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Il faut sauver Le Kef, la ville au cœur de la Tunisie qu’on oublie

In Africa, Being a World Citizen, Current Events, Human Rights, Middle East & North Africa, NGOs, Solidarity, Track II, United Nations on July 18, 2021 at 8:21 AM

Depuis un an et demi, la pandémie de Covid-19 ravage la terre entière. Le coronavirus ne connaît aucune frontière, il se moque des limites entre États-nations tracées par l’être humain, il frappe partout où il le peut, comme il veut, quand il veut. Dans nombre de pays, les mesures-barrières préconisées par l’Organisation mondiale de la Santé sont appliquées de manière stricte : port du masque, distanciation physique, lorsque ce ne sont pas confinement et couvre-feu. Dans d’autres pays, hélas, les dirigeants ont choisi, pour de pures raisons politiques, d’ignorer le danger, et dans de tels pays, le peuple l’a payé cher mais aussi, bien souvent, les chefs d’État eux-mêmes.

En Tunisie, la première vague du début d’année 2020, causée par la souche originelle de Wuhan, avait été gérée de manière raisonnable. Aujourd’hui, le variant Delta submerge le système de santé, dépourvu d’équipement et de personnel, jusqu’aux vaccins de tous types, créant ainsi une véritable catastrophe sanitaire nationale et offrant à la Tunisie le triste record du taux de mortalité lié à la Covid-19 sur tout le continent africain.

A travers le monde, Tunis a fait appel à sa diaspora. Celles du Canada, de Belgique et de France ont répondu présentes. Mais pour tout le soulagement que leur aide apporte au pays, leur seule intervention sera loin de suffire pour sauver la Tunisie de ce péril imminent.

Et quand bien même. Pour l’heure, l’aide apportée se concentre sur les grandes villes de la Tunisie, que ce soit Tunis la capitale ou Kairouan, Sousse, Hammamet, les grandes villes mais aussi celles que l’étranger connaît le mieux, celles que les touristes aimaient visiter avant la pandémie.

Le monde sait qu’il faut soigner la Tunisie qu’il connaît. C’est bien. A présent, il lui faut soigner aussi la Tunisie qu’on oublie.

Au premier rang des villes oubliées du secours, il y a Le Kef, cette ville de montagne adossée à l’Algérie. Déjà oubliée de Tunis depuis même l’ère Bourguiba, aujourd’hui, Le Kef se débat avec une situation sanitaire devenue intenable. Le seul hôpital de la ville est submergé de patients qu’il ne peut traiter, et face au variant Delta, les mesures de restriction devenues habituelles que sont confinement et couvre-feu ne suffiront pas.

Tant de la diaspora que des autorités sur place, une mobilisation en oxygène et en vaccins au moins égale à celle en faveur des grandes villes est indispensable au Kef. Recueillir de l’aide en masse est bien sûr essentiel, mais sans une répartition équitable, jamais cette aide ne sera suffisante. Ecarter une partie du pays de la solidarité internationale ne pourra qu’avoir des conséquences incalculables. Les blessures ainsi causées s’avéreront sans nul doute encore plus longues et difficiles à soigner que la pandémie. Déjà aux prises avec un héritage introuvable de la révolution de 2011, la Tunisie prend peut-être la direction d’un chaos qui aura raison y compris de la raison.

«Et quiconque sauve un seul homme, c’est comme s’il avait sauvé tous les hommes», dit le Coran. Les autorités politiques actuelles de la Tunisie sont venues au pouvoir en mettant l’Islam au cœur de leurs aspirations politiques. Pourquoi alors n’appliqueraient-elles pas ce principe ? Sauver tous les Tunisiens, n’est-ce pas d’abord sauver un seul Tunisien, quelle que soit la région du pays d’où il vient ?

Depuis le début de ce nouvel épisode de crise, les ambassades tunisiennes à travers le monde reçoivent et centralisent l’aide médicale et humanitaire. A présent, il appartient à leurs supérieurs à Tunis, à l’Etat dont ces diplomates tirent leurs ordres, de veiller à la bonne et due utilisation du soutien mondial à la Tunisie. Et ce soutien n’aura de valeur et d’efficacité que s’il n’oublie personne, notamment pas Le Kef, l’oubliée par excellence au cœur de sa montagne. S’il le chante avec ironie dans Noé, c’est au sens littéral que Tunis doit désormais entendre ces paroles de Julien Clerc :

«Il ne sauve rien,
Celui qui ne sauve pas tout»
.

* * *

Prof. René Wadlow
Président

Bernard J. Henry
Officier des Relations Extérieures

Cherifa Maaoui
Officier de Liaison,
Afrique du Nord & Moyen-Orient

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