’un de ses anciens codétenus décrit comme «très implacable et très beau», lui qui se souvient de Peyman Farahavar comme d’un poète doué pour la satire contestataire et, surtout, pour l’improvisation, à tel point qu’il suffisait d ’ «attiser» en lui la verve poétique pour qu’elle explose en bouquets de vers subversifs d’un savoureux vitriol.

Rien ni personne n’était épargné parmi ce qui révoltait l’ancien mollah en devenir. Incendiaire, oui, il l’était sur la corruption enracinée dans les institutions, les questions liées à l’environnement, mais aussi la fierté culturelle de la population du Gilan. Peyman Farahavar fustigeait les ventes, devenues monnaie courante, de terres agricoles du Gilan à des Iraniens d’autres parties du pays, ainsi que le gaspillage des ressources naturelles de la province par les sociétés immobilières. Jaloux de son identité provinciale, il proclamait son admiration pour les héros locaux, dont Mirza Kuchik Khan, homme politique et chef militaire du début du vingtième siècle. Voix des sans-voix, remarque encore IranWire, Peyman Farahavar portait celle d’un peuple oublié, celle des pauvres, celle des villageois dont la souffrance n’intéressait pas Téhéran.

Pour les mollahs, voilà bien de quoi vouloir exécuter un poète, la peine prononcée contre Peyman Farahavar ayant été confirmée y compris par la Cour suprême iranienne le 24 septembre.

Ecrivez sa liberté

«A quoi sert une chanson si elle est désarmée ?», demandait Julien Clerc en 1993 dans Utile, citant une expression chilienne, «La chanson sans armes ne sert à rien, la chanson sans balles n’affronte pas le fusil». La chanson, Maurice Druon y voyait la «forme moderne de la poésie», bien que la forme traditionnelle n’ait jamais cessé d’exister. Dix ans avant Julien Clerc, Daniel Balavoine évoquait la torture d’un poète dans Frappe avec ta tête. Neuf ans auparavant encore, Michel Delpech ouvrait la voie en unissant poésie et chanson dans Rimbaud chanterait, imaginant un Arthur Rimbaud ayant vécu à cette époque et qui, là où le dix-neuvième siècle l’a vu poète, aurait été chanteur, «lui, l’homme fou, l’ami, le déserteur».

A quoi servait à Guy Béart de chanter La vérité en 1968 ? Les étudiants français en révolte contre le système savaient tout au moins à quoi leur servait la chanson, qu’ils entonnaient parfois dans leurs meetings face à un pouvoir politique en lequel ils voyaient un ultime censeur.

Aujourd’hui, le poète qui a «dit la vérité» se nomme Peyman Farahavar, et dans une illustration insupportablement littérale des vers de Guy Béart, Téhéran entend l’exécuter, sous des motifs fantoches, pour sa seule poésie. Une poésie qui n’a pas besoin de dire à quoi elle sert, car les actes parlent, comme les mots dérangent.

Même pour qui n’est pas poète, un langage poli et un ton décidé suffisent pour dire non au massacre d’un innocent. Il y a toujours une ambassade iranienne, ou bien une mission auprès des Nations Unies à New York, Genève ou Vienne, dans le pire des cas une délégation permanente à l’UNESCO, à contacter. Il serait dommage de priver d’un tel soutien Peyman Farahavar, ainsi que de s’en priver soi-même lorsque l’on peut écrire et dire la vérité sans craindre d’être, comme Téhéran le lui promet, exécuté.

Bernard J. Henry est Officier des Relations Extérieures de l’Association of World Citizens.

Roar Aloud

In Being a World Citizen, Cultural Bridges, Human Rights, Poetry, Solidarity, Spirituality, The Search for Peace on November 18, 2024 at 8:00 AM

By Prosperina Sarkar

Roar aloud, all of you
The oppressed and exploited of the world
Be you women or men, white or black,
Hindus, Muslims, Christians, or Buddhists,
Shatter the unequal systems of society.

Roar aloud, all of you
The persecuted and downtrodden of the world,
The deprived and helpless, both women and men,
Know that without protest,
Justice will never be yours.

Roar aloud, all of you
The free-thinking, the youth of open minds,
Establish humanity as the supreme virtue,
Destroy all superstitions and the barriers
of false religion.

Roar aloud, all of you
The wise, the virtuous, the principled and idealistic,
Break down the mountains of social divisions,
Crush the arrogance of society,
Ensure equal rights for all people.

Prosperina Sarkar, a native of Bangladesh, is a social worker, poet, and writer of books for children.

Missak Manouchian : A un grand homme, le Monde reconnaissant ?

In Armenia, Being a World Citizen, Current Events, Democracy, Europe, Fighting Racism, Human Rights, Literature, Middle East & North Africa, Poetry, Solidarity, The former Soviet Union, The Search for Peace, United Nations, World Law on February 21, 2024 at 7:00 AM

Par Bernard J. Henry

Aussi étonnant que cela puisse paraître à qui connaît mal le mouvement Citoyen du Monde, lorsqu’il s’est manifesté pour la première fois sous sa forme contemporaine pendant l’Assemblée générale de l’ONU au Palais de Chaillot, à Paris, en novembre 1948, ce fut sous la conduite de deux hommes qui avaient porté les armes de leurs pays respectifs, les Etats-Unis et la France, pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Pour les Etats-Unis, c’était bien sûr Garry Davis, acteur et danseur à Broadway qui rêvait d’une carrière à Hollywood. Après la mort au combat de son frère Bud à Salerno, en Italie, dévasté par le chagrin puis embrasé par le désir de vengeance, le jeune artiste était devenu pilote de bombardier dans l’U. S. Air Force et, désormais sous-lieutenant, il avait participé à un raid sur la base allemande de Peenemünde où officiait Wernher von Braun qui, après la capitulation de l’Allemagne nazie, a joué un rôle majeur dans le programme spatial américain. En 1948, pris de remords d’avoir contribué à détruire des villes et bombarder des civils, Davis choisira de se rendre à Paris pour renoncer à son passeport américain et se proclamer Premier Citoyen du Monde.

Pour la France, c’était Robert Soulage, dit Sarrazac, instituteur de formation. A l’occasion de son service militaire comme élève-officier de réserve, le jeune Soulage avait fait la connaissance du lieutenant Henri Frenay qui, après le départ de l’armée de Soulage en 1942, l’avait entraîné avec lui dans la Résistance où il était devenu Sarrazac. Arrêté en janvier 1944, il était parvenu à s’évader et, ayant réintégré la Résistance, il avait organisé les maquis puis participé à la Libération. En 1947, il sera parmi les fondateurs du Front humain des Citoyens du Monde.

C’est ensemble que les deux anciens soldats, à présent unis dans une cause sans nation ni drapeau et, surtout, sans arme ni victime, interrompront l’Assemblée générale de l’ONU pour y lire à haute voix la Déclaration d’Oran écrite par Albert Camus.

Traditionnellement synonyme de pacifisme inconditionnel et de refus des frontières nationales, même si c’est là un résumé bien sommaire et réducteur de ce qu’elle représente – et, si on l’applique à l’AWC, une description si simpliste de son action qu’elle en serait tout simplement inexacte –, la Citoyenneté Mondiale contemporaine est donc bien issue de la Seconde Guerre Mondiale, plus spécifiquement de la lutte contre le nazisme. C’est aussi le cas des Nations Unies, organisation intergouvernementale par excellence depuis 1945 mais, auparavant, alliance militaire contre l’Axe, née du suprême paradoxe historique qui faisait du patriotisme armé de l’instant présent la condition sine qua non de l’universalisme pacifiste de l’avenir.

Qui, à l’époque, pouvait prétendre avoir le choix ? Pour ne parler que de l’Allemagne hitlérienne, le danger du fascisme tel qu’il se manifestait à travers l’Europe depuis les années 1930 et, dans un monde en guerre, l’horreur qu’inspirait l’idée d’un Axe vainqueur et dominant le monde pour un millier d’années, comme en rêvait Adolf Hitler, imposait de prendre les armes et, au besoin, de se joindre à un rival dont l’on se méfiait, comme s’y étaient résignés Churchill et de Gaulle, voire à son pire adversaire idéologique, comme l’avaient fait Roosevelt et Staline, pour vaincre un ennemi commun et empêcher à tout prix sa victoire. Les frontières ne comptaient plus, qu’elles soient nationales, idéologiques ou autres, face au péril fasciste.

Ce 21 février 2024, en France, un pays où l’extrême droite n’a jamais été politiquement aussi forte depuis la Libération d’août 1944 invite au Panthéon, lieu symbolique où reposent les plus grandes gloires du pays, un homme et son épouse qui sont deux symboles des plus vibrants de la lutte antifasciste de cette époque – Missak et Mélinée Manouchian, membres actifs de la Résistance, le premier ayant été pour cela fusillé voilà très précisément quatre-vingts-ans aujourd’hui. Un hommage aussi mérité et bienvenu qu’il est tardif, et qui ne peut que nous rappeler qu’aucun hommage au passé ne vaut s’il n’en sort un acte de vigilance pour le présent et l’avenir, tant éloigné que plus proche.

Manouchian, mort pour la France – qui ne voulait pas de lui

Né en 1906 dans l’actuelle Turquie, alors le siège de l’Empire ottoman, le jeune Missak a neuf ans lorsque son père tombe les armes à la main dans la résistance arménienne au génocide qui vient de débuter. Poussé vers l’exil avec sa mère et ses frères, devenu vite orphelin, Missak se retrouve en orphelinat d’abord en Turquie puis au Liban, confié avec son frère Garabed à des enseignants arméniens.

C’est en 1924 qu’il débarque en France, y rejoignant Garabed à Marseille où ils travaillent comme ouvriers. L’année suivante, les deux frères s’installent à Paris, économisant jusqu’à pouvoir faire venir à leurs côtés leur frère Haïg depuis la Syrie. Après avoir été brièvement interné en psychiatrie après le décès de Garabed en mars 1927 qu’il ne parvient pas à surmonter, Missak Manouchian, admirateur des Encyclopédistes inspirateurs de la Révolution française, athlète et poète tout à la fois, rencontre la Confédération générale du Travail (CGT), syndicat historiquement lié au Parti Communiste Français (PCF) auquel il adhère en 1934, encore sous le choc de la tentative de coup d’Etat des ligues fascistes du 6 février à Paris.

Missak Manouchian

Dans le même temps, Missak Manouchian devient membre de la section française du Comité de secours pour l’Arménie (Hay(astani) Oknoutian Gomidé ; HOG) et y fait la connaissance d’une jeune femme, Mélinée Assadourian. En 1935, les deux jeunes gens sont élus à la direction du HOG et, l’année suivante, ils se marient – plus exactement, ils obtiennent un «certificat de coutume en vue de mariage» car ils sont, l’un et l’autre, apatrides. Après la dissolution du HOG en 1937 et jusqu’en 1939, le rôle militant de Missak Manouchian s’accroît au sein du PCF, et pour la première fois en France, le jeune survivant du génocide arménien rencontre la répression.

Début septembre 1939, depuis le pacte germano-soviétique signé le mois précédent, les députés du PCF sont interdits de siéger, le parti et ses organisations connexes sont interdits et ses cadres sont en prison. Arrêté le 2, veille de la déclaration de la guerre, Missak Manouchian, qui a tenté en 1933 de devenir français mais sans succès, est libéré le mois suivant et, toujours apatride, il rejoint comme engagé volontaire une unité militaire en Bretagne, demandant une nouvelle fois sa naturalisation en janvier 1940 et essuyant un nouveau refus.

Après l’armistice de juin 1940, Missak Manouchian est maintenu de force en usine dans la Sarthe. C’est en 1941 qu’il s’en enfuit pour revenir à Paris, où le militant communiste jadis arrêté sous la République à cause du pacte germano-soviétique l’est de nouveau, cette fois par les autorités d’occupation, peu après la rupture du même pacte par l’Allemagne nazie et son invasion de l’URSS le 22 juin. Emprisonné à Compiègne, il est libéré sans charge et retrouve Mélinée à Paris.

Mélinée Assadourian Manouchian

En 1943, Missak Manouchian, désormais Michel, devient membre des Francs-tireurs et Partisans – Main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI) de Paris, groupe de Résistance issu du PCF, où ses camarades sont pour l’essentiel des Juifs de Roumanie et de Hongrie ainsi que des Arméniens comme lui, quoique moins nombreux. En août, Michel Manouchian est promu Commissaire militaire de la Région parisienne des FTP-MOI, multipliant les actions contre l’occupant dans son secteur de juridiction en novembre. Mais le 16 au matin, la Police française, de longue date sur ses traces, l’arrête à la gare d’Évry Petit-Bourg avec son supérieur politique Joseph Epstein.

Torturé d’entrée, Michel Manouchian est traduit devant le Tribunal militaire allemand du Grand-Paris le 19 février 1944, lors d’un simulacre de procès mis en scène pour la presse collaborationniste qui se régale du lynchage de ceux de l’Affiche rouge, placardée à l’envi par les services de Vichy, reprenant les visages de Manouchian et des membres de son groupe, chacun y étant fustigé sur son origine étrangère et/ou sa judéité auxquelles sont accolés ses faits d’armes qualifiés d’«attentats», la question en haut de l’affiche «Des libérateurs ?» trouvant sa réponse en bas : «La Libération par l’armée du crime !».

L’Affiche rouge, recto-verso

Sans surprise, le tribunal condamne à mort vingt-trois des accusés. Et le 21 février 1944, à Suresnes, dans l’actuel Département des Hauts-de-Seine, au sein de la Forteresse du Mont Valérien, jadis symbole de la résistance du peuple français à l’armée allemande pendant la guerre de 1870 et, inéluctablement, sous contrôle ennemi depuis 1940, Michel Manouchian, qui a refusé d’avoir les yeux bandés devant le peloton d’exécution, tombe sous les balles du fascisme. Deux fois refusé à la naturalisation, Missak Manouchian, apatride né dans la communauté arménienne de l’Empire ottoman, mourait ainsi pour la France alors qu’elle n’avait jamais voulu de lui parmi les siens.

Le 11 avril, Joseph Epstein subira le même sort au même endroit.

En tout, ce sont plus d’un millier de combattants de la France Libre qui seront fusillés à la Forteresse du Mont Valérien. Le 18 juin 1960, Charles de Gaulle, général et chef de la France Libre devenu Président de la République en 1958, y inaugurera le Mémorial de la France Combattante. Chaque année à la même date, le chef de l’Etat français y retrouve les autorités locales pour un hommage au pied du sanctuaire orné d’une croix de Lorraine, symbole de la Résistance gaulliste, et d’une flamme entretenue jour et nuit dont il est écrit sur place que «la flamme de la Résistance ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas».

Le Mémorial de la France Combattante du Mont Valérien (C) Bernard J. Henry/AWC

En 1959, Léo Ferré, chanteur franco-monégasque aux idées anarchistes assumées, donc hostile tant au gaullisme qu’au communisme, met en musique les Strophes pour se souvenir de Louis Aragon parues quatre ans plus tôt, sous le titre L’Affiche rouge que reprendra en 1976 le cinéaste Frank Cassenti pour raconter sur grand écran l’histoire de Michel Manouchian et ses frères d’armes dans la Résistance. Malgré ces vibrants hommages artistiques, ce n’est qu’en novembre 1978 que la ville d’Ivry-sur-Seine, dans l’actuel Département du Val-de-Marne, érigera un monument à ceux de l’Affiche rouge et les y fera inhumer. Selon l’idéologie qui animait les Résistants français, toutes leurs mémoires ne se valaient pas.

Mélinée, veuve, biographe et gardienne de la mémoire

Quant à Mélinée, ayant d’abord pris la fuite avec l’aide d’une famille arménienne résistante de Paris, les Aznavourian, dont le fils Shahnourh deviendra plus tard le chanteur Charles Aznavour, elle poursuit la lutte au sein du milieu arménien de la Résistance. Après la Libération, elle publie un recueil des poèmes de feu son époux qu’elle a traduits de l’arménien.

En 1947, répondant à l’appel de l’URSS à ses anciens ressortissants pour venir œuvrer au repeuplement, elle part pour Erevan, capitale de l’Arménie soviétique, où elle enseigne le français. Mais son dégoût du stalinisme et un cancer mal soigné la poussent à vouloir revenir en France, ce qu’elle n’est autorisée à faire qu’en 1960 avec l’avènement de Nikita Khrouchtchev.

Première biographe de Missak Manouchian, elle consacrera sa vie à promouvoir sa mémoire et celle des Arméniens de la Résistance. Après une vive polémique dans les années 1980 avec la direction du PCF sur le rôle du parti dans la mise en danger de Missak Manouchian qu’elle avait alors cherché à protéger, Mélinée s’éteint en 1989. Inhumée à Ivry-sur-Seine près de son époux mais non avec lui, elle le rejoint finalement en 1994, cinquante ans après l’exécution au Mont Valérien.

Aujourd’hui, sur la décision du Président de la République française, Emmanuel Macron, c’est ensemble qu’ils entrent au Panthéon.

Une histoire personnelle

J’habite Suresnes depuis plus de quinze ans. Je suis né à Saint-Cloud, ville voisine, et suis originaire de Rueil-Malmaison, autre ville voisine, toutes deux situées en partie comme Suresnes et Nanterre sur le Plateau du Mont Valérien. L’histoire des fusillés de la forteresse occupée est dans ma vie depuis toujours. Si je ne suis pas arménien et n’ai pas une goutte de sang en commun avec Missak Manouchian, son histoire est aussi mon histoire, l’histoire de la France et, pour moi, une histoire personnelle.

Pendant l’Occupation, une partie de ma famille maternelle habitait Nanterre, et en cette époque de bruit urbain autrement moins important qu’aujourd’hui – amoindri plus encore par les restrictions de circulation des autorités allemandes – lorsqu’une exécution avait lieu au Mont Valérien, les coups de feu s’entendaient jusque chez eux, sur le Plateau. Pour ces immigrés du nord de l’Italie, eux aussi membres de la Résistance alors que certains n’avaient jamais pu obtenir la nationalité française du temps de la Troisième République, c’était aussitôt la pensée qu’un jour, peut-être, ce serait leur tour de se retrouver devant les fusils.

Même ceux d’entre eux qui étaient toujours italiens avaient porté les armes pour la France. Non mobilisés en 1939 puisque n’étant pas citoyens français, mais sujets du Royaume d’Italie qui vivait depuis octobre 1922 sous la terreur fasciste de Benito Mussolini, c’est pourtant vers l’armée qu’ils se sont tournés en octobre 1940, lorsque Rome a rejoint son allié allemand dans la guerre contre la France. Désormais ressortissants d’un État ennemi, ils se voyaient déjà soit internés dans un camp, l’un de ces camps d’étrangers créés par le gouvernement issu du Front populaire à partir de 1938, soit déportés vers cette Italie qu’ils avaient fuie. Unanimement, ils se sont engagés dans l’armée française où leur origine italienne leur a valu d’être versés dans les Chasseurs alpins pour aller, à la frontière sud-est du pays, tirer sur leurs compatriotes. Prisonniers de guerre, certains n’obtinrent finalement la nationalité française qu’en 1953, huit ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Et aucune décoration que je sache.

Durant son «procès» devant le Tribunal militaire allemand du Grand-Paris, Missak Manouchian a jeté à la face de ses juges «La nationalité française, vous l’avez héritée, et nous, nous l’avons méritée». Mes proches ancêtres à moi l’ont eue, au risque même de leurs vies, et pourtant, les Français qui l’ont «héritée» ne se sont jamais privés de leur faire remarquer qu’ils étaient au départ des étrangers. Entre qui voulait seulement défendre sa terre ancestrale passée sous la botte de l’ennemi héréditaire s’étant montré plus fort au combat et qui voulait défendre le pays incarnant à ses yeux une idée, une liberté et presque un droit, tout le monde en France n’avait pas rejoint la même Résistance.

L’histoire de Missak Manouchian et de ceux de l’Affiche Rouge, c’est aussi mon histoire à moi, celle de la migration ouvrière et de la résistance au fascisme par-delà les nationalités et les idéologies. L’histoire du pays qui envoie aujourd’hui même le couple Manouchian reposer parmi ses plus grands mais qui, ne serait-ce qu’à travers ses dirigeants, à coups de lois sur la migration à forte teneur xénophobe et de discours «de patience malvenue», comme le chante Louis Chedid dans Anne ma sœur Anne, affirme de plus en plus fort que les héritiers politiques des Français qui ont collaboré avec l’occupant allemand ne sont pas plus dangereux que ceux des Résistants, au risque de leur offrir bientôt le pouvoir et leur permettre y compris d’anéantir, ne serait-ce que de décharner, l’histoire de la Résistance au-delà de celle de Français n’ayant cherché qu’à chasser de chez eux un ennemi étranger, sans forcément dire non à une forme de fascisme «maison» à la place.

Tout le monde en France n’a pas, comme moi, la Résistance en héritage familial. Dans d’autres familles, c’est au contraire la collaboration avec l’Allemagne nazie qui forme le passif, ou bien encore l’absence de choix d’un camp, peut-être au profit du seul impératif de survie. Une chose est sûre toutefois : le pays où nous vivons, cette France libre et démocratique, c’est bel et bien l’œuvre des Manouchian, de Robert Sarrazac et de leurs camarades de la Résistance, ce n’est pas l’État français du Maréchal Pétain auquel auraient succédé les Quatrième puis Cinquième République, comme en Espagne où la monarchie a succédé au franquisme même sans en poursuivre les politiques fascistes, à l’inverse du Portugal voisin où la Révolution des Œillets avait marqué une rupture claire et nette avec le salazarisme. Renier ou minimiser l’héritage de la Résistance, le reléguer en quelque façon au rang de passé révolu tout juste digne de la cave ou du grenier, pour chaque Française ou Français, c’est scier la branche où l’on est assis.

Comment dès lors, et surtout pourquoi, chercher à honorer dans le passé ce que l’on démonétise dans le présent ? Les honneurs rendus aux Manouchian sont-ils le premier pas vers un changement plus qu’attendu, celui du retour aux «leçons de l’histoire» chères à Elie Wiesel et George Santayana, ou bien un solde de tout compte avant de dire pour de bon que la France d’aujourd’hui ne doit plus rien à la Résistance ?

Le monde reconnaissant ?

Bien sûr, la politique de l’oubli ne touche pas que la France. Avec Donald Trump, les Etats-Unis avaient eux aussi cédé à la tentation d’oublier les grands combats de leur histoire, qu’il s’agisse de la Guerre de Sécession ou de l’héroïsme des G.I. en Normandie voilà quatre-vingts ans, et le risque existe toujours de voir, en novembre prochain, un retour à ce choix de l’oubli après quatre ans d’administration démocrate. En Italie, les héritiers politiques de Mussolini ont conquis le pouvoir. En Argentine, un candidat d’inspiration semblable, Javier Milei, a pris la présidence, et aux Pays-Bas, le parti populiste de Geert Wilders a lui aussi remporté une majorité parlementaire mais sans pouvoir quant à lui former un gouvernement. Dans l’ancien monde communiste, la Hongrie, le Belarus et bien sûr la Russie se distinguent comme les plus tragiques exemples de l’abandon d’un extrême pour verser dans son opposé. La liste n’étant hélas pas exhaustive.

Les derniers témoins de la Seconde Guerre Mondiale, en ce compris de la Shoah en Europe, disparaissent. Ce temps était voué à arriver un jour ou l’autre. Mais leurs souvenirs, leurs récits, leurs mises en garde pour le présent, leurs avertissements pour l’avenir sont aussi nombreux qu’ils sont éternels. Que les témoins de l’horreur rejoignent le monde qui attend chacune et chacun au bout de l’existence, rien que de très normal. Mais qu’ils le fassent en un temps où leur héritage se voit si méprisé, voire dans certains cas contesté, cela ne peut que résonner comme un assourdissant signal d’alarme.

A Paris, le Panthéon porte en son fronton l’inscription «Aux grands hommes la Patrie reconnaissante», reliquat d’un temps où les femmes n’étaient pas jugées dignes de cette reconnaissance. Ce n’est qu’en 1995, avec Marie Curie, qu’une femme fut enfin admise au Panthéon, du moins pour ses mérites, la toute première ayant été, en 1907, Sophie Berthelot, l’épouse du chimiste Marcellin Berthelot qui n’avait fait que suivre le sort de son mari.

Le Panthéon à Paris (C) Guilhem Vellut

Parmi ces «grands hommes» et donc aussi désormais «grandes femmes» reposent déjà d’autres figures de la Résistance. En 1964, André Malraux y accueillait un autre ancien Résistant, légendaire préfet cadre puis martyr de la France libre, par ces mots devenus eux aussi légendaires, «Entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège», André Malraux qui rejoignit à son tour le Panthéon en 1996, où il prenait place aux côtés de deux autres figures de la Résistance, Félix Éboué et René Cassin, père de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. En 2015, quatre autres Résistants intégraient la crypte sacrée de la République – Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion et Jean Zay.

Ce n’est pas que «la Patrie», comme l’appellent les Français du haut du Panthéon, qui peut et doit leur être reconnaissante ainsi qu’aux Manouchian. C’est un monde qui, tout entier, jusqu’aux confins de la Cordillère des Andes dans une Amérique latine qui n’a jamais vu la Seconde Guerre Mondiale sur son sol, a été façonné par la lutte contre le fascisme et tout ce qu’elle a produit après la victoire.

Tout d’abord, la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, promue par Cassin aux côtés d’Eleanor Roosevelt et que Garry Davis qualifiait, bien optimiste, de «reconnaissance politique de l’être humain». Ensuite, l’idée qu’il n’existait aucune raison pour qu’une partie du monde continue à s’approprier comme dans les temps anciens la terre, la population, les ressources et le travail de peuples en habitant d’autres, ce qui amena la fin du colonialisme occidental.

Enfin, le principe fondamental, mais si violemment bousculé depuis le début de la décennie, que la guerre de conquête et l’extermination de masse ne se justifient pas même par la guerre, ni dans les Sudètes, en Tchécoslovaquie ou en Pologne à l’époque, ni en Syrie, en Ukraine ou en Israël et dans les Territoires palestiniens aujourd’hui.

Le soldat français tué en tentant de défendre un village en mai 1940, le soldat anglais tué sur son sol natal lors du Blitz allemand, le soldat soviétique tué par la Wehrmacht dans l’ouest de la Russie après la rupture par Hitler de son pacte avec Staline, le soldat américain tué le 6 juin 1944 sur une plage de Normandie, le Résistant ou partisan tué au combat en France, en Italie ou ailleurs, tous ces héros inconnus et qui le resteront, tous méritent la reconnaissance. Mais aujourd’hui, Missak Manouchian est mis à l’honneur par celui des cinq Membres permanents du Conseil de Sécurité qui fut à la fois le plus meurtri en son territoire et le plus actif au combat contre l’Axe durant la Seconde Guerre Mondiale. C’est là un acte qui est tout autant à saluer qu’à interroger.

Quel exemple, quelle leçon, entend en tirer la France aux Nations Unies et dans sa politique étrangère – mais aussi, car le besoin en est réel, intérieure ? Quel engagement solennel, quel acte de vigilance pour l’avenir proche et lointain, viendra valider cet hommage au passé ? Quelle reconnaissance de la France, mais aussi du monde, à Missak Manouchian, «grand homme» à partir d’aujourd’hui, et à Mélinée Manouchian qui rejoint ainsi Simone Veil et Joséphine Baker, sortira de cette canonisation laïque si elle n’est un pur vœu pieux ?

La réponse se trouvera dans notre aptitude à, et/ou notre volonté de, savoir délaisser les congratulations officielles pour embrasser l’esprit et, c’est là que le mot convient le mieux, la lettre de ce qu’écrivait Missak, ou Michel, Manouchian dans son poème «Privation» :

«Quand j’erre dans les rues d’une métropole,

Toutes les misères, tous les dénuements,

Lamentation et révolte l’une à l’autre,

Mes yeux les rassemblent, mon âme les loge».

A Paris, au Quartier Latin, nous verrons passer Manouchian depuis son éternité, errant dans les rues de la métropole, et ses combats, nous les ferons nôtres. Ou bien, à Paris et partout dans le monde, enchaînés de plein gré dans notre ingratitude envers ces combats qui écrivirent toute son histoire, toute la nôtre, toute celle du monde, nous perdrons tout.

Bernard J. Henry est Officier des Relations Extérieures de l’Association of World Citizens.

Caresse Crosby: A World Citizen’s Passionate Years

In Being a World Citizen, Cultural Bridges, Europe, Literature, Poetry, The Search for Peace, United States on April 22, 2023 at 8:22 AM

By René Wadlow

Caresse Crosby (April 20, 1891 – January 24, 1970) was one of the more colorful figures of the early world citizens movement, heading the World Citizen Information Center in Washington, D. C. Her autobiography The Passionate Years was first published in 1953 and more recently republished by the Southern Illinois University Press in 1968. The Southern Illinois University Library holds her papers.

Most of The Passionate Years concerns Caresse Crosby’s life in Paris as the publisher of the Black Sun Press, at the center of the United States (U. S.) writers living in Paris in the 1920s – what has been called the Lost Generation – Ernest Hemingway, Ezra Pound, F. Scott Fitzgerald, Archibald MacLeish. She had moved to Paris in 1922 from Boston with her then husband, Harry Crosby. Harry Crosby was a nephew of J. P. Morgan, the banker. Harry had a short-term job at the Paris branch of the Morgan Bank, but he was not interested in banking and had a reasonable income from a trust fund. Thus, he started a small publishing house to publish in fine but limited editions books of his own poems and those of his friends. Harry Crosby was always preoccupied with the idea of death, having seen it closely as a medical worker in France during the last part of the First World War. Hence the name of Black Sun, a symbol of death overcoming the light of the Sun for the publishing house. On a trip back to New York in 1929 in what may have been a suicide pact, Harry Crosby first shot a woman friend and then himself with her in his arms. (1)

Caresse stayed on in Paris to continue the Black Sun publishing house, opening it also to French writers she liked such as Antoine de Saint-Exupéry. In 1936, seeing the clouds of tensions growing in Europe, she moved back to the USA, living in New York City and Washington, D. C. It was at this time that she began promoting the idea of world citizenship to counter the narrow nationalism she had seen firsthand in visits to Italy and Germany.

Right at the end of the Second World War, she wanted to create a Center for World Peace at Delphi, Greece – a place of inspiration from the Greek gods. However, the Greek Government still weak from the German occupation and the anti-Communist civil war did not want such a center with an ideology that it did not understand. The Greek Government refused the visas. Caresse then moved the idea to Cyprus and created the World Man Center with a geodesic dome designed by Buckminster Fuller, who had become her lover at the time. Cyprus, then under British control, was somewhat out of the way for the sort of visiting writers, painters, and intellectuals that Caresse usually attracted. Thus, she bought a castle north of Rome, the Castello di Rocca Sinibalda, and established an artists’ colony for young artists. She divided her time between this Rome area and her New York and Washington quarters.

For Caresse Crosby, World Citizenship was an aesthetic rather than a political concept, but she did plant seeds in the minds of people largely untouched by geopolitical considerations.

Caresse Crosby and her whippet, Clytoris (1922, author unknown)

1) See Geoffrey Wolff, Black Sun: The Brief Transit and Violent Eclipse of Harry Crosby (New York: New York Review of Books, 2003).

Prof. René Wadlow is President of the Association of World Citizens.

Woody Guthrie: This Land Is My Land And I Won’t Let Them Take It Away

In Arts, Being a World Citizen, Current Events, Human Rights, Migration, Poetry, Social Rights, Solidarity, United States on July 14, 2022 at 8:39 PM

By René Wadlow

This land is your land, this land is my land, from California to the New York island,

From the redwood forest to the Gulf Stream waters,

this land was made for you and me.

Woodrow Wilson Guthrie (1912-1967) whose birth anniversary we note on July 14, was the voice of the marginalized, especially those hit by the drought in the west of the USA during the late 1920s-early 1930s – what has been called the “dust bowl”.

Many lost their farms due to unpaid bank loans, and others moved to the greener pastures of California where they were not particularly welcomed. However, nearly all were United States (U. S.) citizens and they could not be deported to another country.

A dust storm in Texas, 1935

Times have changed. Today, there are the homeless who would like to reach the USA. There has been a good deal of media attention given to those at the frontier, including those who have died trying to reach the USA.

Less media attention has been given to those living in the U. S. and who are being deported to their “home country” although some have been living in the U. S. since childhood and could sing “This land is my land.”

A large number of persons, an estimated three million, were deported during the 8-year presidency of Barack Obama with relatively little attention given except by specialists. The more flamboyant speeches of former President Trump have awakened more people to the issue of deportation and the conditions in which people are held prior to deportation.

Those in danger of deportation are not organized in a formal way. The U. S. trade union movement is a weak organizational force whose membership has vastly declined. In practice, trade unions never fought to protect “illegal” foreign workers even when trade unions were stronger. There are legitimate, non-racist concerns that an influx of immigrants will lower wage rates and overburden welfare services. These non-racist concerns join in with the noisier, racist voices.

Opposition to deportation has come largely from religious-spiritual groups stressing human dignity and using places of worship as sanctuaries in which to house people in danger of deportation. This sanctuary movement began in the early 1980s to provide safe havens for Central American refugees fleeing civil armed conflicts. Obtaining refugee status and asylum in the U. S. was difficult. Some 500 congregations joined the sanctuary movement to shelter people based on the medieval laws which protected church building against soldiers. Other congregations used the image of the Underground Railroad which protected runaway slaves prior to the Civil War.

There is now a new sanctuary movement started in the Age of Trump, focused on the protection of undocumented families from the newly created police of the U. S. Immigration and Customs Enforcement (ICE). Woody Guthrie would no doubt lend his singing voice to help those in danger of deportation as he did for the farmers and workers of the 1930s.

Prof. René Wadlow is President of the Association of World Citizens.

Velimir Khlebnikov (November 9, 1885 – June 28, 1922): The Futurian and World Citizen

In Being a World Citizen, Cultural Bridges, Literature, Poetry, Spirituality, The former Soviet Union, The Search for Peace on November 9, 2020 at 1:02 PM

By René Wadlow

Let Planet Earth be sovereign at last. Planet Earth alone will be our sovereign song.

Velimir Khlebnikov.

Velimir Khlebnikov was a shooting star of Russian culture in the years just prior to the start of the First World War. He was part of a small creative circle of poets, painters and writers who wanted to leave the old behind and to set the stage for the future such as the abstract painter Kazimir Malevich. They called themselves “The Futurians”. They were interested in being avenues for the Spirit which they saw at work in peasent life and in shamans’ visions; however, the Spirit was very lacking in the works of the ruling nobility and commercial elite.

As Charlotte Douglas notes in her study of Khlebnikov “To tune mankind into harmony with the universe – that was Khlebnikov’s vocation. He wanted to make the Planet Earth fit for the future, to free it from the deadly gravitational pull of everyday lying and pretense, from the tyranny of petty human instincts and the slow death of comfort and complacency.” (1)

Khlebnikov wrote “Old ones! You are holding back the fast advance of humanity. You are preventing the boiling locomotive of youth from crossing the mountain that lies in its path. We have broken the locks and see what your freight cars contain: tombstones for the young.”

The Futurian movement as such lasted from 1911 until 1915 when its members were dispersed by the start of the World War, the 1917 revolutions and the civil war. Khlebnikov died in 1922 just as Stalin was consolidating his power. Stalin would put an end to artistic creativity.

The Futurians were concerned that Russia should play a creative role in the world, but they were also world citizens who wanted to create a world-wide network of creative scientists, artists and thinkers who would have a strong impact on world events. As Khlebnikov wrote in his manifesto To the Artists of the World We have long been searching for a program that would act something like a lens capable of focusing the combined rays of the work of the artist and the work of the thinker toward a single point where they might join in a common task and be able to ignite even the cold essence of ice and turn it to a blazing bonfire. Such a program, the lens capable of directing together your fiery courage and the cold intellect of the thinkers has now been discovered.”

The appeal for such a creative, politically relevant network was written in early 1919 when much of the world was starting to recover from World War I. However, Russia was sinking into a destructive civil war. The Futurians were dispersed to many different areas and were never able to create such a network. The vision of a new network is now a challenge that we must meet.

Note

1) Charlotte Douglas (Ed.) The King of Time: Velimir Khlebnikov (Cambridge, MA: Harvard University Press, 1985)

Prof. René Wadlow is President of the Association of World Citizens.

Rabindranath Tagore: Grace and Beauty Within Your Soul

In Asia, Cultural Bridges, Poetry, Spirituality, The Search for Peace on May 7, 2019 at 10:56 PM

By René Wadlow

To mark the May 7 birth anniversary of the poet Rabindranath Tagore (1861-1941) we highlight the song-poems of the Bauls that Tagore structured both as words and music.  Today, much of the Baul music and especially the work of the leading 19th-century folk-poet Lalon Fakir are known through their preservation by Tagore.

Why do you keep looking for the Man of the Heart

in the forests, in solitude?

Turn your attention this time

to the grace and beauty within your soul.

So begins one of the songs of Lalon Shah, also known as Lalon Fakir among the Hindus of Bengal − Shah being a Muslim Sufi title. His date of birth is not recorded, but he died in 1890 as an old man having composed thousands of short songs (often four or eight lines) passed down orally from disciple to disciple.  Only a small number of his songs have survived as such, as many Baul singers add to or modify songs by intuition or in response to current events.  More of Lalon’s songs are known through the efforts of Rabindranath Tagore (1861-1941), Bengal’s great poet and social reformer.  Lalon Shah lived in a village on land which belonged to the Tagore family. Rabindranath Tagore as a young man spent time visiting villages on his family’s estates to understand better village life. Later in 1922, Tagore created a center for rural development and reform Sriniketan alongside an innovative school Santiniketan started in 1901 where Tagore hoped  that “the young and the old, the teacher and the student, sit at the same table to take their daily food and the food of their eternal life.”  Bauls were always welcomed to sing in the courtyard of Santiniketan, and the students spread knowledge of Baul rural culture to more elite and urban Bengali society.

Who are the Bauls?  The Bauls are a class − some would say a sect − of minstrels, wandering singers of mystic songs, though today with the socio-economic changes in Bengal (both West Bengal, India and parts of Bangladesh) many Bauls have settled rural homes and a minority have followed the rural to urban flow of populations.  The Bauls today number around half a  million persons living usually on the edges of larger settlements. Those who continue to follow a Baul way of live  together under the guidance of a spiritual preceptor and are initiated into their function of singer-teacher-mystic through rituals of initiation.

However, the Bauls, other than this original initiation, do not have set rituals, temples or priests.  Those who are active minstrels (many drop out in order to follow more conventional ways of living) have no personal possessions other than a single garment, often saffron in color, a reminder of a period, prior to the 13th century arrival of Islam. The Bauls represent an earlier pre-Islamic Bengali current of thought which later influenced Buddhism in Tibet and has many similarities with the Yin/Yang balance of forces found in Chinese Taoism.

Lalon Shah, by his talent and by the interest in his songs taken by Tagore, is the outstanding representative of Baul teaching. In his songs, he tears down the barriers of caste and creed, the walls that separate humans. As he sang:

            If you circumcise him, he becomes a Muslim,

            Then what is the rule for women?

            I recognize the Brahman by his sacred thread,

            Then how do I recognize a Brahmani?

For Lalon, as with the Baul tradition, the Kingdom of God is within. There are no temples but that of the body of each person.  Life is a continuous interior search in which intuition awakens the Spirit.  Within the body, especially the heart, the Laws of Nature are known. The Baul exercises are partly based on the concept of the Kundalini − a fire within the body which can be activated by the control of breath and dance-like motions.  These exercises awaken the Spirit and become ‘Living Wisdom’ within each person.  Wisdom aims at the good life.  It involves intuition, feelings and conscience.

For the Bauls, what we may call the Divine (for lack of a better concept) is reflected in the beauty of Nature and all created things.  The moon holds a special place. As the Lelon song states:

            By great good luck one may see that moon.

            It has no dark spots.

            In it lies the golden abode of the Unknowable.

            In the world of the moon there is no play of day or night.

Today, the Bauls are looked down upon by the more legalistic Muslims of Bangladesh or thought of only as “folk singers”.  However, their search for the inner person, for the indwelling light has a message for each of us.

*

Notes

For anthropology studies based on field work see:

Jeanne Openshaw, Seeking Bauls of Bengal (Cambridge University Press, 2002)

June McDaniel, The Madness of the Saints: Ecstatic Religion in Bengal (University of Chicago Press, 1989)

Edward  Dimroch, The Place of the Hidden Moon  (University of Chicago Press, 1966)

For translations into English of Baul songs and their philosophical context see:

Deben Phattacarya, Songs of the Bards of Bengal (Grove Press, 1989)

Charles Capwell, The Music of the Bauls of Bengal (Kent State University Press, 1986)

*

Prof. René Wadlow is President of the Association of World Citizens.

Khalil Gibran: The Foundations of Love

In Being a World Citizen, Cultural Bridges, Literature, Middle East & North Africa, Poetry, The Search for Peace on December 18, 2018 at 7:26 AM

By René Wadlow

Life without love is like a tree without blossom and fruit. And love without beauty is like flowers without scent and fruits without seed… For Love is the only flower that grows and blossoms without the aid of seasons… Love is a rose, its heart opens at dawn.”

Khalil Gibran (1883-1931) the Lebanese poet, whose birth anniversary we mark on January 6, in many ways represents the deeper spirit of Lebanon though he lived most of his life outside the country: in Paris as an art student and in the USA where he started to write directly in English. His best known book The Prophet was written directly in English.

In “My Birthday”, written in Paris on January 6, 1908 Gibran wrote “Thus have I walked round the sun twenty and five times. And I know not how many times the moon has encircled me. Yet I have not unveiled the secrets of life, neither have I known the hidden things of darkness… Much have I loved in these five and twenty years. And much that I have loved is hateful to people, and much that I have hated is by them admired… I have loved freedom, and my love has grown with the growth of my knowledge of the bondage of people to falsehood and deceit… Love is the only freedom in the world because it so elevates the spirit that the laws of humanity and the phenomena of nature do not alter its course.”

In a vision that was correct, he added in the 1908 birthday essay “And today, today I stand in remembrance as a tired wayfarer who stands mid-way on the ascending road.” He died in 1931 at the age of 48. (1)

For Gibran, Love and Beauty are the foundations of existence. As he wrote in an essay which gave the title to the book “A Tear and a Smile” Then my heart drew near to wisdom, the daughter of Love and Beauty, saying ‘Give me wisdom that I may carry it to humankind’. She answered ‘Say that happiness begins in the holy of holies of the spirit and comes not from without.

A Tear and a Smile sums up well Gibran’s attitude toward life which is always made up of contrasts: light and dark, knowledge and doubt.

How beautiful is life, beloved.
Tis like the heart of a poet,
Full of light and spirit,
How harsh is life, beloved
Tis like an evildoer’s heart
Full of guilt and fear.

In “The Hymn of Man”, nearly a credo of his views, he stresses the ‘both/and’ of contrasts:

I have hearkened to the teachings of Confucius and listened to the wisdom of Brahma, and sat beside the Buddha beneath the tree of knowledge. Behold me now contending with ignorance and unbelieving.

I have borne the harshness of insatiable conquerors, and felt the oppression of tyrants and the bondage of the powerful. Yet I am strong to do the battle with the days.

I was,
And I am.
So shall I be to the end of Time.
For I am without end.

(1) Quotations are from Khalil Gibran A Tear and A Smile. Translated from the Arabic by H.M. Nahmad (London: William Heinemann, 1930)

Painting: Age of Women by Khalil Gibran

Prof. René Wadlow is President of the Association of World Citizens.

Day of Mother Earth – April 22

In Being a World Citizen, Environmental protection, Human Development, Human Rights, Poetry, The Search for Peace, United Nations, World Law on April 22, 2017 at 9:25 AM

DAY OF MOTHER EARTH – APRIL 22

By René Wadlow

The United Nations (UN) General Assembly in 2009 through resolution A/RES/63/278, under the leadership of the Plurinational State of Bolivia, designated April 22 as the International Mother Earth Day. The Day recognizes a collective responsibility, set out in the 1992 Rio Declaration, to promote harmony with Nature so as to achieve a just balance among economic, social and ecological needs of the present and future generations.

In traditional Indian culture, according to texts as early as the Vedas, the Earth is home to all living species that inhabit it and must not be excluded as they all contribute to the planet’s welfare and preservation. Therefore, human beings must contribute to the web of life of which they are a part and find ways of using the elements to produce food without damaging other life forms as far as possible.

World Citizens stress that Earth is our common home and that we must protect it together. Loss of biodiversity, desertification, and soil loss – all are signs that there must be renewed efforts to develop socio-economic patterns that are in harmony with Nature.

World Citizens highlight that the protection of Mother Earth is a task in which each of us must participate. However, there have always been traditions that stressed that a more enlightened group of humans would come to show the way. One tradition was among the Natives of North America. The more enlightened were thought of as “The Rainbow Warriors” – the warrior being one who protects rather than one who goes abroad to attack others. Nicola Beechsquirrel recalls this tradition in her poem, a tribute to Mother Earth.

 

The Rainbow Warriors

Nicola Beechsquirrel

Come, all who ever loved our Earth

Who lived in peace amongst her creatures

Gentle, loving, caring folk

With healing hands, and wisdom in your souls.

Come, incarnate once more

Come to Earth in her greatest need.

Help us rid her of her burdens

Cleanse her of all poisons

Close up the deep sores on her sacred body

And cover it once more in soft green.

Walk amongst us again

That we may relearn ancient skills

And long-forgotten wisdom

And tread lightly upon our Mother Earth

Taking from her only what we need

Living her ways in love and joy

Treating her creatures as equals.

Teach us how to reach those who exploit her

How to open their souls to the beauty of Life

That they may destroy no longer.

Come to us, Rainbow Warriors

Share with us your wisdom

For we have great need of it.

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Prof. René Wadlow is President of the Association of World Citizens.

With the Worlds Inside, Turning Exhilarating Life …

In Poetry on September 19, 2011 at 7:18 PM

WITH THE WORLDS INSIDE, TURNING EXHILARATING LIFE …

 

By Lida Sherafatmand

AWC Artist for Peace

 

 

As the worlds turn inside,

The world of hell,

Where we want to die,

 

The world of hunger,

Where we don’t get enough,

 

The world of animality,

Where we fear

The stronger ones who bully,

The jungle of animals,

 

The world of anger,

Where we fight for supremacy

With aggression we move,

 

The world of tranquility,

Where we laze passive,

 

The world heaven,

Where we enjoy desires satisfied,

Our houses bought, our jobs given,

 

The world of learning,

Where we search meanings,

Knowledge to learn and discover,

But we get lonely there,

 

The world of realization,

Where we find wisdom

Reach insights,

But we get lost in intellect,

 

The world of compassion

Where we feel the pain of others,

Do all to help,

But lose energy and sink with those who suffer,

 

The world of holiness,

Where we feel freedom inside,

Happiness in the realities

Of daily life,

A flow of pure life force or consciousness;

 

When in leadership

The holiness world

Leads the right sides of the other worlds:

 

In the world of hell,

We understand the pains

And sufferance of people;

 

In the world hunger,

We drive for a better the world;

 

In the world of animality,

We strife to protect the weak;

 

In the world of anger,

We fight for justice;

 

In the world of tranquillity,

We regain our energies;

 

In the world of heaven,

We exhilarate being alive;

 

In the world of learning,

We learn from everyone;

 

In the world of realization

We digest our experiences;

 

In the world of compassion,

We devote ourselves

For the happiness of all,

 

In the world of holiness

We reach the core of life,

That harmony and force

Which keeps us alive,

Brings together the other nine worlds inside,

To lead and to live…

 

In the ten worlds inside,

What travel we do,

What turnings we lead,

 

In the ten worlds inside,

Let’s keep the holy world

The leader of all inside,

For all the ten worlds, to turn alive

Exhilarating happiness

Exhilarating life…

 

With the worlds inside,

Turning exhilarating happiness,

Exhilarating life…

 

 

Lida Sherafatmand

June 2011