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OMS : Nuages de tempête sur la Covid-19

In Current Events, NGOs, Solidarity, The Search for Peace, United Nations, United States, World Law on July 16, 2020 at 9:24 PM

Par René Wadlow

 

Les conséquences étendues de la pandémie de Covid-19 ont conduit à l’analyse des préparatifs et des actions au niveau local, national et international. Nous n’aborderons ici que le niveau international et en particulier les discussions concernant l’Organisation mondiale de la santé (OMS) des Nations Unies. Les efforts de l’Union européenne et des différents pays européens méritent également l’attention.

L’OMS a été créée sur la base de l’Organisation de la santé de la Société des Nations, établie en 1923 et qui a fonctionné jusqu’en 1939. Il y a aussi l’expérience du Bureau panaméricain de la Santé qui avait débuté en 1902. Le siège de l’OMS se trouve à Genève, et il y a eu une coopération datant de l’époque de la Ligue avec le Comité international de la Croix-Rouge ainsi qu’avec des fondations privées s’occupant de santé comme la Fondation Rockefeller. Aujourd’hui, la Fondation Bill et Melinda Gates joue un rôle important dans le financement des projets et de la recherche en matière de santé mondiale.

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L’OMS est entrée en vigueur en avril 1948, lorsque les 26 États requis ont ratifié. Le Canadien Brock Chrisholm a été le premier directeur général et a donné à l’organisation sa réputation de forte direction de la part du Secrétariat. Ce leadership fort a été transmis aux bureaux régionaux semi-autonomes de l’OMS. Le Docteur Gro Harlem Brundtland, ancienne Première Ministre de Norvège devenue Directrice générale en 1998, est un exemple de cette forte tradition de leadership. Un dirigeant fort peut s’employer à éloigner la politique de l’organisation de son travail technique et peut attirer l’attention sur des questions spécifiques.

Les 194 membres de l’OMS sont censés donner un pourcentage spécifique du budget global, connu sous le nom de “contributions obligatoires”, selon une formule conçue en fonction de la capacité de paiement du pays. En outre, il existe des “contributions volontaires” qui servent généralement à financer des projets ou des campagnes sanitaires spécifiques, comme la lutte contre le VIH/SIDA, la distribution de vaccins et les soins de santé maternelle.

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Au moment de la création de l’OMS, d’autres agences spécialisées des Nations Unies et de l’ONU dans son ensemble, les États-Unis d’Amérique (USA) avaient l’économie la plus forte et leur territoire n’avait pas été directement endommagé par la Seconde Guerre mondiale. La contribution des États-Unis est donc élevée, tout comme l’ont été les contributions volontaires du gouvernement américain et les fondations privées américaines.

Les finances donnent le pouvoir politique, à la fois pour influencer les programmes et pour “mettre un veto” à certains efforts tels que les efforts de contrôle des naissances. Les finances donnent également une influence sur la sélection du personnel. Telle est la réalité de la vie des organisations internationales. Si nous examinons l’histoire des agences spécialisées des Nations Unies, nous constatons que les États-Unis, l’URSS, le Japon et, de plus en plus, la Chine ont utilisé leur pouvoir politico-économique pour tenter d’influencer le travail des agences des Nations Unies, parfois en coulisses, parfois plus ouvertement.

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Le 15 mars dernier, l’émission humoristique “120 Minutes” de la Radio Télévision Suisse (RTS) parodiait avec talent Georges Brassens pour montrer plusieurs professionnels (chanteur, organisateur de fêtes et joueur de hockey sur glace, suivis d’un prêtre catholique dans son église déjà presque vide habituellement) attristés d’être devenus, à cause de la crise du coronavirus, “Sans public”.

L’actuel président des États-Unis, Donald Trump, n’est pas un acteur “en coulisses”. Sa décision de refuser le financement américain à l’OMS en attendant une révision de la gestion par l’OMS de la pandémie de coronavirus est inopportune et pourrait sérieusement compromettre l’effort de coopération mondiale nécessaire. Cette première menace a été suivie le 29 mai 2020 lorsque le président Trump a annoncé que “nous mettrons fin aujourd’hui à nos relations avec l’OMS”. Il a toutefois ajouté que le financement américain serait réorienté vers d’autres efforts de santé publique.

Les critiques américaines sapent l’autorité de l’actuel directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus qui avait été Ministre des Affaires Étrangères de l’Éthiopie. Son élection a été activement soutenue par la Chine, et pour ses détracteurs, il est trop favorable aux postes chinois. Toutefois, son expérience de Ministre des Affaires Étrangères a montré qu’on ne peut pas critiquer en public les États puissants.

Après chaque grand défi dans le passé, l’OMS a eu une analyse de ses réponses. Ainsi, les États membres de l’OMS participant à l’Assemblée annuelle de cette année, qui se tient virtuellement, ont adopté par consensus une résolution demandant instamment une étude indépendante des réponses de l’OMS au coranavirus. La résolution proposée par l’Union européenne appelle à une “évaluation impartiale, indépendante et complète” des réponses de l’OMS. De telles évaluations ont lieu après chaque effort majeur de l’OMS. Cette fois, plus de personnes seront attentives aux résultats. L’OMS, comme toutes les grandes institutions multi-étatiques, a ses faiblesses à la fois administratives et dues à l’influence politique des États.

D’où la nécessité d’observations et de propositions non gouvernementales fortes. Ce renforcement des efforts non gouvernementaux pourrait être l’une des conséquences positives de la pandémie.

Le Professeur René Wadlow est Président de l’Association of World Citizens.

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